Valérie Glatigny mise en cause par des étudiants : "Cette affaire relève de la liberté d’expression. C’est inquiétant"
Dans une vidéo, trois étudiants dénoncent l’attaque en justice que mènerait la ministre MR contre eux.
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Publié le 27-05-2021 à 21h12 - Mis à jour le 28-05-2021 à 07h28
Pour introduire une vidéo de 4 minutes 30 publiée ce jeudi matin sur Facebook, trois étudiants écrivent : "La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), nous attaque en justice pour harcèlement, à la suite d’une vidéo publiée en juin 2020. Pour nous, cette affaire relève de la liberté d’expression. C’est inquiétant." En réalité, la plainte remonte à il y a un an et ne vise pas la vidéo de 2020. Les étudiants de l’enseignement supérieur s’apprêtent alors à affronter leur première session d’examens de l’ère Covid. L’Union syndicale étudiante, le Comac, l’Assemblée des étudiants de l’UCLouvain et le mouvement No One Fails lancent une pétition pour demander l’attribution à tout le monde d’une cote généralisée de 10/20.
Le 9 juin, pour mettre un coup de pression supplémentaire, No One Fails lance une plateforme sur Internet où un appel est lancé à tous d’envoyer SMS et mails à la ministre et aux recteurs pour les inonder de messages revendiquant l’annulation des examens. Leurs numéros privés sont publiés. "Pendant quatre jours, j’ai reçu une avalanche de SMS, y compris à mon numéro privé en plein milieu de la nuit, se souvient la ministre. J’ai donc contacté l’hébergeur de la plateforme pour savoir ce qu’il fallait faire pour que mon numéro privé disparaisse. Le seul moyen était de déposer plainte, ce que j’ai fait."
Le 15 juin 2020, la plateforme est fermée et le harcèlement s’arrête. Le lendemain, dit la ministre, son cabinet a averti la police oralement, puis le parquet par écrit, qu’elle souhaitait retirer sa plainte. "Le parquet a confirmé en avril que celle-ci était classée sans suite", précise-t-elle.
Des messages pas si cordiaux
Comment ces étudiants se sont-ils retrouvés convoqués au commissariat ? Mystère. Et pourquoi eux ? D’après le porte-parole du webmédia citoyen Tout va bien qui diffuse la vidéo, c’est à cause d’une autre vidéo publiée sur le même média le 12 juin 2020, où tous trois apparaissent. Pour eux, cette vidéo est le seul lien entre eux et la plateforme visée par la plainte. Et de craindre pour la liberté d’expression.
Dans la vidéo de ce jeudi, ils disent aussi : "On nous reproche de collaborer à la campagne de No One Fails et d’interpeller la ministre sur ses comptes professionnels pour l’inviter cordialement à écouter les étudiants qui demandaient des mesures concrètes pour faire face à la pandémie." Sauf que ce n’était ni des comptes professionnels ni des messages cordiaux, et les mesures réclamées se limitaient à obtenir la moitié des points. Reste que trois étudiants disent avoir été convoqués au commissariat, un an après les faits et personnellement visés. Nous n’avons pas obtenu la confirmation du parquet. Et après ? La ministre répète qu’elle ne veut pas et n’a jamais voulu porter plainte contre des étudiants. Et ces derniers se disent rassurés de savoir que la plainte a été retirée, conclut le porte-parole de Tout va bien. Tout ça pour ça ?