Vers une annulation totale des examens? Voici ce que les acteurs de l'enseignement redoutent le plus

Si le confinement devait se prolonger au-delà du 3 mai, les examens seront remplacés par des heures de cours.

CEB
©Jean-Luc Flémal

Si le confinement devait se prolonger au-delà du 3 mai, les examens seront remplacés par des heures de cours.

Si le confinement devait se prolonger au-delà du 19 avril, les épreuves de certification externes que représentent le CEB (sixième primaire), le CE1D (deuxième secondaire) et le CESS (sixième secondaire) seront annulées. Les examens et évaluations internes risquent de l’être également. C’est en tout cas ce que souhaitent les associations de parents (Fapeo et Ufapec) ainsi que la CSC-Enseignement et la CGSP-Enseignement.

"Plusieurs scénarios sont à l’étude concernant la réouverture des écoles, sur base des décisions futures du Conseil de sécurité. Si les écoles ouvrent le 20 avril, les semaines de confinement seront facilement rattrapables en aménageant un peu les dernières semaines de cours. Mais si les élèves rentrent après le 3 mai, il faudra supprimer les épreuves externes et les examens internes au profit de l’évaluation continue. De cette manière, on pourra récupérer les jours normalement consacrés aux examens pour rattraper le retard. Les professeurs devront alors tenir compte des résultats de l’ensemble de l’année scolaire pour évaluer les élèves", explique Joseph Thonon, responsable de la CGSP-Enseignement.

La ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir (PS), a d’ailleurs confirmé cette hypothèse dimanche sur le plateau de RTL.

Quant à l’idée d’une prolongation de l’année scolaire au-delà du 30 juin, comme envisagé dans le supérieur, il s’agit actuellement d’une mesure jugée peu probable par les syndicats. "L’année scolaire se termine le 30 juin et 30 000 profs reçoivent leur C4 à cette date. Pour prolonger l’année scolaire, il faudrait les réengager et ça coûterait énormément d’argent qui pourrait être mieux utilisé", estime Joseph Thonon.

Il s’agit du scénario le plus pessimiste envisagé par les acteurs de l’enseignement.

Et si l’école ne rouvrait pas avant le mois de septembre ? L’idée a parcouru son bout de chemin en France mais aussi en Suisse, au Canada et dans certains États américains. En Italie, la question ne se pose même plus, la fermeture des écoles jusqu’à la fin de l’année scolaire a déjà été officialisée. Et en Belgique, qu’en est-il ?

Selon le porte-parole de Caroline Désir (PS), ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une fermeture des écoles jusqu’à la rentrée de l’année scolaire prochaine ne fait pas partie des scénarios étudiés.

"Différents scénarios ont été établis, selon la date de fin de confinement décidée par le conseil national de sécurité. Les scénarios ont été déterminés en concertation avec les différents acteurs de l’enseignement. Pour le moment, on part du principe que les écoles pourront rouvrir avant la fin de l’année. Une ouverture en septembre serait le scénario le plus pessimiste, qu’on n’envisage pas encore vraiment", explique-t-il.

Même son de cloche du côté de l’ancienne ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH). "J’espère vraiment que le retour à l’école aura lieu plus tôt que ça. Le contraire demanderait une grosse réflexion à plusieurs niveaux. Que se passerait-il pour les élèves qui sont dans une année diplômante ou qui doivent passer des examens d’entrée dans le supérieur ?"

"Il ne faut pas s’imaginer que les cours vont reprendre du jour au lendemain"

Pour Roland Lahaye, responsable de la CSC-Enseignement, la reprise des cours devra se faire en douceur. "J’ai proposé comme idée de faire reprendre les enseignants quelques jours avant les élèves afin qu’ils puissent planifier la suite de l’année scolaire. Avoir quelques jours sans élèves leur permettra de préparer un programme. Il ne faut pas s’imaginer qu’on va reprendre les cours du jour au lendemain comme si rien ne s’était passé. Il ne faut pas négliger l’effet affectif de la crise. Certains élèves reviendront avec des failles et des blessures. Certains auront perdu un ou des proches ou n’auront pas pu serrer leurs parents dans leur bras pendant plusieurs semaines. Les écoles vont devoir se transformer en nids douillets pour ces enfants afin qu’ils puissent se trouver dans un état qui leur permette de recevoir des apprentissages. L’école doit prioritairement être une source de bien-être dans une période de crise comme celle que nous connaissons aujourd’hui."

Le syndicaliste estime par conséquent que les nouveaux apprentissages ne devront pas être la priorité des enseignants lorsque les cours pourront reprendre. "On aura l’occasion de reprendre les apprentissages plus tard. On doit essayer de penser l’année scolaire pour que les enfants ne soient pas doublement victimes de la crise. Essayer de rattraper à tout prix le temps perdu me semble néfaste" , précise-t-il.

Joseph Thonon, président de la CGSP-Enseignement, s’inquiète tout particulièrement pour les enfants qui n’auront pas pu rester en contact avec leurs enseignants pendant le confinement. "Il y a une fracture énorme selon les écoles. Tous les élèves n’ont pas un ordinateur ou une tablette et une connexion à Internet. Le temps passe vite et l’écart se creuse de plus en plus. Pour les élèves qui étaient déjà en difficulté, la situation est catastrophique."

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