Quelle place pour le numérique à l'école ? "Le plus important reste l’interaction entre profs et élèves"
Comment réduire la fracture numérique ? Cette question fera l’objet d’un prochain dossier dans cette série courant juillet.
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Publié le 26-06-2020 à 19h01 - Mis à jour le 28-06-2020 à 07h59
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Covid-19, et maintenant ? L’épidémie de coronavirus a mis en lumière les défaillances et les fragilités de nos sociétés. Quels changements pourraient être mis en œuvre sans attendre et pour être opérationnels dans un horizon de cinq ans ? La Libre Belgique réalise une série d'articles sur les leçons à tirer de cette crise sanitaire.
Comment réduire la fracture numérique ? Cette question fera l’objet d’un prochain dossier dans cette série courant juillet. Outre les problèmes d’équipement grandement liés aux difficultés financières de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de ses écoles (le Segec a récemment fait ses comptes et communiqué que la crise coûterait près de 15 millions d’euros à ses établissements !), la place du numérique à l’école boostée par le confinement entraîne plusieurs réflexions.
Une approche efficace
"Cette crise a mis en évidence la nécessité d’une approche volontariste plus structurelle en la matière", estime Olivier Remels de la Fondation pour l’enseignement. "Une démarche efficace doit concilier quatre piliers indissociables : l’identification de l’enjeu et la mobilisation de l’école et de ses acteurs, l’uniformisation de l’équipement accessible à la maison pour poursuivre le travail initié en classe, la formation et l’accompagnement des enseignants, et l’existence de ressources et de contenus organisés." Avec une question bonus : "La question des apprentissages techniques (notamment liés aux métiers) par Internet devra aussi être posée car ils sont sans doute partiellement envisageables." La barre est haut placée.
Une démarche interactive
"Attention", tempère Marie-Martine Schyns, rejointe par les acteurs de terrain Jean-Pierre Coenen et Anne François. "Le plus important reste l’interaction entre profs et élèves." Et l’ancienne ministre ajoute : "Ce qui a bien marché pendant la crise, ce sont les plateformes plus interactives." À condition d’aplanir les grandes inégalités entre enseignants et entre élèves. "Cela vaut la peine. Grâce au travail autonome des élèves facilité par le numérique, les enseignants ont plus de temps pour travailler avec des petits groupes et personnaliser les apprentissages en classe."
D’abord, une réflexion sur le fond
Pour autant, on ne devrait pas faire l’économie d’une analyse de fond. Avant même les questions d’organisation. "Il faut penser le pourquoi avant le comment", affirme Bernard Delvaux. Qu’est-ce qu’on veut faire exactement ? Tel est le sens d’un intéressant cahier de recherche du Girsef ("Le numérique va-t-il révolutionner l’éducation ?", Benoît Galand, mars 2020) qui discute sept idées courantes sur le numérique à l’école. Bernard Delvaux poursuit avec une série de questionnements : "Ne renforce-t-il pas l’individualisme ? Le contrôle et la surveillance ? La marchandisation de l’éducation ? Et le pouvoir des grands opérateurs privés ?" Pragmatiques, Anne François et Jean-Pierre Coenen suggèrent que, pour l’instant, le numérique reste juste un outil parmi d’autres. Tant que les élèves peuvent revenir en classe, en tout cas…