L’administration se penche sur le succès toujours plus grand de l’enseignement à domicile
Il a séduit plus de 3200 élèves, l’année passée. Si le nombre d’inscrits dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles continue à diminuer par rapport à la Flandre, cela pourrait lui coûter 300 millions d’euros d'ici 2030.
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- Publié le 29-08-2023 à 10h37
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Évidemment, on ne parle ici que d’un gros 3 200 élèves, alors que les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles comptent environ 900 000 jeunes scolarisés dans l’enseignement maternel, primaire et secondaire. Seulement ce nombre ne cesse de grossir.
Les statistiques de rentrée transmises par l’administration portent sur l’année scolaire passée. Ce sont les plus récentes. En 2022-2023, 3 265 élèves étaient inscrits dans l’enseignement à domicile. La plus grosse cohorte jamais enregistrée.
Rappelons qu’il s’agit, d’une part, des élèves qui étudient à la maison à proprement parler. Ceux-ci étaient 2283, l’année passée (soit 5 % de plus que l’année d’avant et 170 % de plus qu’en 2015-2016). Seule l’année post-covid avait “fait mieux” (avec 2 416 têtes en 2020-2021). Cela concerne, d’autre part, des élèves inscrits dans les écoles privées. En 2022-2023, ils y étaient 982 (encore 17,5 % de plus qu’un an plus tôt et une augmentation de 155 % par rapport à 2015-2016). C’est le plus grand nombre d’inscriptions jamais observé dans ce type d’établissements.
On peut noter qu’il existe, en Wallonie et à Bruxelles, deux sortes d’écoles privées : les écoles internationales (qui conduisent au bac international) et les écoles qui préparent aux jurys de la Fédération Wallonie-Bruxelles (pour passer les épreuves externes certificatives : CEB, CE1D, CE2D et CESS).
Pour accéder à l’enseignement à domicile, un jeune doit être en âge d’obligation scolaire, résider en Région bruxelloise ou en Région wallonne, et s’inscrire dans les délais requis. En secondaire, il faut aussi avoir décroché les épreuves certificatives prévues pour son âge (le CEB pendant l’année scolaire où il a eu 12 ans, le CE1D l’année de ses 14 ans et le CE2D l’année de ses 16 ans).
Interrogée début juillet au Parlement sur le choix croissant pour un enseignement qui n'est ni organisé ni subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS), a précisé que, sur les 3 265 inscrits de départ, seuls 3 064 élèves étaient encore dans l’enseignement à domicile, fin juin dernier.
Des raisons pédagogiques et médicales
“Au fur et à mesure de l’année, le nombre d’inscriptions en enseignement à domicile diminue, a souligné la ministre. Ce qui s’explique par des retours à l’école, volontaires ou imposés.”
Ces retours font suite aux contrôles effectués par les services d’inspection. À tout moment, un élève inscrit à domicile est susceptible d’être convoqué pour vérifier son niveau d’études. S’il s’avère insuffisant, il y aura une deuxième convocation. Mais en cas de constat similaire, l’élève sera obligé de se réinscrire dans une école.
Concernant les raisons qui poussent les parents à choisir l’enseignement à domicile, Caroline Désir a avancé quelques possibilités. “À l’exception des années covid pendant lesquelles la situation sanitaire constituait un motif récurrent, les explications les plus invoquées, ces dix dernières années, sont des raisons pédagogiques, suivies de raisons médicales, le harcèlement ou une phobie scolaire, une offre scolaire inadaptée, des troubles de l’apprentissage, des raisons artistiques ou sportives, et enfin, tout ce qui concerne les itinérances et les choix de vie.”
Un manque à gagner de 33,7 millions en 2024
Or on sait que chaque élève qui sort du système a un impact sur les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À ce propos aussi, les dernières séances parlementaires avant les vacances ont apporté des précisions.
Les élèves inscrits dans l’enseignement à domicile (comme ceux qui fréquentent l’enseignement flamand, l’alternance, ou qui ont plus de 18 ans) ne sont pas comptabilisés dans ce qu’on appelle “la clé élèves”, à savoir la proportion d’élèves respectivement inscrits dans les écoles francophones et dans les écoles flamandes. Ce calcul sert à déterminer la répartition, entre communauté flamande et Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), des recettes fédérales de TVA qui représentent l’essentiel de leurs ressources. Devant les députés, le ministre du Budget, Frédéric Daerden (PS), a confirmé que la dégradation de la “clé élèves” pourrait entraîner un manque à gagner de 33,7 millions pour la FWB en 2024 et atteindre 300 millions d’euros à l’horizon 2030 si rien ne change.
”Une réflexion est en cours dans le service de l’enseignement à domicile sur la législation en vigueur et le contexte institutionnel dans lequel elle s’inscrit en ce qui concerne le suivi du respect de l’obligation scolaire”, a encore annoncé la ministre Désir.