L'ULYC, le kot des passionnés de voile: "Nous voulons faire connaître ce sport au plus grand nombre"
Pour le cinquième numéro de la série "Cap sur les KAP", qui s'intéresse aux kots-à-projet, "La Libre Etudiant" est montée à bord du voilier de l'ULYC pour en apprendre plus sur le monde de la navigation.
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Publié le 12-04-2022 à 10h37 - Mis à jour le 12-04-2022 à 11h35
En ce samedi matin, le ciel est gris et les températures sont fraîches à Nieuport. Si le temps ne donne pas vraiment envie de mettre un pied dehors, huit étudiants, eux, sont déjà sur le pont. Littéralement. Ils sont en train de préparer leur voilier pour leur sortie en mer du week-end. Le tout, dans la bonne humeur.
"Bienvenue sur le Mer Gaspard VII", nous accueille Guillaume, le président ou plutôt le "commodore" du Royal University of Louvain Yacht Club (ULYC). Fondé en 1964 à Leuven, l'ULYC est aujourd'hui situé à Louvain-la-Neuve. Le but de ce kot-à-projet? Promouvoir la voile et la rendre plus accessible.
"Vous voulez visiter notre bateau?", nous demandent-ils immédiatement. Ce bateau, c'est leur bébé. Même s'ils sont aidés au jour le jour par l'UCLouvain Sports et d'autres sponsors, ils l'ont financé en majorité grâce aux activités qu'ils organisent. "On essaie d'économiser assez pour pouvoir en racheter un tous les 10 ans", nous précisent-ils.
Après avoir enjambé les cordages, nous voilà dans le vif du sujet. A l'intérieur, nous découvrons tout l'équipement nécessaire à un séjour en mer : des couchettes, une petite cuisinière, et des victuailles emprisonnées dans des filets pour se prémunir d'éventuelles chutes. Mais pas seulement. Il y a aussi des cartes, une radio, des balises, des gilets de sauvetage et des radeaux de survie. Pour des néophytes, il y a de quoi s'y perdre. Mais les étudiants sont très pédagogues. Ils prennent le temps de nous expliquer l'utilité de tel ou tel objet.
Une volonté de pédagogie
"Nous avons à coeur de partager notre passion pour la voile avec d'autres amateurs, mais aussi avec ceux qui n'y connaissent rien", résume Guillaume. "Chaque week-end durant l'année, on organise des sorties de ce type-là en mer du Nord. Durant deux jours, des petits groupes de 5 à 6 personnes vont pouvoir vivre la vie d'équipage. Les participants vont dormir sur le bateau et aller jusqu'à Ostende ou Dunkerque, en fonction de la météo." Lors de ces sorties, un membre de l'ULYC est systématiquement présent et sert de skipper (chef de bord). "Nous faisons très attention à la sécurité", précise Sacha, le skipper du jour et ancien de l'ULYC.
Pour pouvoir accompagner les participants, les skippers bénévoles de l'ULYC doivent passer un permis reconnu. En plus de cela, ils sont évalués par des membres du kot-à-projet afin de voir s'ils sont suffisamment pédagogues pour partager leur passion. "L'enjeu est de transmettre nos connaissances et de s'assurer que le voyage se passe bien", résume Sacha. "On briefe l'équipage sur le matériel à bord, on leur apprend à utiliser une carte, puis on part en mer. Certains n'ont jamais fait de la voile avant donc il faut bien leur expliquer les bases." Etant donné que l'ULYC est à la fois un kot-à-projet et un club de voile, il s'adresse à tous : aux étudiants, mais aussi aux adultes. "On remarque que cette activité plait énormément. Dès qu'on ouvre les inscriptions, on est assailli de demandes."
Heureusement, les membres du kot trouvent quand même le temps de profiter de leur bateau et de partir entre eux. Au moment de notre venue, l'équipage était d'ailleurs constitué exclusivement d'étudiants du KAP. Ceux-ci s'entraînaient pour la Course Croisière Edhec, le plus grand rendez-vous d'Europe des étudiants amateurs de voile. "Pour certains d'entre nous c'est la première régate, donc on se retrouve pour se coordonner et s'assurer que tout le monde sait ce qu'il devra faire une fois sur place", nous expliquent-ils. Une préparation qui leur a plutôt bien réussi puisqu'ils ont terminé 5ème au classement général de leur catégorie.
Une passion qui ne s'éteint jamais
"Aujourd'hui, il n'y a que des garçons sur le bateau, mais la voile n'a pas de genre. Il y a aussi des filles dans notre kot. On est moitié-moitié", tient à préciser le président. Leur kot est donc composé de 15 mordues et mordus de voile, comme Tom, récemment arrivé. "Ma grand-mère avait une maison en Bretagne. J'ai été au contact de petits bateaux dès l'âge de 4-5 ans. Très vite, j'ai accroché à la planche à voile. Mais j'ai arrêté lorsque l'on a vendu la maison. Quand je suis arrivé à l'université, je n'avais de toute façon plus trop le temps de faire de la voile. J'ai appris par hasard l'existence de l'ULYC. J'ai participé à leurs événements pendant un an et demi, avant de rejoindre définitivement l'équipe", nous dit-il. Aujourd'hui, il peut vivre pleinement sa passion, notamment via le week-end planche à voile que le kot organise pendant les vacances de Pâques aux Lacs de l'Eau d'Heure.
Même s'il avait déjà des connaissances en la matière, il continue à en apprendre tous les jours au contact des autres membres du kot. "Moi, je faisais uniquement de la planche à voile. Intégrer l'ULYC m'a permis de découvrir d'autres choses. Je n'avais par exemple jamais essayé les bateaux habitables. J'ai aussi appris à réparer les planches à voile et les bateaux. Et qui sait, je deviendrai peut-être skipper plus tard."
Lorsqu'ils finissent leurs études, les anciens de l'ULYC restent généralement au contact du monde de la navigation qu'ils aiment tant. "Pas mal de projets voient le jour", confirme Sacha, justement ancien de l'ULYC. "Certains participent à des Mini Transat (ndlr : des courses en voilier de 6,50m en solitaire et sans assistance). D'autres étudient les microplastiques dans l'océan. D'autres encore se sont rendus en Afrique pour étudier les fonds marins."
Alors que la majorité des kots-à-projet suspendent leurs activités durant les grandes vacances, pas question pour l'ULYC de se mettre en pause. "En juillet-août, on organise des croisières d'une semaine en Bretagne. L'ambiance est complètement différente. L'Atlantique, ce n'est pas la même chose que la mer du Nord. Et, en été, c'est quand même plus agréable", conclut Guillaume. Mais, en attendant de pouvoir profiter des beaux jours, il est déjà temps pour eux de nous dire au revoir et de répondre à l'appel de la mer.