Khalid El Bakraoui, de l’appât du gain à la cause djihadiste
À 20 ans, le kamikaze du métro était déjà une figure du banditisme bruxellois
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/0906a181-9f27-446f-986d-ad9375b3fa83.png)
Publié le 31-01-2023 à 20h09 - Mis à jour le 31-01-2023 à 20h12
:focal(590x404:600x394)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/V4GH6AIR75HHPIVQJYUJZ6V5OU.jpg)
Ils sont morts tous les deux en commettant les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. L’aîné, Ibrahim El Bakraoui est un des deux kamikazes de Zaventem. Le plus jeune, Khalid El Bakraoui, s’est fait exploser dans le métro à Maelbeek, à l’issue de ce qu’un des enquêteurs a qualifié mardi devant la cour d’assises une “réislamisation en milieu carcéral”.
”Ibrahim et Khalid étaient plus que des frères. Ils étaient comme les deux doigts de la main”, détaillera leur père aux enquêteurs après les attentats. Leur sœur Mariam a pour sa part indiqué, qu’adolescent, Khalid était le plus studieux, mais qu’il avait des problèmes de comportement.
Un délinquant précoce
Et de fait, comme l’a précisé mardi devant la cour d’assises l’enquêteur qui a synthétisé son parcours, Khalid a été très rapidement connu des services de police. En 2004, alors qu’il avait 15 ans, il est répertorié pour vol et rébellion. En 2005, un dossier pour vol est ouvert à son égard. En 2006 et ensuite en 2007, ce sont des dossiers d’armes. Et, en 2008, un dossier de vol.
En 2009, Khalid El Bakraoui, à peine 20 ans, est une figure du banditisme bruxellois. Le 11 novembre 2009, il est interpellé avec trois complices, sortant d’un box de garage. Ils sont armés de kalachnikov et portent des cagoules. On a pu établir qu’ils préparaient un braquage. L’arrestation, au centre-ville de Bruxelles, est mouvementée.
Incarcéré, Khalid El Bakraoui purge la fin de sa peine sous bracelet électronique à partir de mai 2013. Son frère Ibrahim est aussi incarcéré entre janvier 2010 et 2014.
”Quand ils sont sortis de prison. Je ne les ai pas reconnus. Avant, ils ne priaient pas. Maintenant ils priaient”, dira leur père. “On pensait qu’il s’était repenti”, dira Mariam en parlant de Khalid. Et de rapporter qu’à la table familiale, il faisait la leçon de religion, au point qu’on le surnommait “l’imam”, “ce qui le faisait rigoler”.
Il semble bien que les deux frères ont été radicalisés par leur cousin Oussama Atar, qui leur rendra visite en prison. Au départ de la Syrie, Oussama Atar deviendra le donneur d’ordre des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles.
Pour Khalid El Bakraoui, on peut parler de “politisation de la criminalité”, a relevé l’enquêteur qui a supervisé le travail sur le parcours de Khalid El Bakraoui.
Des braquages non élucidés
Sous bracelet électronique entre mai 2013 et sa libération conditionnelle en janvier 2014, Khalid El Bakraoui a été soupçonné d’un audacieux cambriolage commis au Musée Van Bueren dans la nuit du 15 au 16 juillet 2013. Une dizaine de tableaux, évalués pour un total de 1,6 million d’euros, ont été dérobés. Ils n’ont jamais été retrouvés.
En juin 2014, un braquage, avec prise d’otages, a été commis dans une banque d’Auderghem. Le butin était de 200 000 euros. Là encore, Khalid El Bakraoui a été soupçonné.
Un assassinat gratuit
En décembre 2014, un septuagénaire sans histoires est tué d’une balle dans la tête en pleine rue, à la nuit tombée à Jette. L’enquête n’a jamais permis de retrouver le tueur. Osama Krayem, un des accusés au procès des attentats, expliquera que les El Bakraoui lui avaient dit qu’ils avaient voulu tuer quelqu’un pour voir ce que cela faisait. “C’est un fait plausible que ce soit un acte gratuit de leur part”, a indiqué l’enquêteur.
À l’été 2015, deux hommes achètent des chargeurs de Kalachnikov dans une armurerie de Wavre. Sur base d’écoutes téléphoniques, les enquêteurs subodorent qu’ils pourraient avoir agi pour le compte de Khalid El Bakraoui. Il est perquisitionné à l’automne. On ne trouve rien. Mais Khalid El Bakraoui a vraisemblablement senti le vent du boulet. Il entre en clandestinité.
La police est sur ses talons car elle le soupçonne d’avoir joué un rôle, au départ de la Belgique, dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Il ne sera retrouvé que le 22 mars 2016. C’est lui qui s’est fait exploser dans l’attentat dans le métro à Maelbeek.