Procès des attentats à Bruxelles : le parquet a requis l'acquittement pour Ibrahim Farisi, mais demande que Smaïl Farisi soit reconnu coupable
Le parquet a requis, mardi matin devant la cour d'assises de Bruxelles chargée de juger les attentats du 22 mars 2016, la culpabilité de Smaïl Farisi pour avoir participé aux activités d'un groupe terroriste.
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- Publié le 06-06-2023 à 11h06
- Mis à jour le 06-06-2023 à 12h58
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La chambre des mises en accusation l'avait également renvoyé devant la cour pour assassinats terroristes et tentatives d'assassinat terroriste, mais le parquet estime ne pas avoir suffisamment d'éléments pour aller dans ce sens.
Bien que Smaïl Farisi ait été acquitté dans le volet bruxellois des attentats de Paris pour des faits similaires, la période infractionnelle est ici différente, et le parquet estime qu'au fil du temps, il est impossible que l'accusé n'ait pas pris conscience du caractère terroriste des personnes à qui il apportait son aide.
Le procureur Bernard Michel a mis en avant, pour appuyer son réquisitoire, les nombreuses visites qu'a rendues Smaïl Farisi au studio de l'avenue des Casernes qu'il avait mis à disposition d'Ibrahim El Bakraoui, et son frère Khalid. "Cela veut dire qu'il a continué à les côtoyer, à voir leur évolution, à les voir prier à toute heure du jour et de la nuit. Cela a dû travailler son esprit critique, il a dû se poser des questions."
Parmi les autres éléments d'aide apportés, le procureur note qu'au cours des multiples visites (entre 20 et 30 par mois), Smaïl Farisi à apporter à manger à ses locataires, les a aidés à sortir les poubelles, a évacué des sacs du studio, ... Pour le parquet, "petit à petit, Smaïl Farisi intègre l'idée, mais ne se révolte jamais".
Plusieurs éléments auraient dû lui mettre la puce à l'oreille, comme l'arrestation de Mohamed Bakkali, l'apparition d'Osama Krayem dans le studio, la parution des photos de frères El Bakraoui dans la presse, ... "L'étau se resserre, il n'a pas pu ne pas savoir", en conclut Bernard Michel.
"Il a acquis la connaissance et la volonté qui faisaient défaut dans la période infractionnelle de Paris", estime-t-il.
Par contre, si le parquet l'estime coupable de participation aux activités d'un groupe terroriste, il relève que le dossier ne met pas en évidence sa complicité dans la perpétration des attaques. "Rien ne permet de dire qu'il était informé de l'imminence d'un attentat", le parquet demande donc aux jurés de répondre non à la question de sa participation en qualité de complice des attentats terroristes et tentative d'attentats terroristes.
L'acquittement requis pour Ibrahim Farisi
La procureure fédérale Paule Somers a requis, mardi matin, devant la cour d'assises de Bruxelles, l'acquittement d'Ibrahim Farisi pour participation aux activités d'un groupe terroriste, soit le seul chef d'accusation duquel celui-ci doit répondre devant la cour. Ibrahim Farisi est en effet le seul des dix accusés du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles à ne devoir répondre que d'une prévention de participation aux activités d'un groupe terroriste. Tous les autres accusés ont été renvoyés devant la cour pour cette prévention, mais aussi pour crime d'assassinats et de tentatives d'assassinat dans un contexte terroriste. "La question est de savoir si, en acceptant d'aider son frère Smail à déménager et à faire disparaître les traces du passage des terroristes dans l'appartement de l'avenue des Casernes, Ibrahim Farisi savait que son frère faisait partie d'un groupe terroriste et lui a ainsi procuré une aide", a résumé la procureure. Après avoir passé en revue les indices de culpabilité que contient le dossier, elle a conclu que rien ne permettait de répondre affirmativement à cette question.
Pour rappel, Ibrahim Farisi s'était rendu avec son frère Smail à l'appartement de ce dernier, avenue des Casernes à Etterbeek, les 23 et 25 mars 2016, pour l'aider à le vider. Ce logement avait été sous-loué par Smail à Ibrahim El Bakraoui, l'un des kamikazes des attentats, dès octobre 2015, et a ensuite servi de planque à la cellule terroriste.
C'est de cet endroit que Khalid El Bakraoui et Osama Krayem sont partis le 22 mars 2016 en matinée, sacs à dos remplis de TATP sur les épaules. Le premier s'est fait exploser dans la station de métro Maelbeek tandis que le second a renoncé à actionner sa charge et est revenu à l'appartement de l'avenue des Casernes où il a vidé le TATP dans les toilettes et la douche.