“On est dans un cercle vicieux”: faute de profs, plusieurs écoles doivent mettre leur immersion sur pause
Les parents d’élèves en immersion en néerlandais proposent d’agir sur la formation des enseignants, “le contraire de ce qu’on fait”.
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- Publié le 05-09-2023 à 06h36
- Mis à jour le 05-09-2023 à 14h31
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Il faut mettre les bouchées doubles afin de trouver des solutions le plus vite possible pour résoudre la pénurie d’enseignants !” D’enseignants de langues surtout, et de néerlandais en particulier. Amélie Meulder est la porte-parole de l’Upin (l’Union des parents d’élèves en immersion en néerlandais). Et une fois de plus, en cette rentrée, elle ne cache pas son inquiétude.
“L’année passée, plusieurs mesures ont été prises, notamment pour encourager les personnes qui travaillent dans le privé à venir enseigner les langues en primaires. Une des nouveautés consiste à leur reconnaître jusqu’à cinq ans d’ancienneté. Malheureusement, cela s’avère insuffisant. Sur ce terrain, l’école francophone est en concurrence avec l’école flamande qui, elle, reconnaît dix ans d’ancienneté…”
Cette pénurie a de lourdes conséquences. “J’ai déjà été contactée par plusieurs écoles qui, vu le manque de profs, doivent mettre leur immersion sur pause dans certaines années en attendant que la situation s’améliore.”
“Revoir encore une fois la formation initiale”
Depuis deux ans, l’Upin a lancé deux grandes pistes de solution. “Primo, poursuit la porte-parole, il faut encore une fois revoir la formation initiale des enseignants.”
Premier problème : le volet consacré à la pédagogie immersive a complètement disparu de la formation initiale telle que réformée par la ministre Glatigny. “Pourtant, la demande des étudiants, des universités et des hautes écoles est là.” Il existe bien des certificats complémentaires, mais ils représentent une charge supplémentaire pour des jeunes qui travaillent déjà. “Il faut donc réintégrer cette branche dans la formation initiale”, revendique Amélie Meulder.
Deuxième problème : on a sorti les cours de néerlandais des cours de base pour les futurs enseignants de primaire. “Pour donner un cours de langue en primaire, il faut être maître de seconde langue. Mais c’est le contraire qu’il faudrait faire : réinjecter des cours intensifs de langues et de pédagogie des langues afin que toutes les institutrices puissent assurer ce cours elles-mêmes !”
Et de relever : “On est dans une politique du trop tard mais je crois vraiment que si on met le paquet dans les formations linguistiques, on peut encore rattraper le problème”.
Même si on est dans une sorte de cercle vicieux. Moins il y a de bons profs de néerlandais, moins l’intérêt des élèves francophones sera grand, moins il y aura aussi de futurs enseignants qui se lanceront dans cette branche, et moins on aura de bons profs de néerlandais, etc.
“Une formation à horaires décalés en un an”
La seconde solution préconisée par l’Upin concerne les “enseignants de seconde carrière”, ceux que l’école entend attirer du secteur privé dont on a déjà parlé plus haut. “Nous devons nous inspirer de ce que fait la Flandre, suggère la représentante de l’Upin, où il existe une formation à horaires décalés en un an pour ceux qui n’ont pas fait les études leur permettant d’enseigner. Au moment de leur diplôme, leur minerval est même remboursé. C’est indispensable de leur donner les armes pour leur permettre de rentrer dans les classes avec confiance.”
L’Upin conclut avec une suggestion. “Il faut arrêter d’opposer les langues entre elles. Par exemple, le français et les autres. Français, néerlandais, allemand, anglais, espagnol, etc : il faut voir les langues comme un tout. Nous voulons une approche globale de la question linguistique avec des formations d’excellence et, surtout, qu’on mette enfin en place un contexte favorable aux échanges entre communautés.”