Les parents s’inquiètent d’examens de passage prévus par certaines écoles
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e48452e9-70d3-4c1d-935b-9177d9713f56.png)
Publié le 09-06-2020 à 06h32 - Mis à jour le 22-06-2020 à 15h35
:focal(1645x1105:1655x1095)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Y3U5OBRW2FCGBOVXAQG675CK34.jpg)
Selon un récent sondage, parents et élèves ont manqué d’infos et d’aide fin mai.
Que s’est-il passé dans les écoles entre le 18 et le 31 mai, lors de la première phase de déconfinement ? Comment les parents ont-ils vécu les premiers retours partiels ? La Fapeo (Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel) a lancé un sondage sur son site dont elle livre les résultats à La Libre, après dépouillement des 1 624 réponses reçues pour le primaire et le secondaire.
Globalement, les parents dont les enfants sont retournés les premiers à l’école fin mai étaient inquiets pour quatre principales raisons : la motivation de l’élève, sa sociabilisation, l’ennui qu’il éprouvait et des difficultés à concilier télétravail et travail scolaire à la maison. S’y intercale, pour le secondaire seulement, un gros stress pour les conseils de classe.
Nouveaux contenus et évaluations
Contrairement aux prescrits de la ministre Caroline Désir (PS), de nouveaux contenus de cours sont signalés par 60 % des répondants en primaire, et par 75 % des répondants en secondaire. "Ce qui pose évidemment la question de ce qui se passait pour ceux qui n’étaient pas là, souligne Véronique de Thier, responsable politique de la Fapeo. Les inégalités sociales, d’accès au numérique et à son usage créent un enseignement à deux vitesses : comment faire en sorte qu’il ne porte pas préjudice au parcours scolaire de l’élève ?" Pour le reste, la préparation des travaux à domicile représentait l’essentiel du temps de travail. À noter que des évaluations, normalement interdites, sont mentionnées par moins de 10 % des parents du primaire mais par 30 % des parents du secondaire qui ont répondu au sondage. S’y rajoutent des travaux à domicile (entre 1 et 2 h/jour le plus souvent), sanctionnés par une cotation dans 5 % des cas en primaire et 16 % en secondaire.
Vu les circonstances, la question des échanges avec les familles est plus importante que jamais. Or, pour un parent sur dix en primaire, et pour 43 % des parents en secondaire, il n’y avait alors aucune communication de la part de l’école. C’est encore plus interpellant quand on considère que ce sont les parents les plus informés qui répondent à ce sondage.
Parfois rien pour l’élève en difficulté
Plus grave : un parent sur quatre dans le primaire et 29 % des répondants dans le secondaire affirment que rien de particulier n’est mis en place pour un élève en difficulté.
"C’est inquiétant de constater le nombre d’élèves concernés", insiste Véronique de Thier. En primaire, 66 % des parents disent ne pas être touchés par une situation difficile, comme 58 % en secondaire, ce qui en laisse un paquet d’autres…
"Dans ce contexte, il nous revient que certaines écoles planifient des examens de passage : pourquoi ne pas consacrer la fin de l’année au suivi personnel des élèves en difficulté, au lieu de penser à les renvoyer travailler seuls chez eux pour passer des épreuves en septembre ? C’est une manière d’externaliser la réussite scolaire que seuls certains pourront s’offrir. Surtout si aucun soutien n’a été mis en place jusqu’ici…"
En primaire, les conseils de classe peuvent suggérer un redoublement mais les parents gardent la décision finale. En secondaire, par contre, ils sont souverains. C’est pourquoi des balises ont été posées (le redoublement doit être exceptionnel, motivé en détail, et faire l’objet d’une communication avec les parents). Seulement, rien n’est dit concernant les examens de passage. "Plusieurs écoles officielles prévoient l’ajournement de session comme option possible", s’inquiète donc Véronique de Thier.
Y aura-t-il des examens ? Beaucoup? Et dans quel but ? L’ajournement sera-t-il une dernière chance pour éviter le redoublement à un élève, ou alors une mesure stricto sensu de ses connaissances qui, le cas échéant, risquerait de se transformer en échec ? "Nous regrettons que des examens de passage soient envisagés, surtout pour des élèves qui ne sont pas retournés en classe", répète-t-elle. Et d’espérer que des leçons puissent être tirées de la crise "notamment pour l’amélioration de la communication entre écoles et parents".
La Fapeo continue à observer ce qui se passe. Un nouveau sondage est lancé sur son site concernant les reprises à temps plein du maternel et du primaire.