Procès des attentats à Bruxelles : place aux portraits de Bilal El Makhoukhi et d'Ibrahim Farisi
Les personnalités des accusés Bilal El Makhoukhi et Ibrahim Farisi sont présentées jeudi devant la cour d'assises de Bruxelles chargée de juger les attentats du 22 mars 2016.
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Publié le 02-02-2023 à 07h12 - Mis à jour le 02-02-2023 à 07h33
Le premier est connu pour avoir apporté une aide logistique à la cellule, tandis qu'on reproche au second d'avoir nettoyé, en compagnie de son frère, l'appartement "conspiratif" de l'avenue des Casernes à Etterbeek, d'où sont partis Khalid El Bakraoui et l'accusé Osama Krayem avant de se faire exploser respectivement dans le métro et revenir à la planque pour se débarrasser de la bombe.
Après le portrait de Mohamed Abrini, qui a pris toute la journée de mercredi, les enquêteurs et juges d'instruction poursuivront jeudi le passage en revue des "entités" de ce procès, à savoir les trois kamikazes et les dix accusés, dont un fait défaut.
Durant la matinée, ils s'attarderont tout d'abord sur le cas de Bilal El Makoukhi. Poursuivi comme co-auteur des attaques terroristes, ce belgo-Marocain, âgé de 33 ans, a vécu à Bruxelles dans le quartier Anneessens puis dans le quartier des Marolles.
C'est lorsqu'il atteint l'âge de 20 ans qu'il commence à s'intéresser un peu plus à l'islam et qu'il se rapproche des milieux radicaux. En octobre 2012, il part en Syrie sans avertir sa famille. Il y intègre le groupe Maglis Shura al-Mujahidin dans lequel se trouvent de nombreux autres combattants de nationalité belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris du 13 novembre 2015. Il y apprend l'arabe et s'entraîne au combat avec Najim Laachraoui.
Après avoir été gravement blessé à la jambe droite par un tir, l'accusé revient en Belgique le 7 décembre 2013, où il est amputé sous le genou. Dès le 8 décembre, il est incarcéré à la prison de Bruges. Il est libéré sous conditions le 25 février 2014.
Le 9 janvier 2015, il reçoit sa prothèse et les soins médicaux nécessaires l'empêchent de réaliser son projet de repartir en Syrie. Le 11 février, il est condamné à une peine de 5 ans de prison par le tribunal correctionnel d'Anvers, dans le dossier Sharia4Belgium, pour avoir participé aux activités d'un groupe terroriste.
En mai suivant, il commence à purger sa peine sous la modalité du bracelet électronique. Mais ce régime de détention avantageux ne lui sera plus octroyé à partir du 15 mars 2016, en raison du non-respect des conditions.
Bilal El Makhoukhi est accusé d'avoir joué un rôle logistique essentiel dans les attentats à Bruxelles. Il serait passé par plusieurs planques des terroristes. Le trentenaire a en outre récupéré les armes qui se trouvaient, dans les jours précédant les attentats du 22 mars, à la planque de la rue Max Roos. Il les a ensuite déplacées mais a toujours refusé de donner le nom des personnes qui l'ont aidé pour ce faire.
Enquêteurs et juges d'instruction reviendront ensuite sur le rôle d'Ibrahim Farisi dans ce dossier.
L'accusé est allé, avec son frère Smail, le lendemain des attentats, le 23 mars 2016, vider l'appartement de l'avenue des Casernes que ce dernier sous-louait aux terroristes. Ce sont les images de caméras de vidéo-surveillance près de l'immeuble qui ont révélé que les deux frères Farisi ont rapidement évacué certains objets de l'appartement.
Il portait par ailleurs des gants en latex pour manipuler certains objets qu'il sortait de l'appartement, notamment un sac à dos ressemblant à celui que portait Osama Krayem le matin du 22 mars avant de renoncer à se faire exploser et qui ne sera jamais retrouvé.
Les frères Farisi sont encore retournés à l'appartement de l'avenue des Casernes le 25 mars, pour y enlever les derniers objets.
Arrêté en avril 2016, Ibrahim Farisi a été libéré sous conditions le 16 novembre suivant. Il a ensuite été engagé par le CPAS d'Anderlecht comme médiateur au service d'accueil.
Il est le seul des dix accusés à n'être poursuivi que pour participation aux activités d'un groupe terroriste, et non pour assassinats et tentatives d'assassinats commises dans un contexte terroriste comme les neuf autres, dont son frère Smail.