Dix ans requis contre le "Serial violeur" du quartier de l'ULB
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Publié le 11-06-2020 à 18h58 - Mis à jour le 11-06-2020 à 23h23
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L'affaire avait fait, en novembre dernier, grand bruit. Une étudiante avait lancé un avertissement sur le groupe ULB-Confessions. Elle avait expliqué avoir été violée par un chauffeur de taxi Collecto (un service de taxi à prix réduit) qui l'avait prise en charge à la sortie d'une soirée étudiante sur le campus de la Plaine à Ixelles.
Très vite, une autre étudiante avait fait écho à ce texte, indiquant elle aussi avoir connu une mésaventure similaire un an plus tôt.
L'enquête avait rapidement débouché sur une arrestation. Yassine, un chauffeur de bus de la STIB âgé de 44 ans, a été interpellé car, en examinant le modus operandi, un policier s'est souvenu d'un homme qui avait été contrôlé trois ans plus tôt à Watermael-Boitsfort.
Intrigué par une voiture arrêtée à l'orée du bois, une patrouille avait alors voulu procéder à un contrôle et une jeune femme était sortie précipitamment du véhicule, indiquant que le conductuer avait voulu s'en prendre à elle sous la menace d'un couteau.
Des prénoms différents mais des histoires similaires
Les enquêteurs ont alors rapidement pu identifier neuf victimes. Leurs histoires étaient quasiment similaires, même si la gravité varie. Dans quatre cas, il y a eu viol, éventuellement aggravé de séquestration au domicile du prévenu. Dans quatre autres, il est question d'attentat à la pudeur. Le dernier a trait à des menaces.
Me Caroline Poiré, avocate d'une partie civile, l'a relevé jeudi devant le tribunal correctionnel. "Tel un animal, il a une seule obsession: assouvir ses pulsions sexuelles. Il est méthodique et méticuleux". Yassine B., a-t-elle poursuivi, choisissait son terrain de chasse: c'était surtout la sortie de soirée étudiante. Il choisissait ses victimes: de jeunes filles alcoolisées, dont il devinait qu'elle cherchait un moyen pour rentrer.
Yassine tentait d'amadouer ses proies avec son uniforme de la STIB. Yassine B. était en effet chauffeur de bus, travaillant régulièrement en soirée jusque minuit ou 01h00 du matin, heure à laquelle il rangeait son bus au dépôt Delta, situé près du quartier de l'ULB, avant de prendre sa voiture et de rôder.
Ce qui fait de lui une type de criminel rare: un "serial violeur", comme l'a qualifié Me Laurent Kennes, au nom d'une partie civile.
Des aveux a minima
Interrogé jeudi, Yassine ne reconnaît les faits qu'a minima. Et encore pour les seuls trois faits ou son ADN a pu être retrouvé et dont les analyses indiquent sans ambiguïté qu'il est l'auteur. Et pour ces cas, il réfute toute violence ou menace alors que plusieurs de ses victimes sont formelles: il leur a planté un couteau sous la gorge. De son côté, il se borne à dire qu'il "a profité et abusé". Il conteste aussi toute séquestration à son domicile.
C'est là une attitude très difficile pour ses victimes, dont plusieurs, présentes au tribunal, ont brièvement quitté la salle en pleurs pendant l'interrogatoire. L'une, toujours très marquée, a pris la parole avant son avocat et a témoigné de sa détresse. "J'ai culpabilisé d'être montée dans sa voiture. J'éprouvais de la haine envers ma naïveté. J'éprouvais de la haine par rapport à ma gentillesse", a dit cette jeune femme qu'il avait amadoué en lui demandant le chemin. Elle l'a dit au tribunal: "J'ai voulu prendre la parole seule pour retrouver confiance en moi".
Le procureur estime que chacun des faits est établi. Il est très pessimiste sur l'évolution du prévenu. Il a requis dix ans de prison ferme et, vu son déni, cinq ans de mise à disposition du tribunal de l'application des peines. La défense de Yassine B. plaide mardi.