Mort d'Adil, un Anderlechtois de 19 ans, fauché par une voiture de police: l’instruction judiciaire est toujours en cours
La demande de devoirs complémentaires, formulée par la famille d'Adil, a été acceptée par le juge d'instruction.
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- Publié le 09-04-2022 à 08h50
- Mis à jour le 09-04-2022 à 11h19
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La mort d’Adil, un Anderlechtois de 19 ans fauché par une voiture de police alors qu’il tentait de se soustraire en scooter à un contrôle de police, avait conduit à de fortes tensions à Cureghem. L’instruction judiciaire n’est pas terminée. Des devoirs d’instruction sont toujours en cours.
On était alors le 10 avril 2020 au milieu du premier confinement Covid, qui fut le plus strict. La police veut contrôler deux cyclomoteurs circulant à vive allure. L’un fuit. Appel est lancé pour des renforts. Sur le quai de l’Industrie à Anderlecht, le cyclomoteur dépasse une camionnette et percute de plein fouet un véhicule de police. Adil meurt sur le coup.
Le juge d'instruction avait désigné un expert automobile. Celui-ci avait conclu que l'accident s'était produit sur la bande de circulation du véhicule de police, dont la vitesse résiduelle au moment de l'impact était comprise entre 17 et 25 km/h. La vitesse du cyclomoteur était comprise entre 57 et 70 km/h, soit, avait communiqué en novembre 2020 le parquet de Bruxelles, "supérieure à la vitesse autorisée, inadéquate par rapport à la capacité de freinage d'un cyclomoteur débridé, et inadaptée à la configuration des lieux".
Un réquisitoire de non-lieu
Sur cette base, après que le juge d’instruction lui eut transmis le dossier, le parquet, estimant qu’il n’y avait pas de charge suffisante contre le policier, avait tracé un réquisitoire de non-lieu, avait-il annoncé.
Lorsqu’il y a instruction judiciaire, un non-lieu - ou un renvoi en correctionnelle - ne peut être prononcé qu’à l’issue d’un débat contradictoire devant la chambre du conseil. La famille d’Adil, constituée partie civile, ne s’y est pas résolue. Elle ne partage pas la lecture du dossier faite par le parquet. Elle a dès lors - comme la loi le lui permet - décidé de demander des devoirs complémentaires au juge d’instruction.
"À mon avis, il y a suffisamment de charges pour justifier un renvoi en correctionnelle, qui pourra, éventuellement, prononcer un acquittement", avait alors relevé l'avocat de la famille, Me Alexis Deswaef.
Le juge d’instruction - qui pouvait s’opposer à cette demande sous réserve d’appel - a accepté de faire réaliser les devoirs complémentaires demandés par la partie civile. Ceux-ci sont toujours en cours a indiqué Me Deswaef. L’avocat ne dit pas quelle est la nature de ces devoirs.
La communication du parquet au sujet de son réquisitoire de non-lieu avait déplu à la famille. Me Deswaef avait déposé plainte contre le procureur du Roi de Bruxelles pour violation du secret de l’instruction et du secret professionnel. Cette plainte a été rapidement classée sans suite par le parquet général de Bruxelles.