Un texte inédit définit ce que l’enfant de maternelles doit savoir

Ce premier référentiel, valable pour toutes les écoles, confirme l’écriture à la main.Pour la première fois en Fédération Wallonie-Bruxelles, figure noir sur blanc, dans un gros document de 89 pages valable pour l’ensemble des écoles, ce qu’un enfant doit apprendre, et à quel moment, en première, deuxième et troisième maternelles. Le Référentiel des compétences initiales approuvé par la commission des référentiels vient d’être envoyé à la commission de pilotage du système éducatif dont l’avis est attendu prochainement au Parlement pour être débattu, avant que le gouvernement puisse lui donner le feu vert définitif.

D’octobre à juin prochain, les enseignants du maternel auront une solide formation axée sur le document qui sera d’application dès la rentrée scolaire 2020-2021.

Qui dit "attendus" dit évaluation

Sept grands domaines d’apprentissage ont été définis pour l’ensemble du tronc commun préconisé par le Pacte d’excellence (1). Dans le référentiel de l’enseignement maternel, les bases de chacun sont jetées, sauf pour les langues modernes (l’éveil aux langues doit faire l’objet d’un autre document) et pour le cours de religion ou morale. "C’est sans objet, il n’y a aucun attendu à ce propos en maternelles", commente la ministre Marie-Martine Schyns (CDH). Seule l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté figure dans le document pour le quatrième domaine d’apprentissage.

Pour chaque matière abordée, des contenus sont définis en termes de savoirs, de savoir-faire et de compétences, et des attendus sont précisément exprimés pour la fin de la deuxième puis de la troisième année. Ce sera bientôt le cas, aussi, pour les autres années qui doivent constituer le tronc commun (lire l’épinglé ci-contre).

Qui dit "attendus" pose évidemment la question de l’évaluation. Le concept d’évaluation formative est clairement préconisé. "Les attendus listés sont des repères, lit-on dans le document. Les élèves de l’école maternelle sont en pleine construction de leurs apprentissages et une maîtrise incomplète des attendus ne doit pas conduire automatiquement au recours à des intervenants extérieurs ou à une décision de maintien (NdlR : de redoublement), mais plutôt à une adaptation des stratégies d’accompagnement dans la classe, dans l’école."

Écrire à la main : oui !

Prenons le cas concret de l’écriture. Sans même parler d’écrire sans faute, le fait d’écrire lui-même pose parfois question. Parce qu’il apparaît que les jeunes écrivent (entendez : forment des lettres) de moins en moins bien. Et parce que la question de savoir s’il faut surfer sur cette tendance pour renoncer à l’écriture cursive revient par à-coups dans l’actualité.

Rien, en Fédération Wallonie-Bruxelles, ne prend en tout cas ce chemin. En première et deuxième maternelles, on attend de l’enfant qu’il "s’initie à l’écriture de son prénom et à l’écriture inventée, avec un outil scripteur". "Garder des traces personnelles en utilisant un outil scripteur et exprimer une idée personnelle en écriture inventée" figurent bien parmi les compétences attendues en fin de troisième.

Le geste d’écrire sur un papier conserve toute son importance et fait partie intégrante de l’accent mis sur le français, langue de scolarisation, pour les petits. Il intervient même avant toute notion d’orthographe puisque l’écriture inventée (l’enfant "écrit" comme il pense) est pratiquée.

Utiliser les écrans : attention…

Impossible de détailler ici chaque rubrique. Notons, pour conclure, deux détails marquants. D’abord, une compétence qui revient en force : chanter ou utiliser collectivement un instrument de musique est dans la liste des compétences requises.

Enfin, une mise en garde relevée dans la partie consacrée aux sciences et techniques : "Les élèves peuvent être sensibilisés aux potentialités offertes par les outils numériques. Toutefois, il convient de les utiliser avec prudence compte tenu de leurs dangers potentiels en cas d’usage excessif." Ceux qui craignaient que le clavier ou l’écran remplacent le crayon peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

(1) 1° Français, arts et culture. 2° Langues modernes. 3° Mathématiques, sciences et techniques. 4° Sciences humaines et éducation à la philosophie et à la citoyenneté, religion ou morale. 5° Éducation physique, bien-être et santé. Puis 2 compétences transversales : 6° Créativité, engagement et esprit d’entreprendre. Et 7° Apprendre à apprendre et à poser des choix.