Pénuries de profs, mesures sanitaires… : au lendemain de la rentrée, cinq questions inquiètent les syndicats
Ils demandent que les masques soient fournis dans les écoles et qu’on définisse vite ce que devront faire les profs écartés.
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Publié le 03-09-2020 à 10h11 - Mis à jour le 03-09-2020 à 10h12
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Du côté des syndicats, les premiers échos de la rentrée scolaire sont plutôt positifs. Tant à la CSC-Enseignement, qu’à la CGSP-Enseignement et au Sel-Setca, on met en avant le professionnalisme des équipes qui, sur le terrain, ont tout mis en œuvre pour que les choses se passent bien, malgré le contexte particulier. N’empêche : sans attendre le retour de tous les élèves de secondaire dans les jours qui viennent, ils expriment déjà plusieurs inquiétudes.
1. Qui doit payer les masques imposés au personnel et à certains élèves ?
"Sur le lieu de travail, il est de la responsabilité de l’employeur de fournir les outils professionnels à son personnel, estime Roland Lahaye (CSC-Enseignement). Si on fait du port du masque une règle obligatoire, il faut s’en donner les moyens." Joseph Thonon (CGSP-Enseignement) réclame au minimum un stock de masques dans chaque école pour les adultes ou les élèves qui en auraient besoin. D’accord avec ses confrères, Joan Lismont (Sel-Setca) se demande également si tous les élèves du secondaire qui doivent être masqués à l’école respecteront la règle dans les lieux moins surveillés. "Faudra-t-il mettre en place une police du masque pour s’en assurer et veiller aux distances sanitaires ?", interroge-t-il. Toujours à propos des masques, les syndicats se sont aussi préoccupés des élèves de douze ans à l’école primaire. Le port du masque étant recommandé à partir de cet âge, ils se sont inquiétés de la stigmatisation possible des élèves "en retard", facilement repérables. Renseignement pris, le masque n’est obligatoire pour aucun élève de primaire, quel que soit son âge.
2. Que vont faire les enseignants écartés comme personnes à risques : rien ?
Toute personne présentant un certificat médical qui atteste du risque que représente sa présence en classe pour sa santé peut en être éloignée. "Ces personnes ne sont pas malades, constate Joan Lismont. Mais elles devront rester chez elles. Travailleront-elles avec leurs classes à distance ? Seront-elles remplacées ? Si oui, paiera-t-on deux enseignants au lieu d’un ? Pour faire quoi ?" Roland Lahaye va plus loin : "Et si, à l’échelle locale, les enseignants à risque prenaient en charge les élèves à risques, écartés comme eux ?" La même question se pose pour tous ceux qui, présentant l’un ou l’autre symptôme, seront éloignés par précaution sans être souffrants. "On verra comment les écoles vont s’organiser pour éviter d’aggraver la pénurie d’enseignants", ajoute Joan Lismont.
3. La pénurie d’enseignants sera-t-elle encore plus grave que d’habitude ?
"En janvier-février, on ne trouvera plus d’enseignants", lance Joseph Thonon, un peu en boutade, évoquant le moment où tous les nez se mettront à couler. "Ce qui mettra d’ailleurs en difficulté de nombreux travailleurs d’autres secteurs quand leurs enfants devront rester chez eux." En tout cas, les trois hommes s’accordent pour estimer que l’allègement du décret Titres et fonctions effectué cet été n’apporte aucune solution à la pénurie d’enseignants sur le fond. Ils craignent que la crise ait encore amplifié le phénomène constaté chaque année alors que, plus que jamais, les élèves ont besoin de leurs professeurs.
4. Mesures sanitaires : la facture est trop lourde, une aide est-elle possible ?
Les recommandations liées au code jaune restent importantes. Pour le lavage des mains, il faut savon et gel hydroalcoolique en suffisance. Pour la désinfection et le nettoyage, il faut du personnel ad hoc. Certains (surtout dans le réseau libre) s’inquiètent du coût de ces mesures. "Des directions se demandent si le fonds d’urgence Covid ne pourrait pas intervenir", rapporte Joan Lismont qui évoque aussi le cas de ces établissements où les éviers ou les toilettes sont hors d’usage et les fenêtres impossibles à ouvrir. "Même si des efforts ont été déployés, il reste des problèmes."
5. Les grands oubliés et autres dégâts collatéraux : quand va-t-on en parler ?
Roland Lahaye regrette le peu d’attention dont a fait l’objet, selon lui, l’enseignement spécialisé "où s’expriment pourtant des besoins très importants". Joan Lismont, lui, pense aux internats où c’est la vie 24 heures sur 24 qui doit s’organiser. Enfin, Joseph Thonon relaie le danger qui pèse sur certaines filières où moins d’élèves sont inscrits que d’habitude. "La première année différenciée, par exemple. Elle est organisée dans le secondaire pour les élèves qui n’ont pas obtenu leur CEB." L’épreuve n’ayant pas été organisée, cette section est sans objet. "Il faudrait prévoir une année dérogatoire pour éviter qu’elle disparaisse."