Après 69 jours de détention en Algérie, le Belge Mohamed Hamani est de retour à Courcelles : “Les dégâts doivent être réparés”
Le Belge de 49 ans a finalement été libéré. Il a pu rentrer en Belgique le 9 mai. Mais la justice algérienne n’a pas encore rendu de jugement définitif.
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Publié le 23-05-2023 à 16h43 - Mis à jour le 23-05-2023 à 18h09
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Mohamed Hamani (49 ans), qui a la double nationalité algérienne et belge, est rentré chez lui à Courcelles le 9 mai après plus de deux mois passés dans une prison algérienne pour une histoire rocambolesque de détention de (prétendus) faux dinars achetés de toute bonne foi dans un bureau de change du centre de Bruxelles. “Il est à la maison depuis deux semaines, mais il n’y a pas encore eu de jugement définitif en Algérie. Il est toujours en attente d’une décision judiciaire qui doit mettre un point final à cette affaire”, explique sa femme, Virginie Perin.
Tout avait commencé pendant les vacances de Carnaval. Le couple s’était envolé avec leur garçon vers l’Algérie pour découvrir le pays d’origine de la famille de Mohamed (qui est né à Charleroi). La veille de leur retour, prévu le 2 mars, l’homme a été placé en garde à vue après s’être rendu dans sa banque, à Chlef. La police lui a affirmé que les dinars (l’équivalent de 50 euros !) présentés au guichet, pourtant dûment acquis à Bruxelles, étaient des faux billets.
Mohamed a alors été placé en détention dans un hangar-dispensaire en raison de problèmes de santé. Au fil des jours, il a perdu beaucoup de poids et ne pouvait plus poser la jambe en raison d’une prothèse au genou. Virginie Perin, rentrée seule en Belgique avec son fils, n’avait plus de nouvelles de lui que via l’avocate algérienne que la famille avait prise sur place.
Mais les informations restaient rares. Le moral de Mohamed plongeait. Mme Perrin a multiplié les démarches pour prouver l’innocence de son mari. Avec son conseil, Me Laurent Kennes, elle a déposé plainte le 4 mars contre le bureau de change d’où proviennent les dinars supposés faux. Elle a interpellé les Affaires étrangères – Mohamed étant aussi un ressortissant belge. Mais rien ne bougeait.
”Ce n’est pas comme si on avait retrouvé la joie de vivre”
Jusqu’à début mai. On a rendu son passeport au détenu ; la greffière du tribunal a acheté un billet d’avion pour la Belgique. Que s’est-il passé pour que le dossier se débloque ? “On n’a jamais eu le fin mot. Je ne sais pas ce qui a permis sa libération sous conditions, mais on lui a dit qu’il pouvait rentrer en Belgique et qu’il pourrait être rappelé si on avait des questions à lui poser”, explique Virginie. Les dinars litigieux ont été analysés. “S’ils l’ont relaxé, c’est que ça devait être positif pour lui”, suppose la femme. Sur place, Mohamed a été épaulé et soutenu par les membres de sa famille, ce qui lui a permis de ne pas perdre pied.
”Mais il y a quand même eu un traumatisme. Il est suivi par un psychiatre depuis son retour. Moi aussi. Ce n’est pas comme si on avait retrouvé la joie de vivre dans la famille. Les dégâts doivent être réparés.”