Pierre-Yves Jeholet veut des tests salivaires dans toutes les écoles : "Je lance un appel à Frank Vandenbroucke pour qu’il valide ces tests"
Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles veut éviter pour la rentrée les mises en quarantaine d’élèves et de profs non-testés “qui désorganisent les écoles”. Il demande au ministre de la Santé d’autoriser les tests salivaires, dont les résultats sont disponibles bien plus rapidement.
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Publié le 26-10-2020 à 11h38 - Mis à jour le 26-10-2020 à 19h37
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L’annonce est tombée ce dimanche soir au terme d’une fin de semaine qui a vu les annonces et durcissements de mesures s’accumuler en Wallonie et à Bruxelles, au détriment de leur lisibilité. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a opté pour l’enseignement à distance pour les élèves du secondaire dès ce mercredi 28 octobre. Les plus de 12 ans ne pourront donc plus se rendre physiquement à l’école. Ils reprendront le jeudi 12 novembre. Au plus tôt. Une décision consécutive à un rapport d’experts mandatés par les autorités fédérales (CELEVAL) et tombé ce dimanche. Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre président de la Fédération Wallonie, nous explique les raisons de ce choix.
Pourquoi ne plus autoriser le présentiel dans les écoles secondaires ?
“C’est vraiment la crise dans les hôpitaux, et pour le personnel soignant. On a reçu le rapport des experts avec différents scénarios (NDlr : dont des vacances de la Toussaint prolongées jusqu’au 16 novembre, ou comme retenu, d’avancer les vacances d’automne prévues au mercredi 28/10 ). Je mesure la difficulté pour les enfants et les parents. Mais en termes de solidarité par rapport au monde médical, on devait agir. La Flandre a fait son choix (Ndlr : le présentiel reste d’application jusqu’aux vacances de la Toussaint, qui sont prolongées jusqu’au 16 novembre, comme côté francophone) mais on devait agir plus vite et dès cette semaine. C’est pour cela qu’on a pris la mesure, qui me paraît importante pour casser la chaîne de contamination au niveau de l’enseignement secondaire.”
Mais pourquoi spécifiquement le secondaire et pas le primaire ou la maternelle ?
“Selon les pédiatres, en dessous de l’âge de 12 ans, la contamination se fait nettement moins. Par contre, en secondaire, à l’école, aux abords des écoles et dans les transports en commun, c’est davantage le cas. Les experts nous ont recommandé cette mesure.”
L’idée est de ne pas prolonger cette mesure après les vacances ?
“On verra, cela dépendra de l’évolution épidémiologique. On va casser la chaîne 15 jours puis on avisera en concertation. L’école reste une priorité nationale. Elle a souffert de la première vague et souffre encore. C’est compliqué pour les enfants de rester dans le rythme. Les dommages dans le parcours scolaire ou académique sont conséquents. On le mesure. Le but est de rester en présentiel en maternelle et en primaire.”
Et pour le secondaire ?
“Le but est à tout le moins, après le 11 novembre, d’avoir un système d’enseignement hybride à partir de la 3e année secondaire, avec une partie en présentiel, une autre à distance. C’est ce qu’on avait prévu avec Caroline Désir, avec la volonté de revenir au présentiel le plus rapidement possible. Mais je n’anticipe pas, il est trop tôt pour dire ce qu’on fera le 12 novembre. Cela dépendra vraiment de la situation. Si on a un confinement général, on n’en discutera même pas. Si la situation s’améliore, le but est de revenir en présentiel.”
L’enseignement est aussi confronté à une problématique de personnel, avec de nombreux profs et élèves placés en quarantaine. Comment y faire face ?
“Il y a un problème organisationnel. Peu d’enfants sont malades et développent les symptômes. On ne peut pas dire non plus que les enseignants sont beaucoup plus malades que le personnel soignant ou de première ligne. Mais ces enfants et enseignants en quarantaine désorganisent fortement l’organisation des cours. Cela risque de continuer. Je lance donc un appel au ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, pour que le Fédéral reconnaisse les tests salivaires afin qu'ils puissent être remboursés. Cela me semble vraiment important ! J’ai entendu qu’il y réfléchissait, que cela allait prendre encore quelques semaines. Mais ces tests peuvent sauver des vies ! Je demande à Frank Vandenbroucke de ne pas attendre et de les valider. Tous les arguments sont là. Il y a urgence. Je rappelle que dans sa nouvelle stratégie, le Fédéral a dit de plus tester les asymptomatiques. Or, c’est important de le faire: eux-aussi peuvent être contaminant.”
Le test salivaire permet d’avoir des résultats très rapidement, contre parfois plusieurs jours pour le test PCR par écouvillon. Mais il est moins fiable…
“On cite souvent 80 % de fiabilité pour le test par écouvillon. Pour le test salivaire, on est quand même au-delà de 60 %. Il peut y avoir de faux négatifs, mais un test salivaire, s’il est positif, il est positif ! Les plus contaminants sont déjà dépistés. On peut donc les écarter et donc une grosse partie des risques. Dans les écoles, cela permettrait d’éviter les quarantaines de 10 jours qui désorganisent toute l’école. Toute la presse internationale salue l’intérêt de ces tests réalisés par l’Université de Liège. Cela permettrait d’exporter la méthode. Surtout, vu que l’université de Liège fabrique elle-même la méthode, on pourrait avoir une autonomie dans ces tests. Il s’agit d’une université francophone et je ne fais pas de procès d’intention. Mais il n’y a pas de raisons que le Fédéral ne valide pas.”
L’objectif est donc d’organiser des tests salivaires massifs dans les écoles ?
“Oui. Afin d’avoir les résultats positifs plus rapidement. Et d’éviter les quarantaines trop longues comme le fait déjà l’université de Liège avec ses étudiants. Mais on verra ensuite pour les modalités de mise en oeuvre.”
La Fédération organiserait elle-même les résultats dans les écoles ?
“Oui, on serait prêt à organiser les choses. On en a discuté au niveau du gouvernement. Il y a une volonté d’utiliser ces tests dans l’enseignement mais aussi dans nos compétences, telles que l’aide à la jeunesse, les IPPJ ou les hautes écoles.”