Comment Najim Laachraoui est-il devenu “l’émir” de la cellule terroriste des attentats de Bruxelles?
Les enquêteurs ont pointé le rôle central de ce vétéran du djihad qui fut aussi l’artificier de la cellule.
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Publié le 31-01-2023 à 19h55 - Mis à jour le 31-01-2023 à 20h13
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Qui était, en Belgique, le dirigeant de la cellule terroriste qui a commis les attentats du 22 mars à Zaventem et à Maelbeek ? À entendre les juges d’instruction et les enquêteurs qui ont témoigné mardi devant la cour d’assises de Bruxelles, ce serait Najim Laachraoui, un des deux kamikazes de l’aéroport.
”Si on analyse les différents profils, Najim Laachraoui est le candidat idéal”, a ainsi relevé l’islamologue qui a appuyé la police fédérale. Et de noter qu’il est fréquent qu’un vétéran du djihad – ce qu’était Najim Laachraoui – dirige une cellule.
Najim Laachraoui avait, comme Osama Krayem et Bilal El Makhoukhi, combattu en Syrie. Mais, contrairement au premier, de nationalité suédoise, il connaissait la Belgique. Par rapport au second, condamné avec Sharia4Belgium, il avait l’avantage de ne pas être suivi par les services de renseignement.
”Najim Laachraoui est celui qui est resté le plus longtemps sur zone, ce qui lui a donné une légitimité et un ascendant sur les autres”, a noté le juge Leroux. Par contre, les deux frères El Bakraoui avaient un lien familial avec l’émir en Syrie de la cellule, Oussama Atar, qui était leur cousin germain.
On peut donc parler, aux yeux de M. Leroux, d’une sorte de triumvirat, même si lors des contacts avec Oussama Atar, pour expliquer l’état d’avancement des projets de la cellule et l’annonce de frapper le lendemain, c’est Laachraoui qui est à la manœuvre.
Mohamed Abrini parlera aux enquêteurs de deux chefs : Mohamed Belkaïd, tué le 15 mars 2016 lors de l’assaut de la rue du Dries, était l’émir de la planque de la rue du Dries tandis que Najim Laachraoui était l’émir de la rue Max Roos. “Mais les frères El Bakraoui passaient d’une planque à l’autre. Ils étaient donc associés à la prise de décision”, a tempéré la juge Sophie Grégoire.
Un vétéran du djihad
Najim Laachraoui avait gagné la Syrie en février 2013. Connu pour avoir participé l’année précédente à des manifestations de Sharia4Belgium, il avait rejoint en Syrie le groupe Majlis Shura al-Mujahidin, qui avait la particularité d’être spécialisé dans la prise d’otages. Abaaoud et les “Beatles” passeront aussi par ce groupe qui se ralliera à l’État islamique.
Des journalistes français qui ont été otages en Syrie ont reconnu Laachraoui comme un de leurs geôliers. Laachraoui, qui a combattu en Syrie, a aussi fait partie de la Liwa As Saddiq, des unités qui peuvent être considérées comme les forces spéciales qui devaient mener les attentats sur le sol européen.
Il est rentré en Europe par le chemin des réfugiés. Il a été enregistré en Serbie le 29 août 2015. Le 9 septembre 2015, Salah Abdeslam l’a ramené à Bruxelles au départ de Budapest. Une fois en Belgique, il est passé par toutes les planques et a été le principal artificier, dirigeant la confection de l’explosif et demandant des conseils ainsi que faisant rapport en Syrie à Oussama Atar.
”Je pense que Najim Laachraoui savait tout depuis le départ”, dira Osama Krayem, qui voit en lui la tête pensante de la cellule. Ce dont attestent aussi les derniers appels de la cellule. Dans la demi-heure précédant les attentats de Zaventem, survenus à 07 h 58, un téléphone a tenté de joindre, à trois reprises et en vain, le kamikaze du métro qui frappera à Maelbeek. C’est le portable qui sera retrouvé près du cadavre de Laachraoui.