Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école : “Il faudra faire un effort de communication”
Beaucoup d’informations inexactes circulent à l’occasion du vote d’un décret, ce jeudi, au Parlement. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
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- Publié le 06-09-2023 à 09h24
- Mis à jour le 06-09-2023 à 15h38
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Promue par de nombreux organismes internationaux comme l’OMS et l’Unesco, l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (dite Evras) constitue l’une des missions obligatoires de l’école depuis 2012. Une des premières propositions de décret rendant obligatoire l’étude de ces notions date même de septembre 1980. Que ces questions soient abordées en milieu scolaire n’a donc absolument rien de neuf.
Le problème, c’est qu’on estime qu’à peine 20 % des élèves bénéficiaient jusqu’ici d’au moins une animation d’Evras au cours de leur scolarité. La nouveauté consiste à aplanir les deux principaux obstacles qui empêchaient jusque-là ces thématiques d’être plus répandues et d’atteindre tout le monde : le manque d’argent et de cadre commun.
Près de 5 millions d’euros
Dans le cadre de l’accord de coopération auquel le décret que doit voter le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce jeudi, porte assentiment, les Régions dégagent 4,8 millions d’euros pour assurer deux animations obligatoires au cours de la scolarité de chaque élève (une animation de deux périodes en 6e primaire et une autre en 4e secondaire, pour un total de 110 000 élèves touchés), pour cette année scolaire et la suivante. La Région wallonne met 3,8 millions et la Commission communautaire française (Cocof), 1 million d’euros.
Ces deux animations par scolarité sont un début, l’objectif étant d’élargir davantage si c’est budgétairement possible. C’est aussi un minimum. Pas mal d’écoles font d’ailleurs déjà davantage.
Autre changement : la professionnalisation du secteur. Seuls les animateurs labellisés seront désormais autorisés à intervenir dans les classes. Les plannings familiaux et les centres PMS et PSE le sont automatiquement. Toute association désireuse de s’engager sur cette voie pourra également prétendre au label.
En outre, un cadre commun est mis en place quant au contenu des échanges. À ce propos, il faut clairement distinguer le Guide de l’Evras des nouveaux référentiels du tronc commun.
Le Guide a été corrigé
Le Guide est destiné aux adultes formés pour intervenir dans les écoles, en aucun cas aux jeunes directement. En octobre dernier, il avait suscité pas mal de remous. “Trois critiques avaient ciblé trois passages précis, a rappelé la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS). Les deux premières concernaient l’identité de genre. Elles ont été corrigées et validées par la majorité des acteurs. La troisième visait la fiche concernant les sextos : celle-ci a été retirée.”
Rappelons que le Guide n’est pas un référentiel. Il est là pour aider les intervenants à répondre aux questions des élèves, sans les précéder. En outre, cette généralisation de l’Evras sera évaluée une première fois après une année complète de fonctionnement, et le Guide sera régulièrement adapté, en fonction des avancées sociétales et des préoccupations du terrain.
Cela suffira-t-il à rassurer ceux qui s’inquiètent parmi les parents, dont quelques-uns ont prévu de manifester sous les fenêtres du Parlement, ce jeudi ? “C’est clair qu’il faudra faire un effort de communication et de pédagogie, a reconnu la ministre au moment du vote du texte en commission. On va devoir convaincre sur le terrain. Mais en professionnalisant l’approche comme nous ne faisons, on va y arriver.”
A noter que ce mercredi, par communiqué, des représentants de la religion islamique ont également exprimé leur “total désaccord”.
En plus du travail mené en classe par les enseignants
Il ne faut pas confondre le Guide dont on vient de parler avec les nouveaux référentiels. Contrairement à lui, ces publications-là précisent en détail ce qu’un élève doit apprendre à quel moment du tronc commun (de la 3 maternelle à la 3 secondaire). L’Evras ne fait pas l’objet d’un référentiel en tant que tel, mais on la retrouve de façon transversale dans plusieurs matières.
Les deux animations prévues s’ajoutent donc à tout le travail mené en classe par les enseignants. Cinq cours sont particulièrement impliqués : les sciences (avec entre autres des contenus liés à la reproduction humaine), la formation manuelle, technique, technologique et numérique (avec par exemple le thème de la sécurité numérique), les sciences humaines (histoire, géo, sciences économiques et sciences sociales : avec notamment les rapports sociaux et le vivre ensemble), l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (se connaître soi-même, la notion d’égalité,…), et l’éducation physique et à la santé (connaissance du corps, image de soi, bien-être,…)
Ajoutons enfin, pour être complets, que les secteurs Jeunesse et Aide à la Jeunesse sont également visés par le nouveau texte.