L'ULB le reconnaît : "Des étudiants s’assemblent pour prier de manière sauvage. Depuis cet été, le phénomène s’est amplifié"
Jean-Philippe Schreiber, conseiller de la rectrice à la politique institutionnelle, réagit aux accusations lancées par Nadia Geerts.
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- Publié le 29-08-2023 à 09h39
- Mis à jour le 29-08-2023 à 10h15
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La militante laïque Nadia Geerts s'indignait ce lundi, dans une opinion publiée sur le site de La Libre, de l'existence d'une salle de prière clandestine au cœur même de l’Université libre de Bruxelles. Celle qui est aussi membre du Centre Jean Gol (MR) précisait que "c’est en toute tranquillité que, depuis au moins huit ans, des dizaines d’étudiants se réunissent chaque jour pour prier. Les hommes d’abord, les femmes ensuite. Tellement assurés de n’être pas dérangés qu’ils ont entreposé là des caisses de matériel : des vêtements pour les femmes, des tapis, des fiches plastifiées à emprunter, reprenant des invocations à réciter, parmi lesquelles celle qui rappelle à ces étudiants musulmans que 'Il n’y a pas de divinité en dehors d’Allah, en Lui rendant un culte pur en dépit des mécréants'".
Sollicité par La Libre pour réagir à cette sortie, le rectorat de l'ULB nous a transmis un texte de Jean-Philippe Schreiber, conseiller de la rectrice à la politique institutionnelle. Le professeur y précise d'abord que la question des salles de prières "agite actuellement quantité d’établissements d’enseignement supérieur en Europe. Une majorité de ces établissements organisent des lieux de culte pour leurs étudiants, afin de répondre à la demande de certains d’entre eux. Ce n’est pourtant pas le cas de l’ULB, et ce ne le sera pas. Notre université consacre ses espaces à l’étude et à la recherche, non à d’autres fonctions. Quand elle a été sollicitée par des étudiants pour créer des lieux de prières en son sein, elle a dûment motivé son refus par des raisons à la fois pratiques, philosophiques et juridiques – car il n’y a là aucune entrave à la liberté de religion ou de conviction".
Existe-t-il des lieux de prières formalisés à l’ULB ? "Non, répond M. Schreiber. Certes, des étudiants régulièrement s’assemblent pour prier çà et là de manière sauvage, nous le savons. Depuis quelques années, considérant que le phénomène était discret et marginal, nous n’entendions pas opérer en notre sein une police des convictions. Depuis quelque temps, et en particulier depuis cet été, le phénomène s’est amplifié, entravant l’exercice de nos activités pédagogiques, de sorte que dès le début de cette année académique, il sera rappelé à nos étudiants que nous n’autorisons pas les lieux de prières".
Une "mainmise religieuse" à l'ULB ?
Nadia Geerts regrettait également que la "mainmise religieuse s’exerce sur le campus-même, 'en dépit des mécréants', mais surtout, sans que nul ne semble s’en émouvoir". Ce à quoi le conseiller de la rectrice rétorque que "notre université demeure toujours, et même plus que jamais, fidèle à sa tradition libre-exaministe, à sa farouche indépendance, à son engagement pour les libertés et contre toute forme de dogmatisme, en ce compris religieux. Elle a de tout temps respecté la liberté de conviction de ses étudiants, lesquels savent qu’ils seront accueillis à l’ULB sans discrimination aucune, fussent-ils porteurs d’un signe philosophique, politique ou religieux. Car nos étudiants sont des adultes : nous les pensons suffisamment responsables pour juger la façon la plus adéquate pour eux de se montrer aux autres".
Jean-Philippe Schreiber précise encore que l'ULB "n’entend pas organiser ou héberger de lieu cultuel ou convictionnel dans ses installations. Fidèle aussi à son respect de la diversité, elle accueille et accueillera tous les étudiants et étudiantes, quelles que soient leurs convictions, et entend bien continuer à favoriser sur ses campus une vie communautaire frappée du sceau du respect, de la tolérance et de la solidarité".