Quatre écoles francophones se préparent à vivre une "rentrée numérique" inédite
- Publié le 06-06-2019 à 13h43
- Mis à jour le 09-07-2019 à 18h19
:focal(445x325:455x315)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MVU3ZAUHPVAULPQKYZETLX6OIQ.jpg)
EducIT, ASBL fondée par deux entrepreneurs à succès, veut favoriser l’intégration du numérique à l’école.Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete partagent de nombreux points communs. Outre qu’ils sont amis depuis dix ans, ces deux Bruxellois sont ingénieurs civils (en construction pour l’un, en mathématiques appliquées pour l’autre) de l’UCLouvain. Ils auraient pu faire carrière comme profs de maths, matière qui les passionne tous les deux. C’est toutefois dans le monde de l’entreprise qu’ils ont effectué leur parcours professionnel jusqu’ici. Avec succès. Philippe Van Ophem, 48 ans, a déjà créé et revendu deux start-up (Euremis et myShopi). Idem pour Daniel Verougstraete, 45 ans, avec OpenHR et RetailDrive. La logique aurait voulu qu’ils se lancent dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. "Ce n’était ni la volonté de Daniel, ni la mienne de se relancer dans un projet purement business", explique Philippe Van Ophem, membre fondateur de BeCentral, le campus numérique bruxellois créé en 2017.
C’est d’ailleurs à BeCentral, dont la mission première est de donner des formations dans le domaine du numérique (le codage, en particulier), que les deux amis se sont mis autour d’une table, voici un peu plus d’un an, pour bâtir ce qui allait devenir l’ASBL EducIT (avec "IT" comme "Information Technology"). "Un autre point qui nous unit est le fait d’avoir chacun quatre enfants, sourient-ils. On peut vous assurer qu’ils sont très bons pour jouer sur Fortnite ou utiliser Instagram. Par contre, pour le maniement d’outils numériques a priori moins ludiques (du type PowerPoint, Excel, Google Sheets, etc., NdlR), c’est autre chose !"
Le point de départ d’EducIT et du projet "Rentrée numérique" est là. Actuellement, constatent les deux entrepreneurs spécialisés dans l’IT, les jeunes francophones qui terminent l’enseignement secondaire n’ont pas une maîtrise suffisante des outils et des applications numériques de base. "Malgré certaines initiatives, la Fédération Wallonie-Bruxelles est à la traîne. Il est urgent de réagir, avec pragmatisme et réalisme", plaident les deux fondateurs d’EducIT.
Un accueil positif
MM. Van Ophem et Verougstraete se sont inscrits dans le droit fil du Pacte d’excellence dont l’un des objectifs est de favoriser l’enseignement des savoirs et compétences de la société du XXIe siècle. Ils se sont aussi inspirés du premier baromètre "Éducation et Numérique" réalisé l’an dernier par l’Agence wallonne du numérique et selon lequel les enseignants doivent être au cœur du développement du numérique à l’école. Fort de ses deux lignes directrices, ils sont allés à la rencontre des différents acteurs du monde de l’enseignement secondaire : directions d’écoles, enseignants, représentants des réseaux (Segec, Cepeons, Wallonie-Bruxelles Enseignement, etc.), Fondation pour l’Enseignement… Des contacts ont aussi eu lieu avec le cabinet de la ministre Marie-Martine Schyns (CDH). "Les réactions ont été positives et tout le monde s’est montré motivé à l’idée de soutenir notre démarche." Démarche, insistent-ils, qui vise à apporter un "changement systémique" en mettant les outils numériques au service des apprentissages et du plaisir d’apprendre.
Aujourd’hui, EducIT est passée de la phase de la réflexion, et d’une expérimentation menée avec une vingtaine de professeurs à la phase de concrétisation. Ainsi, en septembre, quatre écoles connaîtront une "rentrée numérique" tout à fait inédite (dont les "modalités pratiques" sont expliquées ci-dessous). "Pour démarrer, on a fait le choix de cibler des classes de 4e secondaire en sélectionnant quatre écoles représentatives des différents types d’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles", expliquent MM. Van Ophem et Verougstraete. On retrouve des établissements de l’enseignement général, du technique et professionnel, du libre et de l’officiel. Les écoles sont situées à Bruxelles (Woluwe-Saint-Pierre), Gembloux, Dinant et Verviers.
Un projet inclusif
Dans chaque école, il fallait qu’au moins 70 % des profs donnent leur aval pour participer au projet. Des séances d’information ont par ailleurs été organisées pour les parents. Environ 130 ordinateurs portables ont déjà été livrés dans deux écoles. "Dans le cadre de cette première phase, on va toucher 220 profs et 700 élèves de 4e secondaire. Ils auront tous droit à un Chromebook (ordinateur portable qui tourne sur le système d’exploitation ChromeOS, avec des applications et des données qui résident dans le cloud - NdlR) . C’est essentiel pour que tout le monde soit mis sur un même pied."
L’ambition d’EducIT est de multiplier les "rentrées numériques" au fil du temps. "On aimerait ajouter dix écoles supplémentaires en septembre 2020. Et ainsi de suite." L’objectif est aussi d’accompagner les enseignants et les élèves, qui auront pris part au projet pilote, en 5e et 6e secondaires. "L’ambition est qu’à la sortie de sa rhéto, un élève soit capable d’utiliser les outils numériques de base qui lui permettront de travailler seul ou en équipe, avec un esprit critique."