"Il faut une vraie réflexion pour encadrer les baptêmes estudiantins"
Le procureur du Roi de Namur s’est exprimé à la suite de l’autopsie du jeune homme mort après un baptême étudiant.
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Publié le 03-11-2021 à 20h10 - Mis à jour le 04-11-2021 à 08h23
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L’autopsie d’Antonin Deneffe, 19 ans, dont le corps sans vie a été retrouvé dimanche dans une propriété située à Gedinne (Namur) a été réalisée mardi soir. Le procureur du Roi de Namur, Vincent Macq, a pu livrer, ce mercredi, les premiers éléments de cet examen médico-légal.
Les causes du décès ne sont pas liées à des coups. "Mais il ne s'agit pas d'un décès de cause naturelle, nous précise le procureur. L'autopsie a fermé pas mal de portes, notamment un décès lié à une chute ou à une violence extérieure. Ces hypothèses ont été évoquées, mais elles peuvent être écartées sur la base de l'autopsie réalisée. À l'heure actuelle, la piste privilégiée, c'est la mort liée à une substance", poursuit Vincent Macq. Une analyse toxicologique a été réalisée et les résultats sont attendus pour les prochains jours.
Alcool ? Stupéfiants ? Un mélange des deux ? Le procureur n’avance aucune hypothèse, même si la piste la plus probable demeure celle d’un décès lié à l’alcool. Car au moment où les secours sont intervenus, dimanche midi, pour tenter de réanimer Antonin, un autre jeune homme a été transporté à l’hôpital avec 2,9 grammes d’alcool dans le sang.
Il n’existe pas de dose létale concernant la quantité d’alcool consommée, mais le risque de coma éthylique est particulièrement important lorsqu’une quantité d’alcool comprise entre 2 et 4 grammes par litre de sang est consommée rapidement. Au-delà de 3 grammes, la température du corps baisse considérablement, entraînant un important risque d’hypothermie. Le risque le plus important reste le coma éthylique. Mais la mort par intoxication alcoolique est également possible puisqu’un haut taux d’alcool peut provoquer une diminution de la respiration et aboutir à un arrêt respiratoire.
"L’alcool coulait à flots"
Pour rappel, Antonin a été découvert, inanimé, par des étudiants infirmiers qui ont tenté de le réanimer avant l’arrivée des services des secours. Mais ces derniers, une fois sur place, n’ont pu que constater le décès. Le jeune homme avait passé la soirée avec près de 300 autres étudiants.
Une soirée pas comme les autres, il s’agissait d’un baptême estudiantin organisé par plusieurs cercles étudiants. Les premiers éléments de l’enquête ont révélé qu’Antonin a été vu durant toute la soirée sans qu’il y ait quelque chose de particulier à signaler. Il a participé aux activités organisées durant cette soirée puis est allé dormir sans qu’aucun incident ne soit rapporté.
"Il y a eu une première partie de soirée durant laquelle les étudiants participaient à une série d'épreuves successives comme ingurgiter de la nourriture pour animaux ou encore se coucher dans une baignoire de sang. Une sorte de parcours initiatique avant de passer devant un membre du comité. Il n'y avait pas d'alcool durant ce baptême. Par contre, après ces épreuves, il coulait à flots", expliquait, Vincent Macq, déjà ce dimanche.
"J’appelle à un sursaut"
Contacté ce mercredi, le procureur demeure prudent quant aux liens entre la mort d'Antonin et la soirée organisée la veille. Mais Vincent Macq estime que ce qui se passe après les baptêmes n'en reste pas moins interpellant. "Certains commentaires dans la presse évoquent un 'dérapage', une 'fatalité'. Je ne peux accepter un tel raisonnement. J'appelle à un sursaut. Un jeune homme de 19 ans a perdu la vie. C'est un drame pour ses proches, aucun parent ne souhaite voir son enfant participer à ce qui doit être une fête pour ne plus jamais revenir ensuite. Certes, il existe une charte éthique où sont rappelées certaines infractions au Code pénal, mais cela ne suffit pas. Des choses ont lieu après ces soirées, c'est pourquoi i l faut une vraie réflexion pour encadrer tout ce qui se fait autour des baptêmes estudiantins."
L'enquête se poursuit pour tenter de déterminer ce qui s'est précisément passé la soirée du 30 octobre. Trois cents personnes étaient présentes, mais certaines n'ont que très peu de souvenirs. "Une série d'auditions est prévue. Je souhaite faire la chronologie exacte des dernières heures d'Antonin", conclut le procureur du Roi de Namur.