Affaire Sanda Dia : "Le silence est d’or et l’omerta a porté ses fruits”

Lors de la dernière audience, en mars, le ministère public avait requis 18 à 50 mois de prison, selon les rôles de chacun, estimant que les prévenus avaient, tous, pris une part active et directe au rituel du baptême qui a couté la vie à Sanda Dia.

Les dix-huit prévenus ont été fixés sur leur sort ce vendredi peu avant midi. Ils écopent finalement de 200 à 300 heures de travaux d’intérêt général, d’une amende de 400 euros, ainsi que du paiement de dommages et intérêts.

Ils ont été reconnus coupables d’homicide involontaire, de traitement dégradant et d’infractions à la législation sur le bien-être animal. Les prévenus ont toutefois été acquittés de négligence coupable. “Dès que les membres du cercle ont compris que Sanda Dia était en danger, ils ont apporté l’aide nécessaire. Le fait que cette aide se soit avérée trop tardive n’y change rien. Aucune aide n’a jamais été délibérément et consciemment refusée à Sanda Dia”, a notamment expliqué la magistrate de presse de la cour d’appel d’Anvers.

”L’omerta a porté ses fruits”

Selon les avocats des prévenus, il s’agit d’un arrêt “équilibré, juste et bien motivé”. Ils saluent également le fait que les peines de travail ne vont pas hypothéquer la réinsertion des jeunes puisque cela ne se retrouvera pas sur le casier judiciaire.

Pour Sven Mary, qui représente Ousmane Dia, le père de Sanda, c’est une décision “difficile à entendre pour les familles”. “Oui, 'une' justice a été rendue, mais était-ce celle que la famille espérait ? Ce qui est certain, c’est que les proches attendaient des réponses à leurs questions. Ils ne les auront pas. Manifestement, le silence est d’or et l’omerta a porté ses fruits”, se désole l’avocat.

Sven Mary a cependant annoncé qu'il n'y aura pas de pourvoi en cassation en vue de contester l’arrêt. Il estime ne pas pouvoir “infliger cela aux parents” de Sanda Dia.

Mixture de souris broyée

Le baptême fatal à Sanda Dia a eu lieu le 5 décembre 2018. Le cercle Reuzegom avait organisé une épreuve à laquelle ont pris part le jeune homme (qui avait 20 ans aux moments des faits) et deux autres bleus. Le baptême avait débuté à Leuven par l’ingurgitation forcée de grandes quantités d’alcool. Les bleus ont dû aussi avaler de la nourriture pour animaux et une mixture dans laquelle une souris avait été broyée.

Déjà affaiblis, assommés d’alcool, Sanda Dia et les deux autres baptisés ont ensuite dû creuser un trou dans un terrain près du chalet de Vorselaar et s’y installer avant d’être arrosés d’eau glacée. Pour être réchauffés, les membres du cercle les ont aspergés d’urine.

Sanda Dia est resté plus longtemps dans le trou avant de perdre connaissance. Les autres étudiants l’ont conduit aux urgences, sans expliquer ce qui s’était déroulé. Deux jours plus tard, le 7 décembre 2008, Sanda Dia est mort d’une insuffisance cardiaque.