La ministre Glatigny (MR) refuse la création d’un master en médecine à Mons et à Namur : “On ne peut plus se permettre de faire du sous-localisme”
En charge de l’Enseignement supérieur dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny estime qu’il serait néfaste et coûteux de multiplier les filières en médecine. La libérale s’attend à une contestation de sa décision mais affirme qu’elle ne changera pas d’avis.
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Publié le 07-02-2023 à 21h21 - Mis à jour le 08-02-2023 à 06h48
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Valérie Glatigny (MR) a tranché. Cette année, parmi les 57 demandes de création de nouveaux programmes d’études, elle n’en acceptera que 55. Le calcul est facile : deux “habilitations”, selon le terme technique, seront rejetées par la ministre de l’Enseignement supérieur. Lesquelles ? Celle remise par l’UNamur et portant sur le lancement d’un master de spécialisation en médecine générale et celle remise par l’UMons en vue de créer un master en médecine.
Les numéros Inami
Pour la ministre, il est inutile, voire néfaste, de multiplier les offres académiques de ce genre sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. “Ma décision n’est pas contre Mons et Namur puisque d’autres demandes venant de ces universités sont acceptées, précise-t-elle d’emblée. Mais lancer deux nouveaux masters en médecine pose problème car ils portent sur une profession dont l’accès est contingenté. Je fais évidemment référence aux numéros Inami. On va donc refuser ces deux demandes au nom de la lutte contre le sous-localisme et la bonne gestion des deniers publics. C’est un enjeu de survie pour la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).”
Pour Valérie Glatigny, l’espace institutionnel qui réunit les francophones ne peut pas se permettre le moindre éparpillement de ses budgets. “Le coût moyen d’un étudiant en médecine est de 11 730 euros. Avec cette ouverture de deux masters, on passerait à 13 800 euros. Sur trois ans, en cas d’ouverture d’un master à Mons et à Namur, cela représenterait environ un demi-million d’euros qui n’ira pas aux autres étudiants francophones. Ce n’est pas anodin, il y aurait un vrai impact pour la qualité de la formation en Fédération.”
Comme mentionné plus haut dans cet article, ces deux masters ne permettraient pas d’augmenter le nombre de diplômés en médecine au sein de la FWB, en raison du contingentement. “On a fait un deal sur les numéros Inami avec le fédéral afin d’augmenter le nombre de diplômés, expose Valérie Glatigny. On est passé de 505 à 744. Mais on ne pourra pas aller au-delà. On ne va donc pas diplômer davantage d’étudiants en médecine en créant des masters.” Pas davantage de diplômés, des surcoûts évitables, une qualité de la formation qui se dégrade… Pour la responsable MR, valider ces deux nouveaux masters entrerait en contradiction flagrante avec la poli tique fixée par le gouvernement de la Fédération.
La fin du “saupoudrage”
La ministre de l’Enseignement supérieur a conscience que sa décision pourrait susciter des réactions, des déceptions. Elle est toutefois certaine d’avoir fait le bon choix et assure qu’elle ne changera pas d’avis. “Je ne veux pas plier à ce sujet car je me suis battue pour le refinancement de l’enseignement supérieur : 70 millions en plus en 2023, 80 millions en 2024… On n’a pas le loisir de dépenser un seul euro qui n’aboutirait pas à un retour sur investissement en nombre de diplômés et en qualité d’enseignement. On ne peut plus se permettre le luxe de saupoudrer, de faire du sous-localisme. C’est aussi une question de respect pour les autres secteurs relevant de la Fédération, comme l’aide à la jeunesse par exemple, également dans mes compétences ministérielles.”
Et ne parlez pas à Valérie Glatigny de l’intérêt de développer la filière complète en médecine dans le Hainaut et d’y combattre la pénurie de médecins…. Pour cette philosophe de formation, ce raisonnement est complètement tronqué. “Je devine déjà que l’on va m’opposer ce genre d’argument mais aucune donnée empirique ne montre une corrélation entre le fait d’organiser le programme complet en médecine sur un territoire et le nombre de médecins généralistes par habitant que l’on y trouve !”
Et après, des hôpitaux universitaires ?
Enfin, la ministre libérale s’interroge sur les conséquences qu’aurait eues un feu vert accordé aux demandes d’habilitation de l’UMons et de l’UNamur. “Je pense que ce qui va être demandé ensuite, en lien avec les masters en médecine, c’est que Mons et Namur disposent à l’avenir d’un hôpital universitaire. Mais cela veut dire, pour les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 3 ou 4 millions en plus à débourser en financement de l’équipement lourd et en infrastructures. Et cela risque de causer des frictions avec le fédéral qui devra aussi donner son accord pour faire évoluer des établissements en hôpital universitaire. Ces dépenses supplémentaires sont intenables.”