Cas d'euthanasie devant les assises: la psychiatre accusée "aurait aidé ses patients gratuitement si ça avait été nécessaire"
Publié le 28-01-2020 à 14h49 - Mis à jour le 28-01-2020 à 14h51
:focal(1247.5x1076:1257.5x1066)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RKLCALJWJNGDLFLUL6EH4BIDAU.jpg)
"Elle est petite et fine mais vous ne la renverserez pas", "elle aiderait ses patients gratuitement en cas de besoin", "elle choisit son combat avec soin et n'optera pas pour des combats perdus d'avance". C'est en ces termes que des confrères, connaissances et amis de la psychiatre accusée l'ont décrite, a affirmé mardi la policière chargée de l'enquête de moralité devant la cour d'assises de Gand. Celle-ci doit juger de l'euthanasie de Tine Nys, le 27 avril 2010, pour cause de souffrances psychiques. L'inspectrice de la police locale de Saint-Nicolas a résumé les conclusions de cette enquête de moralité. La psychiatre est cofondatrice et directrice de l'ASBL Vonkel depuis 2007. "Tout au long de sa carrière, elle estime avoir eu un millier de patients dans le contexte de l'euthanasie, qu'elle a ensuite conseillés à la fois positivement et négativement. Elle estime que garder l'option ouverte de pratiquer l'euthanasie peut parfois être réparateur pour les patients et leur donner à nouveau foi en la vie, sans pour autant aller jusqu'à l'euthanasie", selon son rapport.
La policière a partagé certaines déclarations des confrères, connaissances et amis de l'accusée qu'elle a entendus dans le cadre de son enquête. "Elle est petite et fine mais vous ne la renverserez pas", "elle aiderait ses patients gratuitement en cas de besoin" et "elle choisit son combat avec soin et n'optera pas pour des combats perdus d'avance". "Si elle pense que son combat est nécessaire, elle se lancera dedans", a résumé l'inspectrice.
L'avocat de la psychiatre a ajouté que sa cliente "traite les gens de manière positive et que son principal objectif est de tenir les gens à l'écart du suicide".
Me Vermassen a ensuite demandé à un psychiatre qui avait envoyé ses patients vers l'ASBL Vonkel s'il était vrai que l'accusée "ne voulait pas faire tuer les gens". Ce qu'a confirmé ce psychiatre: "Nous allons toujours voir si nous n'avons pas négligé certains diagnostics et d'où vient la demande d'euthanasie. (..) En interne, avant le renvoi vers l'ASBL, de nombreuses mesures sont déjà prises pour trouver une solution. Et si nous parlons de Vonkel, cette recherche de solution recommence." Ce témoin a décrit la psychiatre comme "une consoeur experte et motivée".
La dernière personne à être venue témoigner devant la cour d'assises est un homme dont la fille souffrait d'une forme extrême d'autisme. "Après avoir parlé au docteur, ma fille a décidé de donner une nouvelle chance à la vie et qu'elle voulait arrêter la procédure d'euthanasie. En tant que patient, c'est à vous de tourner le bouton dans votre tête. Mais c'est le médecin qui nous a donné les informations nécessaires, que notre famille a apprises à connaître pour faire face au problème. (..) Je lui ai écrit dans une petite lettre 'docteur, vous m'avez rendu ma fille'".
L'audience a été suspendue jusque mercredi matin et les débuts des plaidoiries. Les répliques, le dernier mot des accusés et (le début de) la délibération sur la culpabilité des accusés sont prévus pour la journée de jeudi.