C'est toujours le flou pour les examens de secondaire via les jurys: “On nous balade de semaine en semaine depuis le début de la crise"
Au cabinet de la ministre Caroline Désir (PS), on promet le calendrier pour cette semaine. Les dates des premiers oraux ont commencé à être envoyées.
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Publié le 02-06-2020 à 19h06 - Mis à jour le 05-06-2020 à 17h27
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Au cabinet de la ministre Caroline Désir (PS), on promet le calendrier pour cette semaine. Les dates des premiers oraux ont commencé à être envoyées.
"Lucas (prénom d'emprunt) doit passer son CESS via jury. Nous attendons des précisions concernant ses dates d’examens depuis des semaines…” Ce papa ne décolère pas. Le certificat d’études secondaires supérieures (CESS) couronne la fin de la sixième secondaire. Si ce diplôme n’est pas décerné à temps, l’inscription et la rentrée dans l’enseignement supérieur de son fils seront compromises. “Le problème, c’est qu’on ne nous dit rien”, regrette-t-il au nom d’autres parents qu’il côtoie et qui sont dans la même situation.
Le système séduit de plus en plus
Les jurys permettent aux élèves qui ne sont pas inscrits dans la filière d’enseignement classique d’obtenir leurs diplômes. Il s’agit principalement des enfants de l’enseignement à domicile (EAD) et de ceux inscrits dans les écoles privées qui préparent aux épreuves. On comptait 1 122 élèves à domicile pour l’année scolaire 2018-2019 (dernier chiffre disponible) et environ 400 élèves en écoles privées. La formule séduit de plus en plus, même si elle reste marginale sur l’ensemble des 900 000 élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle est choisie pour une seule année scolaire dans 50 % des cas, avant un retour sur un chemin plus fréquenté.
Quant aux diplômes possibles par cette voie, il s’agit principalement des épreuves externes certificatives du CEB (fin de 6e primaire), du CE1D (fin 2e secondaire), du CE2D (fin 4e secondaire) et du CESS (fin 6e secondaire).
Dans l’enseignement classique, ces épreuves ont été annulées. Via les jurys, les examens ont été maintenus. On sait qu’un dispositif a été mis en place pour le CEB. Celui-ci est programmé les 22 et 23 juin. Pour les autres, il reste beaucoup d’imprécisions.
Via les jurys, ces examens ont été maintenus
Les premières dates d’examens oraux (en présentiel) ont commencé à être envoyées.
“Afin de limiter au maximum le rassemblement de personnes, le cycle 2019-2020 reprend avec les examens oraux de la formation commune à partir du lundi 8 juin 2020.” Voilà le nouveau message qui a été posté ce mardi midi sur la page officielle des jurys de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui annonçait, jusque-là, une reprise progressive à partir de ce mardi 2.
Il répète aussi que “des informations concrètes sur les épreuves écrites suivront dans les prochains jours. Leur organisation est intrinsèquement liée à la mise en place de mesures sanitaires adéquates pour assurer la sécurité de tous. Pour rappel, le cycle 2019-2020 se poursuivra exceptionnellement au-delà du 31 juillet 2020.”
Mais quand ? Pendant l’été ? Ou encore plus tard, alors que l’année académique suivante aura déjà commencé ?
Pas de quoi fixer Lucas sur son calendrier de fin d’année. Ni les rassurer, lui et son papa, quant à la date de communication des résultats.
“On nous balade de semaine en semaine depuis le début de la crise… Dans cette période d’incertitude, il faut créer de la certitude. C’est tout le contraire qui se passe", proteste le papa." J’aimerais que toutes les dates soient enfin communiquées et, au-delà des dates, qu’on nous assure surtout que tout sera fait cette fois-ci pour que les résultats soient envoyés rapidement. Si la procédure prend trois mois, comme d’habitude, ce sera une catastrophe !” “La difficulté majeure, c’est le sous-statut”
Où est le problème ? Il y a un an, le directeur des jurys de l’enseignement secondaire à l’Administration générale tirait déjà le signal d’alarme. “Rien que pour le CE1D, nous avons reçu 282 inscriptions,” rapportait alors Damien Rebella. Soit une augmentation de plus de 40 % qui déstabilisait l’organisation des épreuves. À l’époque, il avait notamment fallu dédoubler certains examens. “C’est clair : les jurys n’ont pas été conçus pour autant de candidats", poursuivait le responsable.
“Nous le signalons depuis quelques années sans que, pour autant, il semble être question d’initiatives pour coller davantage à cette nouvelle réalité.” Un an plus tard, la crise a encore aggravé le problème. “La difficulté majeure, c’est le sous-statut des jurys”, accuse Constantin Ullens, co-directeur de l’École du Bois Sauvage, une grosse école privée de préparation aux examens dans ce système, où les cours ont repris progressivement comme dans les autres écoles depuis le 18 mai. “J’en veux pour preuve les énormes délais entre les épreuves et leur correction ainsi que la qualité des examens.” Il s’agit d’épreuves spécifiques, rédigées exprès pour cette catégorie d’élèves par une poignée de fonctionnaires. “Le service est structurellement débordé depuis dix ans. Les jurys étaient malades, ils ont succombé au coronavirus.”
Une année dans une école à jury comme la sienne coûte entre 10 000 et 20 000 euros. “C’est souvent un ‘one-shot’, les parents font ce choix pour une année, pour décrocher le diplôme.” Un argument supplémentaire pour qu’ils n’aient pas à regretter cet investissement.
Les dates sont promises pour cette semaine
Interrogée au Parlement, la semaine passée, la ministre Caroline Désir (PS) a assuré que tout était fait pour aller au plus vite. Elle a évoqué le temps nécessaire pour trouver des salles qui pourront accueillir les élèves dans les conditions sanitaires qui s’imposent.
À son cabinet, ce mardi, on nous promet que les dates des écrits seront communiquées cette semaine. Des locaux ont pu être trouvés. Comme prévu, le CESS sera prioritaire, avec des épreuves sans doute programmées début juillet.