Bart De Wever veut traiter les pro-Daech comme les néonazis. Et les rendre pénalement responsables de leur discours. D’autres réclament des lois d’exception pour les terroristes. Bonnes idées ou dangereuses propositions ?
Pour Me Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l’homme, se lancer dans une surenchère sécuritaire, multiplier les incriminations, limiter la liberté d’expression à chaque nouvel attentat, c’est menacer l’Etat de droit et les libertés individuelles, tomber dans le populisme, multiplier les mesures inefficaces et, in fine, servir les intérêts de Daech, qui n’attend que cela.
Que pensez-vous de l’appel lancé par de nombreux hommes politiques français et belges à davantage de sévérité pénale à l’égard des auteurs d’attentats et de ceux qui les applaudissent ?
Chaque fois qu’un nouveau drame se produit, des politiques se lancent dans une surenchère sécuritaire et présentent des solutions simplistes, oubliant que la lutte contre le terrorisme exige des réponses complexes.
Je me demande pourquoi on ne tient pas davantage compte des leçons du passé. Après le 11 septembre (2001), les Etats-Unis ont adopté le Patriot Act, créant une surveillance de masse à l’échelle mondiale. Pour quel résultat ? Les attentats ont continué. Ils ont ouvert le camp de détention de Guantánamo, que Barack Obama, malgré ses promesses sincères, n’a pas réussi à fermer. Pour quel résultat ? Des centaines de personnes y ont été détenues puis libérées sans jugement. Cette injustice a poussé d’autres centaines de personnes à se radicaliser.
Et que constate-t-on aujourd’hui ? Qu’en France, Les Républicains, courant derrière le Front national, veulent créer des camps de détention pour toutes les personnes fichées, bref un Guantánamo bis. Or, enfermer sur la base de simples suspicions, c’est s’engager sur la mauvaise pente de l’abandon des droits et libertés fondamentaux. Et c’est le faire en cultivant l’illusion qu’on augmente la sécurité des citoyens alors que c’est faux, ne fût-ce que parce que l’enfermement de ces suspects alimentera leur présumée radicalisation.