Une psychiatre qui dit (trop ?) vite oui aux patients qui veulent l’euthanasie
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Publié le 21-01-2020 à 07h30 - Mis à jour le 21-01-2020 à 09h03
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Figure centrale du procès en cours devant la cour d’assises de Gand, le docteur L. T. est une personnalité controversée en Flandre.
Le procès des trois médecins poursuivis devant la cour d’assises de Gand pour ne pas avoir respecté les conditions légales dans lesquelles une euthanasie peut être pratiquée pose en filigrane la question des patients psychiatriques qui éprouvent des souffrances psychiques au point de ne plus avoir envie de vivre.
La loi de dépénalisation de 2002 autorise l’euthanasie pour souffrances psychiques insupportables en raison de troubles mentaux. En 2018 (derniers chiffres disponibles), 57 cas ont été déclarés à la commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. Ce qui représente 2,4 % des 2 357 euthanasies rapportées cette année-là. Leur part est donc marginale. Rappelons par ailleurs que les trois quarts des documents d’enregistrement sont rédigés en néerlandais.
En Flandre, une psychiatre, connue pour un discours très laxiste face à des demandes d’euthanasie exprimées par des patients psychiatriques, intervient dans de nombreux dossiers. L. T. ne pratique pas elle-même d’euthanasie, mais elle est régulièrement consultée comme psychiatre pour rédiger un avis au cours de la procédure.
Un lieu d’écoute au départ
Son nom apparaît dans le procès qui juge trois médecins accusés d’empoisonnement après le décès, par euthanasie, de Tine Nys, une patiente psychiatrique de 38 ans. Poursuivie avec deux confrères généralistes pour la mort de Tine, le 27 avril 2010, L. T. apparaît comme la figure centrale de ce procès qui a réellement commencé ce lundi devant la cour d’assises de Gand.
Cette psychiatre a fondé en 2007 l’ASBL Vonkel, une "maison d’écoute" située à Gand pour des personnes en questionnement par rapport à l’euthanasie. Au départ, il s’agissait d’un lieu d’accueil et d’information . Il est devenu, en 2015, un centre de consultations pour les personnes qui expriment une demande d’euthanasie. L’essentiel de l’occupation professionnelle du docteur L. T. se concentre actuellement dans cette association, dont elle est psychiatre en chef.
Une "pionnière"
Considérée comme une pionnière en matière d’euthanasie pour souffrances psychiques, le docteur L. T. est une personnalité controversée au Nord du pays où certains s’interrogent sur son "activisme" et celui de l’ASBL Vonkel (lire ci-dessous)
En 2017, le professeur Wim Distelmans, inspirateur du LevendsEinde Informatie Forum (ou LEIF), le Forum d’information pour la fin de vie, qui co-préside la commission fédérale d’évaluation de la loi sur l’euthanasie, prend ses distances avec la collègue avec laquelle il a pourtant collaboré pendant des années. Il lui demande, par lettre, de ne plus lui adresser de patients. La raison ? Elle leur promettait d’obtenir l’euthanasie comme si c’était automatique - ils le percevaient en tout cas de cette manière. Les patients envoyés par Vonkel ne comprenaient pas qu’on puisse ensuite leur dire non quand les conditions légales n’étaient pas réunies.
La psychiatre collabore en outre avec des collègues qui ont exprimé à maintes reprises qu’ils ne déclaraient plus les euthanasies qu’ils pratiquent - ce qui est une obligation légale.
La psychiatre L. T a rencontré Tine Nys une première fois le 4 février 2010. Le 21 avril, elle concluait, dans un rapport qui figure au dossier d’euthanasie, que la jeune femme de 38 ans souffrait de manière insupportable et entrait dans les conditions d’une euthanasie. Le 27 avril, Tine était euthanasiée. Très vite. Trop vite, selon ses proches.