Le confinement pousse de nombreux enseignants à s’emparer des outils numériques
EducIT, association qui accompagne des écoles wallonnes et bruxelloises à adopter les outils numériques, fait face à une forte demande pour former des enseignants depuis le début du confinement imposé par le Covid-19.
- Publié le 08-04-2020 à 18h44
- Mis à jour le 15-04-2020 à 09h56
Ce sera, à n’en pas douter, l’un des enseignements positifs à tirer de la crise du coronavirus et du confinement imposé à la population belge: les outils numériques (ordinateurs portables, logiciels de visioconférence, plateformes d’apprentissage à distance, etc.) sont devenus (encore plus) incontournables dès lors que le monde de l’école et les enseignants veulent maintenir un lien pédagogique avec des élèves contraints de rester chez eux. Et si la thématique de l’école et du numérique est loin d’être neuve, tout indique que l’épisode en cours va donner un coup d’accélérateur au rapprochement entre écoles et numérique.
Cela fait déjà près de deux ans que l’ASBL EducIT, fondée par deux entrepreneurs bruxellois (Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete), œuvre en faveur de ce rapprochement. En septembre dernier, ils avaient inauguré une première “Rentrée numérique” dans quatre écoles de l’enseignement secondaire (situées à la fois en Wallonie et à Bruxelles). Le processus, qui ne bénéficie d’aucun subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles, intègre les dimensions de formation et d’accompagnement des enseignants (via des technopédagogues), ainsi que de fourniture de matériel et de solutions logicielles adaptées aux besoins spécifiques des enseignants. L’objectif est d’EducIT est double: favoriser le plaisir d’apprendre et offrir aux élèves le bagage digital leur permettant d’être pleinement acteur du monde en transformation dans lequel ils évoluent.
Coup d'accélérateur à la formation (à distance) des enseignants
Au cours des premiers mois d’activité (de septembre à janvier), EducIT a formé environ 200 enseignants donnant cours en quatrième année du secondaire. Quelque 600 élèves ont été équipés, moyennant un système de cofinancement, d’un ordinateur portable du type Chromebook (utilisables en classe comme à la maison). “Quand le confinement a commencé, trois des quatre écoles avec lesquelles nous avions démarré le projet, en septembre, nous ont demandé de pouvoir élargir l’expérience aux enseignants de toutes les années du secondaire, expliquent Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete. Il n’était évidemment plus possible, dans les conditions du confinement, de poursuivre l’installation des ordinateurs. En revanche, on a pu accélérer la formation à distance des enseignants”.
Depuis bientôt quatre semaines, les cinq membres d’EducIT, soutenus par certains professeurs et des technopédagogues de deux réseaux (Segec et WBE, en l’occurrence), ont multiplié les sessions de formation et d’accompagnement des enseignants (qui participent sur base volontaire). Plus de 300 professeurs ont déjà été formés (ce qui, compte tenu de la taille des dix établissements impliqués, représente un public d’environ 10 000 élèves). “Récemment, nous avons organisé, pour une école de Dinant, différentes sessions de formation pour 65 professeurs en une seule journée!”, indiquent les deux fondateurs d’EducIT. “Chaque session dure entre 2 et 3 heures, poursuivent-ils. Elles se font avec maximum cinq profs et un technopédagogue ou un coach. On leur apprend comment il est possible de rester en contact avec leurs élèves, de façon interactive ou pas, en utilisant différents outils numériques qui sont facilement accessibles et relativement simples à utiliser”. La réaction des profs? “Ils sont franchement surpris et enthousiastes. On voit aussi une émulation positive entre eux”.
Pour Philippe Van Ophem et Daniel Verougstraete, l’expérience d’EducIT en mode “confinement” montre non seulement “une accélération de la prise de conscience que le digital est un atout pour les écoles et les enseignants”, mais aussi que la fracture numérique demeure réelle pour de nombreuses familles en Belgique francophone. “La formation des enseignants au numérique est une chose, concluent nos deux interlocuteurs par écran interposé. Une autre sera, dès lors qu’on sortira du confinement, de reprendre et d’accélérer l’équipement numérique des élèves”.