L'Europe veut rendre les programmes Erasmus encore plus accessibles, une aubaine pour les jeunes : "Ces mobilités peuvent changer des vies"
Deux chercheurs montrent comment sortir de sa zone de confort peut changer la vie.
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- Publié le 26-05-2021 à 19h40
- Mis à jour le 27-05-2021 à 09h05
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Plus que jamais, les jeunes sont en quête de sens. La mobilité internationale est-elle, pour eux, un luxe ou une nécessité ? Pas un luxe, répondent les grands acteurs du secteur en Belgique francophone, même dans le contexte perturbé qui est le nôtre.
L’Union européenne vient de débloquer les financements pour ses nouveaux programmes 2021-2027 d’Erasmus + et du Corps européen de solidarité. À cette occasion, l’AEF (Agence francophone pour l’éducation et la formation tout au long de la vie) et le Bije (Bureau international jeunesse), les deux agences responsables du développement des deux programmes et qui assistent les candidats au départ chez nous, ont fait le point mercredi sur cette démarche qui, pour eux, s’impose "comme un important outil d’apprentissage, complémentaire à l’enseignement".
Une recherche confiée à l’UCLouvain
Pour en démontrer la pertinence, une mission de recherche a été confiée à l’UCLouvain. Que retire-t-on d’une telle expérience ? Lors d’entretiens approfondis avec 50 jeunes, Margot Achard et Geoffrey Pleyers ont étudié les retombées de leur mobilité entre un et cinq ans après sa réalisation.
"Ils en sortent transformés, valorisés"
Premier constat : des apports indéniables en termes personnels. "Les jeunes qui partent en mobilité ne partent pas en vacances, plaisante le professeur de sociologie Geoffrey Pleyers. Le fait de s’investir dans un projet donne une dimension particulière à l’expérience, dès la phase de préparation." Du coup, constatent les chercheurs, ces jeunes entrent dans une spirale vertueuse d’apprentissage. "En sortant de leur zone de confort, ils se rendent compte de leurs forces et faiblesses et ils en sortent transformés, valorisés." Bref, ils reprennent confiance et ont faim de découvrir encore plus de choses.
En matière d’apprentissages, bien sûr, l’expérience de mobilité permet d’acquérir d’autres compétences et d’en perfectionner certaines. On pense évidemment à l’usage des langues étrangères. "Mais de nombreuses compétences transversales indispensables sur le marché du travail sont également aiguisées", poursuit Geoffrey Pleyers. Comme l’autonomie, la capacité de travailler en équipe, de décider, d’assumer des responsabilités, de prendre des initiatives.
Cela est d’autant plus important qu’un gros effort est fait pour rendre ces projets accessibles à tous. C’est même l’une des priorités des programmes 2021-2027. "On trouve souvent, parmi les freins à la mobilité, son coût, l’accès à l’information et la lourdeur des démarches administratives. Certains jeunes ont aussi la certitude que ce n’est pas fait pour eux", explique la chercheuse en sociologie Margot Achard. C’est pourquoi les structures qui vont les accompagner doivent être proactives, aller les chercher, mais aussi diversifier leurs propositions pour que chacun puisse y trouver son compte. "Proposer des mobilités en groupes ou moins loin, voire en Belgique, par exemple", détaille-t-elle, sûre après cette recherche que "ces mobilités peuvent changer des vies".
"Je le referais mille fois !"
"Je n’ai qu’une chose à dire : n’attendez pas !" L’enthousiasme de Diego fait plaisir à voir. Grâce à Erasmus +, le jeune diplômé de l’école hôtelière provinciale de Namur est parti à Barcelone pour un stage dans le restaurant étoilé Enigma. "Je le referais mille fois", s’emballe-t-il, évoquant les portes qui s’ouvrent dans son milieu professionnel, la richesse des contacts, ce qu’il a appris sur lui-même. "Suivi par mon maître de stage et soutenu financièrement, j’ai pu partir seul pour la première fois, et devenir indépendant tout en étant bien encadré."
De 2014 à 2020, 4 millions de personnes ont ainsi participé à Erasmus +, dont près de 51 000 jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (environ 36 000 mobilités dans l’éducation/formation et 15 000 autres dans les secteurs jeunesse et sport).
Le Corps européen de solidarité, lui, a été créé en 2018. Environ 500 projets de volontariat et de solidarité ont été financés en Fédération Wallonie-Bruxelles en trois ans.
Près de 30 milliards pour 2021-2027
Pour 2021-2027, l’Union européenne vient d’allouer près de 30 milliards d’euros à ses deux programmes phares avec trois priorités : inclusion de tous les publics, écologie et numérique.
"L’enthousiasme reste intact, même si la crise sanitaire a un peu retardé ou modifié certains projets, rapporte Laurence Hermand, la directrice du Bije. Attention, un projet de mobilité ne s’improvise pas. Nos équipes sont là pour aider les candidats." Les prochains dossiers devront être rentrés le 5 octobre au plus tard pour des mobilités qui commenceront à partir du 1er janvier avec le Corps européen de solidarité et à partir du 1er mars avec Erasmus +.