Covid et surpopulation: les prisons sont de nouveau au bord de l'implosion
Le Conseil central de surveillance pénitentiaire réclame des mesures urgentes pour limiter les nouvelles incarcérations et faire sortir tous les détenus qui peuvent l'être.
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Publié le 25-11-2021 à 17h40 - Mis à jour le 26-11-2021 à 22h13
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Le système carcéral craque de partout. De nombreuses prisons tiraient déjà le signal d’alarme en raison de la surpopulation, doublée d’un manque d’effectifs dans le personnel pénitentiaire. La 4e vague de l’épidémie de Covid-19, qui entraîne un taux élevé de contaminations entre les murs, aggrave encore la situation. Après Saint-Gilles, Ittre et Merksplas, c’est au tour de la prison Louvain-Central (50 cas) d’être placée en confinement.
Avec 10.933 détenus pour 9.611 places, un taux d'absentéisme du personnel pénitentiaire autour des 20% et un taux de contamination qui ne cesse d'augmenter tant au sein des personnes incarcérées que des agents, le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) s'inquiète des conditions de détention dégradantes dans certains établissements, incompatibles avec le respect des mesures d'hygiène et de distanciation pour limiter la propagation du virus et, "surtout contraires aux droits humains".
Une crise humanitaire menace
Le CCSP a adressé jeudi un courrier au ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), pour l’interpeller sur l’urgence de prendre des mesures concrètes pour prévenir une crise humanitaire au sein des prisons.
Lesquelles? Pour le CCSP, il faut limiter au strict minimum les nouvelles incarcérations et, dans le même temps, faire sortir de prison tous les détenus qui peuvent l’être. Comment? Les mesures prises au printemps 2020, lors de la première vague de l’épidémie, pourraient être renouvelées, suggère le CCSP. Concrètement, les juges d’instruction avaient privilégié la libération sous conditions des personnes en détention préventive; l’exécution de certaines peines avait été postposée; des libérations anticipées avaient été décidées; des congés pénitentiaires prolongés; la libération provisoire pour raisons médicales accordée aux détenus les plus vulnérables.
Les détenus trinquent
Aujourd'hui, en raison du taux élevé d’absentéisme et de l’insuffisance d’encadrement, les détenus trinquent: suppression d’activités, de préaux, de visites... La situation est particulièrement délétère à Anvers, Gand et Malines, en Flandre; à Lantin, Mons et Tournai, en Wallonie, ainsi qu’à la prison bruxelloise de Saint-Gilles, détaille le CCSP.
Des détenus dorment sur des matelas à même le sol dans une promiscuité et une précarité contraires à toutes les mesures d'hygiène et de distanciation élémentaires en temps de pandémie et "indignes au niveau humain".
Les bourgmestres de Mons et de Saint-Gilles ont d’ailleurs déjà pris des arrêtés ordonnant une limitation de la surpopulation dans les prisons situées sur leur territoire.
Compte tenu des circonstances, le CCSP demande instamment au ministre de la Justice de réduire la population pénitentiaire à un niveau qui, au minimum, ne dépasse pas la capacité d’accueil de chaque prison.