Emotion au procès des attentats à Bruxelles : "Les accusés incarnent la banalité du mal, de simples hommes capables des pires atrocités"

L'émotion s'est de nouveau faite sentir dans la salle d'audience de la cour d'assises de Bruxelles, mardi après-midi, au procès des attentats du 22 mars 2016, au moment de donner la parole aux avocats représentant les victimes.

BRUSSELS, BELGIUM - MAY 30 : Salah Abdeslam & Mohamed Abrini & Sofien Ayari & Osama Krayem & Ali El Haddad Asufi & Bilal El Makhoukhi & Herve Bayingana Muhirwa pictured during the Trial of the attacks of Brussels. On March 22 2016, 32 people were killed and 324 got injured in suicide bombings at Zaventem national airport and Maalbeek / Maelbeek metro station on 30, 2023 in Brussels, Belgium, 30/05/2023 ( Photo by Didier Lebrun / Photonews
(Photo by Didier Lebrun / Photonews) ©DLE

Le réquisitoire structuré et technique des procureurs a fait place à la plaidoirie à plusieurs voix de la partie civile. Me Maryse Alié est entrée en matière en annonçant que, pour cette partie au procès, "chacun des accusés dans le box est impliqué dans les attentats", autrement dit tous sauf les frères Farisi.

"Les accusés incarnent la banalité du mal. Ce sont de simples hommes capables des pires atrocités. Ils les ont commises par rapport à toute notre société: des femmes, des enfants, des citoyens, quelle que soit leur philosophie, leur religion... Chacun des accusés dans le box est impliqué dans les attentats", a entamé Me Maryse Alié.

Me Nicolas Estienne et Me Valérie Gérard ont ensuite rappelé l'atrocité des attentats et la douleur des victimes. Ils ont estimé qu'il était nécessaire de remémorer aux jurés ce que les premiers intervenants sont venus décrire il y a quelques mois devant la cour, soit le chaos et l'horreur des deux scènes des attaques, mais aussi ce que les victimes ont confié et révélé de leur expérience extrêmement traumatisante.

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"Mon rôle est de vous rappeler l'atrocité des attentats", a affirmé Me Gérard. "Nous sommes tous devenus des témoins indirects de ces horreurs au travers de ces six mois de procès. Je vais devoir parler des lésions, des scènes de guerre, du chaos, de l'horreur extrême, provoqués par une cruauté aveugle, animée par le fait de faire un maximum de victimes".

Me Estienne a évoqué plus précisément les différentes victimes qui, le 22 mars 2016, se trouvaient à l'aéroport et dans le métro, "sur le chemin de la vie avec ses hauts et ses bas, sur ce chemin que nous empruntons tous chaque jour et qui fait de nous des êtres humains", a-t-il entamé.

"Mon premier mot est pour les victimes que vous n'avez pas rencontrées parce qu'elles ne se sont pas manifestées", s'est-il adressé aux jurés. "Ce n'est pas par manque de courage, mais parce qu'elles vivent en mode 'survie', elles n'ont pas envie de replonger dans l'horreur", a-t-il dit.

Me Estienne a ensuite évoqué les victimes décédées dont "la vie a été soufflée, pulvérisée, désintégrée" lors des attentats. "Ce qui frappe c'est le jeune âge de nombre d'entre elles. Beaucoup n'avaient pas 30 ans. Beaucoup avaient des talents immenses et laissent des proches inconsolables, en particulier des parents touchés par un sentiment de profonde injustice."

Puis l'avocat a parlé des victimes survivantes, dont "les blessures sont comparables à celles de militaires sur les champs de bataille". Il a cité les mots prononcés par Karen Northshield, qui a été gravement blessée à Zaventem: "pendant que vous dormez je me bats, pendant que vous respirez je me bats, pendant que vous mangez je me bats, pendant que vous vous plaigniez je me bats". Il a rappelé que de nombreuses personnes ont été gravement blessées uniquement par le "volume sonore assourdissant des explosions", souffrant ensuite de perte d'audition, d'acousie, d'acouphène, de perforation des tympans.

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Enfin, il a abordé les souffrances psychiques des victimes mais aussi les souffrances endurées par les proches de victimes lorsque celles-ci ont "perdu leur dynamisme, leur sens de l'humour, sont devenues irritables et sont psychologiquement en mille morceaux". Pour le représentant de la partie civile, "l'un des grands mérites de ce procès aura été de permettre de prendre conscience que les proches sont des victimes à part entière".

Il a encore parlé des "victimes tertiaires", que les assurances ont souvent refusé d'indemniser, à savoir les premiers intervenants (pompiers, policiers, ambulanciers...) que "rien ne préparait à de telles scènes d'horreur".

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