"Je connais un directeur qui va chercher ses élèves avec sa propre camionnette": le transport scolaire des élèves reste problématique
Le transport scolaire reste galère pour certains élèves. Surtout dans le spécialisé.
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- Publié le 07-10-2021 à 06h46
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"Cela fait trop longtemps que ces problèmes existent, il est temps que les autorités politiques trouvent enfin une solution pérenne", tonne Jean-François Delsart, directeur des services diocésains de l'enseignement fondamental catholique à Liège. Avec Béatrice Barbier, présidente de l'Association des directions de l'enseignement spécialisé catholique (Adesp), il tape du poing sur la table. Chaque année, le transport scolaire met des familles en difficulté. Mais cette fois on atteint des sommets, estiment les deux spécialistes dans La Libre, qui évoquent le cas d'élèves de l'enseignement spécialisé toujours pas scolarisés à ce stade de l'année.
En Wallonie, environ 27 000 élèves (de l’ordinaire et du spécialisé) utilisent une des 940 lignes de "ramassage scolaire" disponibles. Chacun peut y prétendre, pour autant qu’il habite à plus d’un kilomètre de son école, qu’il n’ait pas la possibilité d’utiliser une ligne de transports publics et qu’il soit inscrit dans l’école la plus proche de son domicile, parmi celles qui répondent notamment à son choix confessionnel ou non confessionnel (dans le fondamental, toute école située à moins de 4 km est considérée comme la plus proche).
Les élèves du spécialisé étaient exonérés de ces règles jusqu’ici. Mais les élèves du type 1 (retard mental léger) et du type 8 (troubles des apprentissages) y sont désormais soumis. Autrement dit, pas question de transport scolaire si une ligne publique existe sur le même trajet. Or, plusieurs nouvelles lignes ont justement été mises en service par le Tec. Tous les enfants ne sont cependant pas en mesure de se déplacer seuls en transports publics. Il en va de leur sécurité.
L’usage du transport scolaire doit faire l’objet d’une demande des parents, via l’école de l’élève. En cas de refus, les parents peuvent introduire une demande de dérogation. Puis commence l’attente.
Toujours pas en classe
Cette année, certaines réponses tardent encore à arriver. Y compris pour des élèves de l'enseignement spécialisé. Faute de transport scolaire, ces écoliers ne sont toujours pas en classe. "Je connais un directeur qui prend chaque jour sa camionnette pour aller chercher ses élèves, insiste Jean-François Delsart. Vous trouvez que c'est son travail ?" Dans cette école primaire spécialisée, plusieurs dizaines d'écoliers seraient toujours chez eux sans son intervention.
L’autre problème principal est connu de très longue date. Il s’agit de la longueur des trajets que doivent supporter certains enfants. Le délégué général aux droits de l’enfant et la Ligue des familles s’y sont déjà intéressés. Force est pourtant de constater que la situation ne s’améliore pas, loin s’en faut.
"Il faut étendre l'offre de transport scolaire", réclame dès lors le député socialiste Laurent Léonard, également président du CECP (le Conseil de l'enseignement des communes et provinces), depuis longtemps. "Comment accepter qu'un enfant qui termine l'école à 15 h 30 arrive chez lui à 18 h ?"
L’utilisation des grands bus privilégiée
Comme souvent, l’argent est le nerf de la guerre. Un observateur proche du dossier explique que l’utilisation de grands bus est privilégiée à des véhicules plus petits. Il y a ainsi moins de chauffeurs à rétribuer. Sauf que "ramasser" tout le monde prend évidemment plus de temps et impose aux jeunes usagers, déjà fragilisés, fatigue et stress supplémentaires.
À ce stade, la Société régionale wallonne des transports, qui débloque le droit au transport scolaire, le Tec, qui l’organise, et le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Écolo), se renvoient la balle.