Sophie Dewulf, la compagne d'Arno, porte plainte contre la police : “J’attends que le fonctionnement interne de la police se remette en question”
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Publié le 14-06-2020 à 19h48 - Mis à jour le 17-06-2020 à 19h11
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La scène a été filmée par un voisin et fait le tour des réseaux sociaux depuis quelques jours. On y voit une dame plaquée contre le mur par deux agents de police. Dévoilée le vendredi 12 juin seulement, cette scène s’est déroulée le 7 juin dernier dans le centre-ville de Bruxelles. La dame interpellée par la police est la compagne de l’artiste ostendo-bruxellois Arno. Sophie Dewulf a décidé de porter plainte pour coups et blessures et dénonce des violences policières récurrentes.
“Mais cette fois, je porte plainte, car les images prouvent que les agents ont usé et abusé de leur position, pour un contrôle qui, à la base, était tout à fait banal. D'origine maroco-tunisienne, je subis des contrôles systématiques depuis que j’ai 17 ans. Habituellement, ma carte d’identité et mon nom d’adoption me permettent de m’en sortir. Mais ce jour-là, je n’avais pas ma carte, et voyez ce que cela a donné. Je n’arrête pas de me demander ce que doivent subir les personnes qui n’ont pas les moyens d’engager des poursuites, ceux qui n’ont pas le bon nom, qui n’ont pas de papiers. C’est affligeant, anormal de la part de policiers”, explique la jeune dame, au bord des larmes.
“Je me sens humiliée”
Une semaine après les faits, Sophie Dewulf se dit toujours affectée et en état de choc. “Physiquement, ça va, mais moralement, c’est très dur. Je tiens habituellement le coup, d’autant que j’ai tristement l’habitude d’être contrôlée inutilement. Mais là, alors que 10 000 personnes manifestaient pour dénoncer les violences policières et le racisme, voyez comment j’ai été traitée à 50 mètres de mon domicile. Et ça, c’est le contrôle de trop. Je me sens humiliée”, poursuit la jeune femme.
Un porte-parole de la police s’est exprimé à ce propos et estime que l’intervention était correcte. Incompréhensible pour Sophie Dewulf. “Si cette intervention est correcte, mais alors je me demande, c’est quoi une intervention non correcte ? Dois-je avoir une fracture du crâne pour qu’on comprenne que ces méthodes sont dignes de cow-boys ?”.
L’avocat de Sophie Dewulf, Alexis Deswaef, se dit également étonné de voir que “la police a déjà validé l'intervention des policiers alors qu’une enquête est en cours pour juger que l’intervention est correcte. Si c’est le cas, nous avons un vrai problème de déni, ce qui n’est pas rassurant car les faits de violence policière se multiplient, c’est un fait. Pour cette intervention, les conditions légales pour utiliser la force ou procéder à une fouille n’étaient pas réunies". L'avocat de Sophie Dewulf explique par ailleurs que la section des affaires spéciales en charge des dossiers impliquant des policiers a ouvert un dossier judiciaire.
“Je n’ai pas de problème avec la police”
Même s’il ne s’agit de son premier contrôle policier, Sophie Dewulf explique n’avoir aucun problème avec la police, “mais bien avec l’attitude disproportionnée de certains agents”. “Quand j’ai été arrêtée, je suis restée calme. J’ai admis aux policiers que j’étais en infraction concernant l’absence de laisse pour mon chien. J’ai même expliqué les raisons, que j’habitais à deux pas, que je pouvais apporter une pièce d’identité rapidement, que j’étais sortie en pyjama, sans même avoir une culotte sur moi. Et ils ont voulu me fouiller, ce que j’ai refusé, sachant que c’est illégal. Rien dans mon attitude ne justifiait une fouille. J’ai demandé à être emmenée au poste à plusieurs reprises, mais on a refusé. Ces agents auraient pu me verbaliser et en finir normalement, mais non, ils optent pour la violence. J’attends que le fonctionnement interne de la police se remette en question. Je n’ai pas de problème avec la police, j’ai un problème avec la violence disproportionnée”.
Le porte-parole du parquet de Bruxelles, Denis Goeman, confirme la réception d’une plainte. “Le parquet examinera avec la rigueur requise et diligentera les devoirs nécessaires pour déterminer les circonstances des faits”.