Les "supercellules" inquiètent les météorologues européens: la Belgique va-t-elle être touchée par ce violent phénomène climatique ?
Les orages supercellulaires sont une conséquence des fortes chaleurs qui ont secoué l’Europe cet été.
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- Publié le 28-08-2023 à 16h15
- Mis à jour le 28-08-2023 à 16h23
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Aujourd’hui, le terme “supercellule” revient beaucoup quand on parle de la météo actuelle en Europe. Mais comment expliquer ces orages plus conséquents que d’habitude et parfois également bien plus destructeurs ?
Qu’est-ce qu’un orage supercellulaire ?
Les orages supercellulaires sont des phénomènes violents de grande ampleur qui nécessitent plusieurs conditions pour avoir lieu, comme l’explique Pascal Mormal, météorologue à l’IRM. Il faut d’abord un conflit de masses d’air très chaud et d’air froid, créant une instabilité atmosphérique qui va générer un courant ascendant. Ensuite, il faut un cisaillement de vent (NDLR. différence de la vitesse ou de la direction du vent entre deux points suffisamment proches dans l’atmosphère). La chaleur et l’humidité vont également jouer.
Tous ces éléments constituent un cocktail explosif qui engendre “des orages très violents”. De plus, à l’intérieur d’une supercellule, la masse d’air du nuage est mise en rotation, créant un tourbillon qui peut parfois donner naissance à des tornades. La Belgique en a d’ailleurs déjà connu, comme en 2021 à Beauraing, où plus de 90 habitations ont été touchées et 10 ont été rendues inhabitables. De plus, il peut également entraîner “de fortes chutes de grêle et des rafales”.
Le climat qu’a connu l’Europe a rendu le continent particulièrement favorable à ces supercellules, qui portent ce nom en raison de leurs dimensions colossales. L’air froid du nord de l’Europe, ayant rencontré l’air chaud du sud, a entraîné de nombreuses intempéries non sans conséquences, comme en France, en Slovénie ou en Italie.
”La Méditerranée donne de l’énergie supplémentaire à ces orages”
Dans les prochains jours, plusieurs pays d’Europe vont être durement frappés par ce phénomène météorologique. Mais faut-il s’attendre à une récurrence des supercellules ? Difficile à dire, selon Pascal Mormal qui se veut prudent face à la volatilité des conditions météorologique et le “manque de recul pour déterminer si ce phénomène est en hausse”.
Mais il est indéniable que la chaleur que connaît le sud de l’Europe ne va pas aider : “On est dans une situation qui est assez idéale, qui prédispose quelque part à avoir des orages particulièrement puissants, dont l’orage de référence, le supercellulaire”, explique-t-il. “Ce qui est un peu à craindre par rapport au fait qu’on a des températures très élevées cette année, c’est que la Méditerranée est particulièrement chaude donc elle donne de l’énergie supplémentaire au phénomène.”
Cela risque d’entraîner de très grosses précipitations, “en particulier dans les régions du pourtour méditerranéen, comme les Cévennes ou les Pyrénées-Orientales”. La raison ? La masse d’air chaud va à la rencontre des montagnes et entraîne ensuite les précipitations. On appelle cela un épisode Cévenol, qui ne risque pas trop de toucher la Belgique mais bien les arrière-pays méditerranéens.
Un autre point que Pascal Mormal redoute est la puissance d’un orage supercellulaire : “Ils ont une durée de vie longue donc ça veut dire que ce sont des orages qui peuvent parfois donner des très importantes quantités de précipitations.”
La Belgique en danger ?
D’après le météorologue, on peut observer une augmentation significative de ces phénomènes depuis 30 à 40 ans. “D’après nos chiffres, on peut quand même considérer que ce n’est pas négligeable. Ces pluies intenses liées à des phénomènes orageux ont souvent lieu en été”, ajoute-t-il.
”Ce qu’on peut dire aussi, c’est qu’une atmosphère plus chaude peut contenir davantage de vapeur d’eau. Ça ne veut pas dire qu’il va pleuvoir tout de suite mais, quand cette vapeur va arriver à saturation, elle va entraîner des précipitations plus importantes”, développe Pascal Mormal.
Il ne va pas pour autant pleuvoir plus fréquemment, bien au contraire : “On peut estimer qu’il va pleuvoir moins souvent mais, quand il pleuvra, ce sera plus intense. Un réchauffement de 1° peut mener à des précipitations 8 % plus intenses.”
Concernant la menace d’inondations, le météorologue nuance. Il existe différentes inondations. “Il y a des inondations qui peuvent être ponctuelles, liées à un orage très puissant ou à des ciels orageux très importants. Ce sont souvent des inondations qui vont avoir une survenue assez brève en quelques dizaines de minutes comme ça s’est passé vendredi”. Ensuite, il y a les inondations qui vont durer plus longtemps mais monter plus progressivement, à l’opposé des premières qui sont “très brutales par leur intensité”. Les pluies brèves ont donc plus tendance à entraîner des situations catastrophiques.
”Ce que les études semblent indiquer c’est qu’on aura de plus en plus souvent des périodes sèches intenses mais qui pourront être entrecoupées ponctuellement par des grosses pluies très brutales qui pourront causer des gros problèmes”, conclut le météorologue.
Été indien ou hiver précoce ?
Le météorologue prend la question avec des pincettes. Mais “il y a quand même une tendance qui semble indiquer avec beaucoup de prudence que les premiers jours voire les deux-trois prochaines semaines à partir de vendredi, vont globalement être plutôt marquées par un temps favorable”, rassure-t-il. On ne doit pas s’attendre à la fin de la pluie mais à des conditions plus douces “voire chaudes pour la période”, comme ce week-end où la température va grimper jusqu’à 24° là où Bruxelles a été habituée à un temps de 20° à cette période.
Ces conditions perdureront a priori pendant les deux ou trois premières semaines du mois de septembre. Pour la suite, octobre et novembre sont incertains mais les prévisions et les tendances indiquent que “le mois le plus médiocre sera probablement le mois de novembre avec un flux océanique ouest avec en conséquence pas mal de précipitations.”