Le jury va délibérer sur le sort des bourreaux de Valentin: "Cette affaire a commencé par des jeux pervers et sadiques. Elle a continué par un carnage et un massacre"

 Le jury de la cour d’assises de Liège part en délibération ce mardi. Il devra répondre à 96 questions. La délibération du jury des assises de Liège commencera ce mardi. Les accusés auront une dernière fois la parole puis la présidente Catherine Urbain lira la liste des 96 questions soumises aux membres du jury.

À huis clos dans un hôtel sécurisé

Leurs délibérations auront lieu dans un hôtel sécurisé. Elles pourraient durer plusieurs journées et plusieurs nuits. Il s’agira pour les jurés de dire si Alexandre Hart, Belinda Donnay, Dorian Daniels, Loïck Masson et Killian Wilmet sont coupables de l’assassinat de Valentin Vermeesch, ce jeune Hutois de 18 ans, souffrant d’un léger handicap mental, tué dans la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Statte, près de Huy, après avoir subi une très longue scène de violences et de tortures avant d’être précipité dans la Meuse, où il s’était noyé, les mains attachées dans le dos.

Les questions soumises au jury portent sur des faits d’assassinat mais aussi de tortures, de traitements inhumains, de viol, d’attentat à la pudeur, de séquestration et de menaces de mort sur une personne vulnérable.

La rougeole entre en scène

Seize journées ont été consacrées par la cour à l’instruction de l’affaire en audience publique et aux auditions de 177 témoins convoqués au procès. Puis, quatre journées l’ont été aux plaidoiries de la partie civile et des défenses des accusés ainsi qu’au réquisitoire du ministère public.

Le procès a dû être suspendu une semaine après que des cas de rougeole eurent été détectés à la prison de Lantin, où séjournaient des accusés.

Vendredi passé, on a entendu les dernières répliques des différentes parties. Alexandre Hart est en aveux pour l’ensemble des faits. Son avocat l’a rappelé et a également rappelé que, selon son analyse, les causes des faits commis par Alexandre Hart sont multifactorielles. Selon Me Renaud Molders-Pierre, le jury doit se poser plusieurs questions. “Alexandre Hart ne surexagère-t-il pas son rôle de leader dans la dynamique de groupe ? Quelle a été sa vraie place dans cette dynamique ? Quand les accusés ont-ils pris conscience que l’affaire était allée trop loin ?”. Pour son conseil, Alexandre Hart n’était peut-être pas la tête d’affiche dans cette affaire.

Acquittements plaidés

Mes Steve Van Laenen et Jean-Dominique Franchimont, avocats de Belinda Donnay, ont, de leur côté, rappelé avoir sollicité l’acquittement de leur cliente pour les faits d’assassinat. “Elle affirme que, la dernière fois qu’ils se sont rendus au bord de la Meuse, elle ignorait l’intention homicide d’Alexandre Hart”, ont-ils plaidé.

Idem dans le chef des avocats de Dorian Daniels, Loïck Masson et Killia Wilmet. Ils ont répété qu’ils plaidaient l’acquittement pour les faits d’assassinat. Pour Daniels, Me Séverine Solfrini a mis en garde les jurés contre le risque de considérer que tous les accusés sont dans le même sac. “Dorian Daniels n’a pas accepté de s’associer au fait que Hart allait tuer Valentin. Il n’a posé aucun acte positif en connaissance de cause”, a-t-elle plaidé.

Pour Loïck Masson, Me Arnaud Jaminon, a rappelé qu’il contestait non seulement la prévention d’assassinat mais même celles liées aux attentats à la pudeur et aux viols. “Loïck Masson s’est désolidarisé à plusieurs reprises des actes posés par les autres accusés lors de la soirée. Il a refusé de s’associer à ce qui s’est passé”, a rappelé l’avocat.

Pour Killian Wilmet, Me Xavier Mercier a scandé que son client “n’a pas accepté, en aucune façon, de mettre fin aux jours de Valentin”.

De son côté, l’avocat général Pascale Schils a requis un verdict de culpabilité d’assassinat pour l’ensemble des accusés. Dans sa réplique, vendredi, elle a balayé les arguments soulevés par les avocats de la défense. Le ministère public a insisté sur la dynamique du groupe formé par les accusés lorsqu’ils ont commis les faits et donné la mort à Valentin. “Cette affaire a commencé par des jeux pervers et sadiques. Elle a continué par un carnage et un massacre. Puis, les auteurs ont décidé de jeter la pièce à conviction en poussant Valentin à l’eau. Pas de trace, pas de preuve ! “, a tonné Mme Schils.

Cinq assassins, dit la partie civile

Pour la partie civile, Me Alexandre Wilmotte a dénoncé la stratégie déployée par la défense d’Alexandre Hart, l’accusant d’avoir tenté de diluer sa responsabilité. Pour lui, la préméditation des faits doit bien être retenue et Belinda Donnay, Dorian Daniels, Loïck Masson et Killian Wilmet sont bien coauteurs de l’assassinat commis sur Valentin Vermeesch. “Les cinq accusés, tous les cinq, ont directement coopéré à l’exécution du meurtre de Valentin”, a soutenu Me Wilmotte.