Cambrioleur abattu à Ferrières: le châtelain inculpé d'homicide involontaire et libéré sous conditions
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Publié le 09-01-2020 à 17h02 - Mis à jour le 09-01-2020 à 20h22
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Le retraité avait fait feu en direction de ses cambrioleurs. La légitime défense n’a pas été retenue.
Yvan Dave, le propriétaire du château de My (Ferrières) qui a tué un de ses cambrioleurs dans le courant de la nuit de mardi à mercredi a été inculpé de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, soit l’homicide involontaire.
Ce retraité de 67 ans a été entendu jeudi par le juge d’instruction qui l’a libéré sous conditions. Ces conditions sont classiques. Il y a notamment le fait de ne pas commettre de nouveaux faits, de rester à la disposition de l’assistant de justice et de ne plus manipuler d’armes.
Le juge a donc, à ce stade, exclu le meurtre (soit l’homicide volontaire) et la légitime défense. Il a pris en quelque sorte un chemin médian. Le chef d’inculpation n’est cependant pas définitif. Les faits peuvent être requalifiés en cours d’enquête, notamment à la lumière des auditions et des résultats de balistique, indique Catherine Collignon, premier substitut et porte-parole du parquet de Liège.
Les faits datent de la nuit de mardi à mercredi, vers minuit trente. Yvan Dave, propriétaire du château Ange Wibin-Gillard à My est alors réveillé par des bruits. Il pense initialement à des souris avant de se dire que c’est plus sérieux.
Dans un demi-sommeil, il ouvre la fenêtre de sa chambre et voit une échelle adossée à la façade, qui est toutefois en décalage par rapport à cette ouverture. Il distingue des ombres qui bougent. Et prend peur. Il quitte la fenêtre et va chercher un fusil de chasse. Yvan Dave, qui a été victime récemment de deux cambriolages, est alors très nerveux. Lorsqu’il revient à la fenêtre, il n’y a plus personne sur l’échelle. Les cambrioleurs sont en train de fuir. Yvan Dave a fait feu à trois reprises. Le premier tir a atteint un des cambrioleurs.
Des tirs vers le bas
Yvan Dave affirme ne pas avoir visé ses cambrioleurs. Il a dit avoir tiré vers le bas plutôt qu’à hauteur d’homme. Il a aussi déclaré avoir fait usage de son arme pour faire peur à ses cambrioleurs et leur ôter toute envie de revenir. Ce serait donc accidentellement qu’un de ceux-ci a été touché.
Les cambrioleurs étaient au nombre de quatre. Mayron Weibel, un habitant d’Aywaille âgé de 21 ans, a été grièvement atteint. Il s’est écroulé dans un bois bordant la propriété. Son père et son frère, qui étaient avec lui, ont appelé les secours qui, sur place, n’ont pu le ranimer. Le jeune homme est mort sur place. Yvan Dave, très choqué et pris de malaise, a également dû recevoir des soins. C’est son propre frère qui avait appelé une seconde ambulance.
Les enquêteurs ont d’ores et déjà corroboré certains des éléments avancés par Yvan Dave. C’est ainsi qu’une échelle a effectivement été retrouvée contre la façade. Il apparaît également que les quatre hommes étaient effectivement venus pour cambrioler. Ils s’intéressaient à deux statues qui bordent le porche de la bâtisse. Une était d’ailleurs déjà décrochée.
L’arme utilisée par Yvan Dave, un fusil de chasse, était détenue légalement par son frère.
Aucune décision n’a encore été prise pour les trois cambrioleurs survivants. Il s’agit là d’un dossier distinct qui est toujours au stade de l’information judiciaire.
Pas de légitime défense
La légitime défense n’a donc - à ce stade en tout cas - pas été retenue. Si cela avait été le cas, cela aurait constitué une "cause de justification". En clair, si la légitime défense est retenue, il n’y a pas d’infraction car il n’y a pas d’élément moral : il ne peut dès lors y avoir de peine. En Belgique, elle concerne uniquement les personnes, pas les biens.
L’article 417 du Code pénal dit qu’elle vaut si "l’homicide a été commis […] en repoussant, pendant la nuit, l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrées d’une maison ou d’un appartement habité ou de leurs dépendances."