L'interdiction de parler autre chose que néerlandais dans toutes les écoles flamandes serait-elle une bonne chose?
Le plan de Ben Weyts dans ce sens peut favoriser la maîtrise de la langue, confirme un didacticien des langues modernes qui tient toutefois à apporter quelques nuances.
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- Publié le 30-08-2023 à 17h50
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Le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), l’a annoncé à l’occasion de la rentrée dans les écoles flamandes : il ne veut plus y entendre parler d’autres langues que le néerlandais, y compris à la récréation.
Le ministre nationaliste a un plan. Il met sur la table une enveloppe de 20 millions pour soutenir les écoles qui accueillent une population allophone nombreuse. Ces moyens supplémentaires financeront notamment l’appoint d’équipes spécialisées dans l’intégration linguistique. Quelque 80 000 élèves seraient concernés.
Leur interdire une autre langue leur permettra-t-il de mieux progresser en néerlandais ? La Libre a sollicité l’avis d’un spécialiste en didactique des langues modernes. Pour des raisons professionnelles, il préfère rester anonyme et tenir ses propos éloignés du débat politique. Il apporte cependant un éclairage intéressant.
“C’est sûr, confirme-t-il, pour bien apprendre une langue, on a intérêt à la parler le plus possible. Il est évident qu’un enfant inscrit en stage intensif de hockey fera moins de progrès dans son sport s’il profite de chaque occasion pour jouer au foot. On sait aussi qu’une immersion est moins bien réussie pour des élèves qui y sont plongés en binômes ou en trinômes que seuls.”
“Est-ce vraiment faisable partout ?”
Cela étant, l’expert tient à apporter des nuances. “Un enfant en souffrance, pour quelque raison que ce soit, aura plus de difficulté. Mais tout ne repose pas sur l’école. Si l’élève se sent perdu, isolé dans une autre langue, les parents ont un grand rôle à jouer. Il ne faut pas croire qu’il suffit d’inscrire un enfant dans une école flamande pour qu’il devienne automatiquement bilingue.”
D’autant que le didacticien relève une différence de vision pédagogique entre les communautés : “Côté francophone, le bien-être des élèves est de plus en plus pris en compte, alors que côté flamand, la priorité est le niveau, la réussite”.
En outre, il faudra tenir compte des réalités du terrain. “Quand des membres d’une communauté allophone se retrouvent entre eux, ils parlent toujours leur langue, constate encore l’expert. Tout dépend combien ils sont… Dans les écoles qui comptent beaucoup de francophones, comment empêchera-t-on les élèves de créer du lien via leur langue maternelle : avec des punitions ? Est-ce vraiment faisable partout, ou cela n’est-il qu’une déclaration marketing ?”
De son côté, la députée Els Ampe (Open VLD) a déjà annoncé qu’elle ne votera pas cette proposition, la jugeant contre productive. “L’apprentissage du néerlandais doit rester une source de plaisir et de motivation. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre”, estime-t-elle.