D’après un sondage mené par Vooruit BXL, près de sept néerlandophones sondés sur 10 souhaitent adopter le rythme scolaire francophone

1610 personnes dont 40 % de néerlandophones ont répondu à une enquête menée par les socialistes flamands bruxellois entre le 27 avril et le 10 mai deniers. Au Nord du pays, Vooruit prône un système à la francophone : moins de vacances d’été, des périodes de cours de 7 semaines, etc.

M. L.
Jef Van Damme (Vooruit).
Jef Van Damme (Vooruit). ©DR/AFP

68,33 % des enseignants néerlandophones (192 personnes sur 281) ayant répondu à une enquête sur les rythmes scolaires menée par les socialistes flamands bruxellois préfèrent le système francophone, mis en place par la ministre FWB en charge du dossier Caroline Désir (PS) cette année. Côté francophones, ils sont 62,54 % (217 sur 347). Tandis que sur l’ensemble des répondants, 88,70 % répondent que les vacances scolaires devraient coïncider et 61,30 privilégient le modèle francophone. Aussi surprenant soit-il, ce résultat est le fruit d’une enquête bilingue menée auprès de 1610 personnes entre le 27 avril et le 10 mai dernier.

Un tiers des personnes favorables au choix francophone privilégient ainsi “une répartition plus équilibrée de l’année scolaire” (58 %), “des périodes de repos plus longues entre les périodes de cours” (20 %), suivent également l’avis des experts en éducation (10 %) tandis que 6 % d’entre eux pensent que le rythme francophone induit “moins de perte d’apprentissage grâce à des vacances d’été plus courte”.

Sondage Vooruit sur les rythmes scolaires en Flandre.
Sondage Vooruit sur les rythmes scolaires en Flandre. ©DR

A contrario, les sondés en faveur de l’ancien système francophone ou actuel système flamand parce qu'” on a des congés quand il fait plus beau l’été, parce que cela coïncide avec les fêtes, parce que cela permet de partir avec des tarifs plus avantageux début juillet ou fin août, etc.” D’autres poussent l’argument de la tradition : “Pâques tombe à Pâques. Notre tradition est le catholicisme et que les fêtes religieuses et les congés doivent correspondre.”

Parmi les sondés, 60 % de francophones dont un tiers vivant en périphérie flamande et 40 % de néerlandophones tandis que près de 40 % des sondés sont impliqués dans l’enseignement néerlandophone, 34 % le francophone, le reste dans les deux.

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L’enquête a relevé plusieurs problèmes concrets depuis que les vacances scolaires sont décalées selon que l’on soit dans l’enseignement francophone ou néerlandophone.

Primo : 70 % des sondés assurent galérer à trouver des services de garde d’enfants, partir en vacances en famille. Témoin, cette maman veuve de trois enfants nés entre 2009 et 2014. “Avec la désynchronisation des calendriers scolaires, je vais me retrouver à devoir gérer sept semaines de vacances pour mes enfants entre janvier et juillet 2024. C’est tout simplement ingérable.”

Deuzio : 20 % des sondés assurent ne plus pouvoir organiser correctement les loisirs collectifs. Soit par manque de surveillants ou de bâtiment scolaire disponible, soit par manque d’enfants.

Tertio : certains répondants constatent que les enseignants de langue flamande risquent de démissionner des écoles d’immersion francophone car leurs élèves sont absents pendant les vacances alors que leurs propres enfants inscrits en flamand ne le sont pas.

Sondage Vooruit sur les rythmes scolaires en Flandre.
Sondage Vooruit sur les rythmes scolaires en Flandre. ©DR

Réalisé par les socialistes flamands (Vooruit), ce sondage n’est pas représentatif et n’est pas non plus une étude scientifique, reconnaît l’un de ses auteurs Jef Van Damme (par ailleurs échevin à Molenbeek-Saint-Jean). “Nous l’avons distribué via mail et les réseaux sociaux. Nous avons eu beaucoup plus de retours qu’espérés. Sur les réseaux, certains messages étaient partagés des centaines de fois”, commente l’élu bruxellois, qui voit ici “le fort intérêt que portent les gens à cette problématique.”

Il se défend, chiffres à l’appui, d’avoir réalisé un sondage uniquement au sein des membres Vooruit. “Il n’y a pas eu un échantillon bien précis, nous avons envoyé partout en Belgique. Mais je pense que seule une petite minorité des membres Vooruit a répondu. Je ne pourrais pas donner un pourcentage précis mais le fait que 60 % des répondants sont francophones est une très bonne indication. Je doute que ces répondants votent Vooruit.”

Vooruit prône évidemment pour que la Flandre copie le modèle francophone. “Pas forcément à l’identique mais nous défendons le principe de vacances d’été plus courtes et d’un rythme de 7 semaines entre les périodes de vacances durant l’année”, poursuit-il avant de rappeler que de nombreux autres pays européens adoptent déjà ce rythme. “La Flandre devient de plus en plus une exception dans le contexte européen. Tous les experts de la question disent que c’est mieux pour les enfants. Ce qui est notre principal objectif.”

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Par ce sondage, Vooruit entend maintenir le débat en Flandre et “montrer qu’il y a des positions plus positives qu’on ne pourrait le penser en Flandre”. Même si Jef Van Damme sait pertinemment qu’il ne reviendra pas sur la table du gouvernement flamand avant l’échéance électorale. D’autant que la N-VA, qui gère l’enseignement en Flandre via son ministre Ben Weyts n’y est pas favorable. “Sa réaction était prévisible. À chaque fois, il dit que la Flandre n’est pas là pour copier le système francophone”, qui plus est si cela vient du parti socialiste. “Il s’appuie également sur un sondage réalisé il y a un an et demi par le syndicat catholique flamand où la majorité des professeurs étaient contre. Mais je pense que la situation a évolué depuis. Donc, il me semble clair qu’il n’a pas envie d’étudier la chose.”

La Fédération-Wallonie-Bruxelles a attendu dix ans pour faire aboutir sa réforme des rythmes scolaires, la Flandre en fera certainement autant, estime l’élu bruxellois. “Néanmoins, je pense que les esprits sont en train de mûrir. “À l’été 2021, nous avions fait sondage chez les professeurs donnant des cours dans les écoles néerlandophones de Bruxelles. La moitié était favorable au modèle de la FWB, l’autre moitié opposée. Le résultat était donc très partagé, avant la réforme francophone. Notre dernier sondage montre que les choses évoluent rapidement.”

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