Enseignement supérieur: la session démarre sous haute tension
La session a démarré dans les hautes écoles et les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, principalement à distance. Et quelques couacs émaillent les premières épreuves. Océane nous écrit sa colère.
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Publié le 03-06-2020 à 16h58 - Mis à jour le 03-06-2020 à 19h21
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Les étudiants du supérieur sont en pleine session. Ces “examens corona” font l’objet de beaucoup d’attention. Et, d'emblée, de quelques couacs.
La session a démarré dans les hautes écoles et les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, principalement à distance. Et quelques couacs émaillent les premières épreuves. Océane nous écrit sa colère. “De nombreux étudiants ont terminé en pleurs, paniqués, se demandant ce qu’ils allaient faire comme études l’année prochaine. La majorité de ceux avec qui j’ai discuté n’ont pas terminé leur examen à temps.”
Stress techniques et d’agenda
En cause, l’examen de droit romain qui était organisé le mardi 2 juin pour les premières années de l’université Saint-Louis-Bruxelles. “Nous étions censés avoir 2h pour répondre et nous nous sommes retrouvés avec 1h25 d’épreuves divisées en trois morceaux chronométrés pour faire un examen au contenu plus long qu’initialement prévu !” Une réunion a eu lieu dès mercredi matin entre le Doyen, le président du jury et la titulaire du cours. “Nous reconnaissons que les circonstances étaient difficiles”, insiste le vice-recteur à l’enseignement, Sébastien Van Drooghenbroeck. “Nous allons tout mettre en œuvre pour faire baisser la tension. On ignore l’impact de cet incident sur les résultats mais l’instruction est donnée aux jurys d’en tenir compte quand ils délibéreront.”
Autre incident, à l’Ichec. “Ce n’était pas la situation dont nous avions rêvé pour un premier jour de session”, reconnaît Raphaël Jomaux du service communication. “Un souci technique est survenu lors du premier examen de la matinée de mardi, qui empêchait les étudiants d’ouvrir leur questionnaire. Le service informatique est intervenu et les étudiants ont pu passer leur examen avec bien sûr un timing adapté.”
Changement de directives et problèmes techniques : ces deux cas sont-ils isolés ? “Il y a beaucoup de remous, tous les examens ne se passent pas bien”, rapporte Chems Mabrouk, la présidente de la Fef (Fédération des étudiants francophones). “Mais tant que la session n’est pas finie et que les jurys n’ont pas délibéré, tout restera un peu flou.” Pas d’agitation non plus du côté du Cium (Comité Inter-Universitaire des étudiants en Médecine et en dentisterie), pourtant l’un des plus virulents à réclamer l’annulation de la session. “Hormis quelques cas isolés (problèmes de connexion, etc), il n’y pas de graves problèmes pour le moment”, répond le président Basil Sellam.
Les autres institutions ne relaient pas de difficultés particulières non plus. RAS à l’UMons, à l’ULiège et à l’ULB. Mais on semble parfois marcher sur des œufs… “Les cas d’étudiants ayant rencontré des difficultés sont relativement peu nombreux (10 à 20 par jour) et sont gérés très rapidement par l’équipe de support”, indique Annick Castiaux, vice-rectrice de l’enseignement à l’UNamur. “La situation actuelle ne nous laisse pas anticiper de problèmes de recours, même si nous ne sommes évidemment pas à l’abri de telles démarches…”
“Ce n’est pas le temps des recours”
C’est fait, le mot magique est lancé: recours ! Au moment où l’UCLouvain annonce, elle aussi, le bilan positif de ce début de session, Le Soir de ce mercredi annonce qu’une menace de recours y a été déposée par 215 étudiants. Elle porte sur un changement concernant un examen de comptabilité (Faculté Espo) initialement prévu par écrit ce mercredi 3 juin et transformé, le 29 mai, en examen oral reprogrammé le 20 juin. Motif de la colère : les règles du jeu ont changé alors qu’elles devaient être communiquées le 27 avril au plus tard, selon le système prévu par la ministre Glatigny. Les étudiants demandent que l’examen soit remplacé par une évaluation basée sur le travail de l’année. On parle bien ici d’une menace de recours pour annuler une prochaine épreuve et pas d’un recours proprement dit.
“Ce n’est pas le temps des recours”, estime Karim Jguirim, juriste chez Infor Jeunes. “Tous les abus présumés seront traités en temps utile, en septembre ou octobre. Il y en aura, c’est sûr. Mais là, la session ne fait que commencer.” Les affaires étudiantes sont un marché juteux et, pour le spécialiste, ce qui se joue maintenant est avant tout une guerre de communication. “Les premiers avocats qui s’exposeront capteront toute l’attention.”
Sans préjuger des affaires sur le fond, il indique encore que l’arrêté royal où figurent les mesures particulières liées à la pandémie a été écrit pour éviter tout recours. “C’est expliqué en toutes lettres dedans.” On peut rappeler que l’arrêté de pouvoirs spéciaux du 24 avril 2020 ne déroge pas à la disposition du décret Paysage qui prévoit que“sauf cas de force majeure, la date et l’horaire d’une épreuve ne peuvent être modifiés moins de dix jours ouvrables avant la date annoncée initialement”. Autrement dit, en cas de force majeure, la date et l’horaire peuvent changer.
Le juriste d’Infor Jeunes ajoute que le Conseil d’État renvoie les recours en première session dans les cordes, en vertu de la notion d’intérêt à agir. “Il considère que si un problème intervient en première session dans un examen, et même si celui-ci n’est pas reprogrammé en deuxième session, une délibération supplémentaire est bel et bien prévue au cours de laquelle l’étudiant pourrait être délibéré favorablement.”
Du côté de l’union syndicale étudiante (USE), enfin, on s’attend aussi à devoir aider les étudiants à introduire des recours, mais après les résultats.“Un recours doit être introduit dans les trois jours après avoir reçu sa note et il n’est pas nécessaire de recourir pour cela à un avocat”, rappelle Merlin Gillard pour l’USE.