Les attentats de Bruxelles ont semé la mort bien après les faits
Les parties civiles ont plaidé pour la requalification des faits en assassinat pour 3 victimes décédées après le 22 mars.
- Publié le 07-06-2023 à 21h03
- Mis à jour le 07-06-2023 à 20h18
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Au deuxième jour des plaidoiries des parties civiles, le décès de trois victimes a été plus particulièrement évoqué. Leur point commun : toutes trois sont décédées bien après le 22 mars 2016 et les attentats de Bruxelles. Pour les avocats, il faut considérer Shanti De Corte, Mathieu Fischer et Xavier Legrand comme des victimes d’un assassinat commis dans un contexte terroriste. Et non plus comme une tentative d’assassinat…
Euthanasie, suicide et cancer
Shanti De Corte a choisi l'euthanasie pour partir le 7 mai 2022. "Elle a été libérée de ses souffrances." Le jour des attentats, l'adolescente était à l'aéroport et devait partir en voyage scolaire à Rome. "Elle n'a jamais surmonté le traumatisme, explique l'avocate Sarah De Clerck. Elle n'a pas eu de blessure majeure, mais elle ne s'est jamais apaisée. Elle a perdu tout contrôle."
L'adolescente était fragile. L'attentat a précipité sa chute. Dans les six années qui ont suivi le 22 mars 2016, Shanti a été hospitalisée "en psychiatrie pendant la moitié du temps. Elle s'est éteinte sur une période de six ans…"
Aux experts, la jeune victime a expliqué se situer au niveau 7 sur l'échelle du bonheur. Ça, c'était avant les attaques. Après, c'était 2 sur 10. "Le fait que Shanti présente déjà une vulnérabilité mentale avant les attentats n'exclut pas la culpabilité," analyse l'avocate qui estime que "la requalification des faits en assassinat dans un contexte terroriste s'impose."
Autre avocat, Nicolas Estienne, et autre victime : Mathieu Fischer. Les attentats l'ont mené à une mort plus brutale. "C'était un véritable miraculé, estime l'avocat. Il a eu la vie sauve à Zaventem car il a été protégé par d'autres victimes. Quand il a repris connaissance, il était entouré de corps déchiquetés."
Dans la foulée, il a développé un stress post-traumatique "extrêmement sévère : folie, angoisse, crainte de tout, isolement social…" Les acouphènes l'empêchent de dormir plus de trois heures par nuit : "Un cauchemar permanent." Le 18 avril 2021, "Mathieu n'en pouvait plus, il s'est suicidé…"
Soigner les blessures avant le cancer
Autre trajectoire de vie, ou de fin de vie, celle de Xavier Legrand. Selon l'avocate Doutrelepont, Xavier Legrand bénéficiait d'un traitement médicamenteux performant pour soigner son cancer. Mais les blessures consécutives à l'attentat du métro rendaient incompatibles la prise du Stivarga et le soin de ses plaies. "Or il fallait qu'il guérisse de ses blessures."
L'avocate explique que le médicament provoquait, notamment, des saignements. Conséquence : "La maladie a repris sa progression. La suspension du médicament a eu un effet clair sur l'évolution de la maladie." Pour l'avocate, "les attentats ont causé la mort prématurée de Monsieur Legrand". Il est décédé le 28 octobre 2017 à l'âge de 49 ans.
Pour Xavier Legrand, comme pour Shanti De Corte et Mathieu Fischer, la requalification des faits en assassinat a été demandée. La semaine dernière, cette demande avait été anticipée par le parquet fédéral qui avait requis la requalification pour quatre victimes. Ce qui ferait ainsi passer le bilan de ces attaques à 36 décès officiels.