Écolo veut rendre le néerlandais obligatoire pour les élèves wallons
En Fédération Wallonie-Bruxelles, le pacte de majorité qui lie le gouvernement PS-MR-Écolo, scellé en septembre 2019, prévoit de lancer un grand débat public sur l’apprentissage obligatoire du néerlandais (ou de l’allemand) dans les écoles wallonnes. Mais, ne voyant rien venir, les écologistes veulent jeter un pavé dans la mare.
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Publié le 05-11-2021 à 06h28 - Mis à jour le 05-11-2021 à 08h42
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En Belgique, la langue majoritaire est le néerlandais. Il ne s’agit pas que de domination démographique : la réussite économique de la Flandre, les succès de ses entreprises donnent plus de poids encore à la langue de l’écrivain et poète Joost van den Vondel. Malgré ce constat, l’enseignement du néerlandais n’est pas obligatoire en Wallonie (contrairement à Bruxelles). En Fédération Wallonie-Bruxelles, le pacte de majorité qui lie le gouvernement PS-MR-Écolo, scellé en septembre 2019, prévoit de lancer un grand débat public sur l’apprentissage obligatoire du néerlandais (ou de l’allemand) dans les écoles wallonnes. Mais, ne voyant rien venir, les écologistes veulent jeter un pavé dans la mare.
Donner un avenir à la Belgique
Ce dossier est évoqué par Gilles Vanden Burre, chef de groupe Écolo-Groen à la Chambre des représentants. Bruxellois, il est sorti de l’enseignement secondaire avec une bonne connaissance du néerlandais. Il l’a peaufinée pendant plus d’une dizaine d’années dans le privé (chez Umicore, notamment), au contact de ses collègues néerlandophones. Le parlementaire vert voit deux raisons qui pressent de rendre obligatoire l’apprentissage du néerlandais au sud du pays : la volonté de pérenniser le fédéralisme belge et celle de rendre les Wallons plus compétitifs sur le marché de l’emploi.
"Aujourd'hui, on peut encore faire toute sa scolarité en Wallonie sans une heure de néerlandais, c'est incompréhensible, déplore Gilles Vanden Burre. Pour Écolo, c'est un dossier très important, pour peu que l'on veuille donner un avenir à ce pays. On sait que le débat institutionnel va revenir rapidement en vue d'une 7e réforme de l'État. Si les gens ne se comprennent plus de part et d'autre de la frontière linguistique, ce sera difficile. L'avenir fort, uni et solidaire de ce pays implique cette compréhension mutuelle."
La Suisse et le Luxembourg en exemple
Le chef de groupe Écolo-Groen prend deux exemples parmi les pays multilingues et les compare à la situation belge et wallonne. "Au Luxembourg, le système éducatif utilise à la fois l'allemand et le français. Au terme de leur scolarité, avec le luxembourgeois en plus, les jeunes sont au minimum trilingues. En Suisse, la première langue étrangère, enseignée dès la troisième primaire, doit être l'une des langues nationales. En Flandre, le français est obligatoire à partir de la troisième primaire. Et, à Bruxelles, même principe vis-à-vis du néerlandais. Il faut donc qu'en Wallonie également la première langue étrangère apprise soit une langue nationale. Je pense en priorité au néerlandais."
Le second argument évoqué par Gilles Vanden Burre en faveur de l'enseignement obligatoire du néerlandais en Wallonie est socio-économique. "Même si on adopte une vision purement utilitariste de la langue - ce qui n'est pas mon cas -, parler le néerlandais est un vrai atout sur le marché de l'emploi. En Flandre, les entreprises de certains secteurs industriels sont dans une recherche quasi-désespérée de main-d'œuvre. Certains disent que c'est un argument de Bruxellois et que le néerlandais n'est pas nécessaire en Wallonie pour trouver un emploi… Pourtant, selon une étude du Forem (de 2017), 11,8 % des offres d'emploi en Wallonie demandent la maîtrise du néerlandais, contre 9,4 % pour l'anglais. La problématique socio-économique, à elle seule, justifie de rendre le néerlandais obligatoire."
Pression sur le PS
En 1996, Laurette Onkelinx (PS), alors ministre de l'Enseignement, assurait que les élèves francophones seraient "tous bilingues au sortir du secondaire en 2001". Cet objectif n'a pas été atteint, et c'est un euphémisme. Ces dernières années, les élèves wallons ont délaissé l'apprentissage du néerlandais en faveur de l'anglais. "En 2009/2010, 49 % des Wallons choisissaient le néerlandais ; en 2020, ce pourcentage est tombé à 34 %. Face à cette réalité, au niveau du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ça n'a pas beaucoup avancé", constate Gilles Vanden Burre.
Par conséquent, ce dernier veut pousser le partenaire socialiste à agir : "La ministre de l'Éducation, Caroline Désir (PS), annonçait un rapport pour septembre sur la question, mais ce rapport n'a pas été communiqué. D'aucuns savent que ce dossier sera tranché politiquement au plus haut niveau dans le gouvernement ou au niveau des présidents de parti. Du côté du MR, on voit que les choses bougent. Du côté socialiste, ça a l'air de coincer. C'est une question de volonté politique, mais il n'y a pas d'impulsion. Il faut avancer pour cette année parlementaire, d'ici juin."