Éveil à la lecture et aux langues, frais scolaires... Tout ce qui change à la rentrée en maternelles
La progression des apprentissages à l’école maternelle est détaillée pour la première fois. Notamment en lecture.
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- Publié le 31-08-2020 à 08h07
- Mis à jour le 31-08-2020 à 18h53
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Plus qu’une fois dormir et le moment sera venu de reprendre le chemin de l’école. Pour les petits de maternelles, cette année scolaire ne ressemblera pas tout à fait aux autres. Et pas seulement à cause du contexte sanitaire.
Les trois années maternelles font leur entrée dans le tronc commun (le parcours d’apprentissage de douze ans, identique pour tous les élèves francophones, ira à terme de la 1re maternelle à la 3e secondaire). Concrètement, le tout nouveau référentiel dit "des compétences initiales" entre en vigueur. La progression des apprentissages y est détaillée. Dans l’idée d’inculquer les mêmes bases solides à tout le monde, ce gros document d’une centaine de pages précise, pour la première fois, ce qui doit être appris à l’école maternelle et quand. Le décret qui l’instaure a été publié juste à temps au Moniteur, le 22 juillet dernier.
Objectif : donner envie
Attention, pas question de "primarisation précoce", lit-on dans le préambule. "L’école maternelle doit respecter les étapes du développement global de l’enfant : il n’est donc pas souhaitable de lui soumettre trop tôt, trop vite, des apprentissages formels." L’un des objectifs principaux du niveau maternel est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, mais aussi pour affirmer et épanouir leur personnalité. En maternelle, les élèves vivent et s’instruisent en expérimentant, en explorant le monde, en jouant.
N’empêche : une série d’attendus sont précisés, année par année. Et le langage écrit (lecture et écriture) s’y taille une belle part. Cette compétence est centrale dans tous les autres apprentissages mais on connaît, malheureusement, les piètres performances des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles en la matière. Il y a moins d’un an, le dernier test Pisa relatif à la lecture montrait encore un léger recul des élèves francophones, alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles se classe en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE depuis longtemps. La précision dans les attendus en lecture et en écriture en début de scolarité doit permettre de déceler le plus vite possible un problème et d’y remédier.
Bien sûr, les petits ne vont pas à proprement parler apprendre à lire dès l’école maternelle. Il s’agit de préparer le terrain, éveiller, donner le goût, jeter les bases. "L’école maternelle doit permettre aux élèves ne sachant encore ni lire ni écrire d’appréhender le langage écrit comme moyen de communication", précise le référentiel.
Concrètement pour la lecture, il s’agira, en première et deuxième maternelles, de manipuler des supports d’écrits, tourner les pages, repérer les illustrations, reconnaître son prénom. Puis, en troisième, de différencier les écrits, de solliciter un adulte pour lire des contenus choisis ou de composer et décomposer une phrase ou un mot, par exemple.
Autre nouveauté : l’éveil aux langues
Les contenus pédagogiques relatifs à la lecture sont indissociables du travail sur le langage et sur l’écrit. Les trois sont regroupés avec des précisions concernant le parcours artistique de l’élève qui commence dès les petites classes (expression plastique, expression musicale, expression française et corporelle). D’autres chapitres évoquent les mathématiques, sciences et techniques, les sciences humaines, philosophie et citoyenneté, et l’éducation physique. L’éveil aux langues fait par contre l’objet d’un référentiel séparé. C’est une autre nouveauté. Rien à voir avec un cours de langues : comme pour la lecture, il faut préparer le terrain.
"Dès cette rentrée, l’enseignant titulaire exercera ses élèves à l’éveil aux langues à raison d’une période par semaine, de la 1re maternelle à la 2e primaire", explique la ministre Caroline Désir (PS).
Importante précision : l’objectif est d’ouvrir les élèves à la diversité des langues et aux autres cultures. Quelques mots d’un élève dans une autre langue que le français, des comptines… Les approches sont nombreuses et ne porteront pas seulement sur les langues traditionnellement enseignées en classe.
Une belle reconnaissance
Des formations ont été organisées pour familiariser les enseignants avec ces nouveautés. Certaines, reportées pour cause de pandémie, doivent encore avoir lieu. Mais dans les écoles, on est prêt. "Dans notre réseau, nous avions déjà élaboré des programmes scolaires précis, y compris pour le maternel", rapporte Frédéric Coché, secrétaire général adjoint de la Fedefoc (Fédération de l’enseignement fondamental catholique). "Le référentiel ne diffère pas fondamentalement de ce que nous faisions même si nous devons introduire quelques nouve autés." Et de conclure qu’un tel outil constitue une belle reconnaissance de ce niveau d’enseignement, ce qui réjouit tous ses acteurs.
Les autres nouveautés en maternelles
À côté de l’entrée des niveaux maternels dans le tronc commun avec le nouveau référentiel qui définit les apprentissages (lire ci-dessus), trois autres changements vont marquer les premières années de scolarité.
L’obligation scolaire commence à cinq ans. Tous les enfants qui auront au moins cinq ans au plus tard le 31 décembre 2020 doivent être instruits. Dans les écoles, des registres de présence seront tenus, même si la ministre a préconisé un peu de souplesse, cette année, quant au signalement des absences injustifiées.
Dans tous les réseaux sauf le réseau libre confessionnel, cela signifie aussi l’introduction d’une période hebdomadaire de religion. Les parents qui le souhaitent peuvent inscrire leur enfant à l’une des six options philosophiques possibles. Les élèves iront suivre ce cours soit avec les élèves de 1re et 2e primaires, quand l’école organise les deux niveaux d’enseignement, soit dans un autre établissement.
Nouveau plafond pour les coûts
Enfin, les mesures initiées en 1re maternelle l’année dernière en matière de frais scolaires s’étendent à la 2e maternelle. Aucune fourniture ne peut plus être réclamée aux parents à part le plumier (vide) et le cartable. Aucune marque ne peut être exigée concernant les tenues vestimentaires et sportives. Et seuls des frais de piscine peuvent être demandés, ainsi que le paiement d’activités sportives ou culturelles qui figurent dans le projet de l’école (pour maximum 45 euros par élève par an) ou pour des séjours avec nuitées (maximum 100 euros par élève pour l’ensemble du parcours en maternelle).
Pour rappel, le temps de midi et les heures avant et après le début des classes ne sont pas considérés comme du temps scolaire et n’entrent donc pas dans cette réglementation. Toutes les activités prévues peuvent alors être payantes.