Dans le supérieur, les syndicats étudiants n’ont plus la cote
Plusieurs acteurs dont Stéphanie Cortisse (MR) veulent évaluer et changer le système.
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- Publié le 11-08-2020 à 12h55
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Depuis l’été passé, la Fef (Fédération des étudiants francophones) est le seul syndicat étudiant dans l’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’Unécof, qui partageait l’affiche jusqu’en 2019, s’est vue contrainte de renoncer à ses fonctions d’organisation représentative communautaire (ORC), faute d’électeurs en suffisance.
Évaluer et adapter le décret
Pour se positionner (et être financé) comme porte-parole officiel des étudiants auprès des différents pouvoirs publics et académiques, il faut effectivement représenter au moins 15 % des étudiants inscrits dans les universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts, au terme d’élections indirectes (les étudiants de chaque institution élisent leur conseil étudiant qui, lui, choisira l’organisation qui le représentera). Ainsi en atteste le décret du 21 septembre 2012 relatif à la participation et à la représentation étudiante dans l’enseignement supérieur.
Ce texte est cependant remis en question par plusieurs acteurs dont la députée MR de la Fédération Wallonie-Bruxelles Stéphanie Cortisse, qui demande à la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), d’évaluer le système et de l’adapter si nécessaire.
Premier souci : le manque de représentativité. L’article 28 du décret prévoit que "le choix des conseils étudiants doit se porter sur une organisation représentative des étudiants ou sur une absence de représentation au niveau communautaire".
"Depuis la disparition de l’Unécof, les conseils étudiants n’ont pour seul choix que de s’affilier à la Fef ou de se déclarer indépendant, explique la députée réformatrice qui a déposé une question à ce sujet fin juillet en vue d’un échange prochain avec la ministre en commission. Actuellement, un étudiant sur cinq relève de conseils étudiants indépendants et n’est donc pas représenté au niveau communautaire. De nombreux étudiants ne peuvent donc pas faire entendre leur voix auprès du gouvernement : inacceptable dans une démocratie."
Le monopole de la Fef
Deuxième problème : le manque de diversité. "Le monopole de la Fef questionne le pluralisme au sein de la représentation étudiante dans l’enseignement supérieur", s’inquiète Stéphanie Cortisse. Le président national des jeunes MR la rejoint : "La jeunesse étudiante n’est pas monolithique, elle est diverse, insiste Steve Detry. Ses opinions sont variées. Les Jeunes MR militent depuis longtemps pour ce pluralisme. Garantir à plusieurs acteurs de coexister et de participer à la concertation permettrait d’assurer davantage de démocratie dans nos campus."
Seulement voilà : une révision du décret de 2012 est nécessaire pour rencontrer cet objectif. "En l’état, ce texte ne prévoit pas de modalités spécifiques en vue de la création d’une nouvelle ORC, relève la députée MR. Cela accentue la difficulté de permettre l’émergence d’une alternative à la Fef." Mais telle n’est peut-être pas la seule raison... Diverses sources s’accordent en effet sur le désinvestissement croissant des étudiants.
Faible participation
Lors des élections de mars 2019 à l’ULB, le quorum de 20 % (prévu par l’article 9 du décret) n’était même pas atteint dans certaines facultés, lesquelles se sont alors retrouvées sans représentants étudiants élus. Plus récemment à l’UCL, ce sont à peine 21,54 % des étudiants qui ont voté pour lesdites élections en mars 2020. "Cette faible participation est alarmante alors que la légitimité et le fonctionnement de la représentation étudiante se basent uniquement sur ces élections", regrette la députée. Parmi les pistes envisagées d’amélioration pourrait figurer l’assouplissement des critères de représentativité.
Stéphanie Cortisse demande une évaluation et une réforme du décret pour une représentation étudiante plus juste dans l’enseignement supérieur.