Le métier de prof n’a jamais attiré autant de jeunes qu’aujourd’hui
À l’heure de la rentrée pour les élèves de l’enseignement maternel, du primaire et du secondaire, on parle beaucoup de la pénurie d’enseignants.
Publié le 02-09-2019 à 06h58 - Mis à jour le 02-09-2019 à 07h30
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À l’heure de la rentrée pour les élèves de l’enseignement maternel, du primaire et du secondaire, on parle beaucoup de la pénurie d’enseignants. Le problème est sérieux. Il complique fameusement l’organisation des classes, n’épargnant quasiment aucun réseau, aucune région, aucun métier. Du coup, une fausse idée se répand parfois selon laquelle le métier de prof n’attire plus les jeunes. Raison pour laquelle on réclame, d’urgence, que cette carrière soit revalorisée.
Davantage d’étudiants inscrits
Les chiffres que La Libre a pu se procurer auprès de l’Ares (l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur) disent clairement tout le contraire. Entre septembre 2008 et juin 2018 en Fédération Wallonie-Bruxelles, le nombre d’inscrits a augmenté dans la quasi-totalité des formations pédagogiques qui conduisent aux métiers de l’enseignement.
La hausse la plus spectaculaire concerne celles et ceux qui veulent donner cours dans l’enseignement secondaire supérieur (+ 43 % !) Mais le secondaire inférieur et le primaire ne sont pas boudés. Seule la voie vers une carrière d’institutrice ou d’instituteur préscolaire est moins empruntée.
Au total, les inscriptions des filières pédagogiques ont donc grossi de 16 %. Il semble bien que ce ne soit pas là qu’il faille chercher l’origine de la pénurie. Dans la difficulté de décrocher un diplôme, alors ?
L’offre grimpe mais la demande aussi
Sur les mêmes dix années, le nombre total de diplômés a également progressé, même si c’est dans une moindre mesure (+ 7 %).
À nouveau, c’est le groupe des futurs profs du secondaire supérieur qui s’étend le plus, avec pas moins de 57 % de diplômés supplémentaires. Il est suivi par la cohorte des futurs instituteurs du primaire (+1,6 %). Seuls les accès vers le secondaire inférieur et les carrières préscolaires sont moins fréquents.
“Je pense que les phénomènes de pénurie dans l’enseignement ne trouvent pas leur origine dans l’offre d’enseignants”, commente Julien Nicaise, administrateur de l’Ares. “On oublie trop de regarder du côté du nombre d’enseignants demandés par les écoles. Avec moins de dix élèves par équivalent temps plein dans l’enseignement secondaire, l’enseignement francophone est l’un des plus généreux d’Europe sur cet indicateur.” Les écoles ont besoin de beaucoup d’enseignants (plus que leurs homologues européens) pour combler toutes les options qu’elles proposent. “C’est une première piste de solution.”
Dans le même sens, on évoque souvent le boom démographique des élèves. “Leur nombre a augmenté de 7 % entre 1998 et 2018”, réplique Julien Nicaise. “Mais la Fédération Wallonie-Bruxelles a pris des mesures pour renforcer l’encadrement en maternelles, en primaires et au début des secondaires. Du coup, sur la même période, le nombre d’équivalent temps plein a augmenté de 11 %.” Le nombre d’enseignants a donc grossi nettement plus rapidement que le nombre d’élèves.
Et de conclure en mettant le doigt sur le principal levier d’action. “Il faut surtout réfléchir au devenir de ces diplômés. Resteront-ils dans l’enseignement ?” D’où l’urgence de continuer à travailler sur les conditions de travail et d’accompagnement des enseignants, afin d’éviter que quatre d’entre eux sur dix continuent à abandonner le métier dans les cinq premières années de leur pratique.
