Pourquoi supprimer les cours de religion impacterait surtout les élèves qui suivent les religions minoritaires
Vers l’essor des écoles confessionnelles?
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Publié le 24-11-2021 à 20h08 - Mis à jour le 24-11-2021 à 22h28
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Pour remettre dans son contexte le débat sur l'organisation des cours dits philosophiques (les cours de religion, de morale et de philosophie et citoyenneté), il est intéressant d'observer comment leur fréquentation a évolué.
À la rentrée 2019-2020 dans l’enseignement officiel, où les élèves peuvent consacrer leur deuxième heure de cours philosophiques à une des religions, à la morale ou à une deuxième heure de philo et citoyenneté, cette dernière a été choisie par 14,88 % au niveau primaire, et 17,22 % au niveau secondaire. Elle grappille environ 1% par an.
Toujours dans l’officiel, le succès croissant pour la philo et citoyenneté a accentué le désintérêt pour la morale et la religion catholique.
Morale et religion catholique en recul
Dans le secondaire, entre 2015-2016 (la dernière année sans philo et citoyenneté) et 2019-2020 (les derniers chiffres dont on dispose), la proportion d’élèves fréquentant le cours de morale est passée de 55 à 40 % et celle des inscrits au cours de religion catholique dans les écoles officielles a chuté de 20 à 15 % environ.
Dans le même temps, les cours des religions minoritaires se sont stabilisés ou ont légèrement crû. Le cours de religion islamique remporte même un succès grandissant à Bruxelles, où il réunit désormais plus de 50 % des élèves, tant au niveau primaire qu’en secondaire.
Pour la chercheuse Caroline Sägesser (Crisp-ULB), qui a participé au groupe de travail ad hoc, supprimer les cours de religion des grilles de l’enseignement officiel aura donc un impact particulièrement important pour les élèves qui suivent les religions minoritaires, qui n’ont pas de réseau confessionnel d’importance comparable au réseau catholique.
"La création d’écoles au public homogène"
Invitée à peser les avantages et les inconvénients du maintien des cours de religion et de morale (et il y en a autant d'un côté que de l'autre), la chercheuse a notamment estimé que celui-ci "permettrait à l'enseignement officiel d'accueillir tous les élèves, même ceux pour qui un cours de religion est important et qui sinon se retrouveraient dans l'enseignement libre". Autre effet : "On éviterait ainsi de favoriser la création d'écoles confessionnelles islamiques ou protestantes évangéliques où le public est homogène." Et de noter la différence entre ces dernières et les écoles catholiques, où le public est très diversifié et le cours de religion souvent déconfessionnalisé. "Le cours de religion catholique le plus engagé se trouve aujourd'hui dans l'enseignement officiel."
En tenant compte de l’ensemble des réseaux de l’enseignement obligatoire, la religion catholique reste néanmoins l’option philosophique la plus suivie à ce jour.
