À l’UNamur, les futurs médecins apprennent à détecter les violences conjugales auprès des patientes enceintes
La faculté de médecine innove en proposant aux étudiants en Bac 3 des cours pratiques sous la forme d’un “Escape game” conçu par des enseignantes sages-femmes de l’Hénnalux.
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Publié le 14-02-2023 à 19h31 - Mis à jour le 15-02-2023 à 08h03
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La grossesse, c’est une période particulièrement à risque pour les victimes de violences conjugales. Mais les médecins sont aujourd’hui peu formés à détecter ces situations. La faculté de médecine de l’UNamur innove en intégrant, dès les bacheliers, cette compétence dans son programme de formation. Mardi, dans le cadre de leurs cours de psychologie médicale, les étudiants de Bac 3 ont bénéficié d’une sensibilisation à la thématique de la violence conjugale. Pour les travaux pratiques de “communication professionnelle en santé”, ces futurs médecins ont été plongés dans un “Escape Game” conçu par deux enseignantes sages-femmes du département paramédical de la Haute école Hénallux – une collaboration inédite en Wallonie.
”Nous avons déjà utilisé cette approche pédagogique pour former les futures sages-femmes à détecter des situations de violence conjugale auprès de patientes enceintes. Mais nous savons que pour lutter le plus efficacement contre ce phénomène et venir en aide aux victimes, une approche interprofessionnelle est primordiale, soulignent Milena Jarosik et Sophie Evrard, enseignantes sages-femmes à Hénallux. Pouvoir sensibiliser de futurs médecins avec notre expertise de sages-femmes est une formidable opportunité pour renforcer les complémentarités dans la prise en charge des patients.”
Briser la loi du silence
Dans leur cours de psychologie médicale, les étudiants en médecine apprennent à gérer la colère d’un patient, l’annonce de mauvaise nouvelle ou encore à détecter et aborder les violences familiales. “En confiant cette sensibilisation à des enseignantes sages-femmes, nous montrons à nos étudiants toute l’importance de la collaboration dans le domaine des soins aux patients”, explique Hélène Givron, coordinatrice pédagogique et maître de conférences au département de psychologie de l’UNamur. “L’enseignement de la communication (inter) professionnelle en santé est encore trop peu présent dans la majorité des cursus en médecine. Pourtant, 70 % des erreurs médicales sont dues à des erreurs communicationnelles”, indique encore Hélène Givron.
”La loi du silence caractérise ces situations. Pourtant, penser aux violences conjugales dans les hypothèses diagnostiques est une condition indispensable à l’identification des personnes concernées. Cet 'Escape game' vient donc répondre à ce besoin de formation. Il fera par la suite l’objet d’une recherche afin d’en évaluer les effets” , poursuit la coordinatrice pédagogique.
”Oser poser les bonnes questions”
L’”Escape Game” commence par une courte vidéo brossant le portrait d’une femme, qui donne des indices pour résoudre les énigmes présentes dans une boîte. Chaque énigme répond à un objectif pédagogique précis défini sur la base des recommandations professionnelles nationales et internationales. Répartis en petits groupes, les étudiants ont 45 minutes pour “Oser poser les bonnes questions” et résoudre les énigmes. La séance se termine par un débriefing pour capitaliser les notions clés abordées et favoriser un transfert dans la pratique professionnelle.
Les violences les plus fréquentes ne sont pas les plus visibles mais leur impact sur la santé des femmes et de l’enfant à naître est très important, insiste l’équipe pédagogique Unamur-Hénallux. “La fréquence des consultations et le lien de confiance qui s’établit avec la femme lors de la période de la grossesse constituent une fenêtre d’opportunité pour lever le tabou et libérer la parole sur ces situations. Mais encore faut-il oser poser les bonnes questions et savoir comment agir ensuite.”