Insécurité autour de la gare du Midi : “C’est bien de la part du fédéral de nous faire une tape dans le dos, c’est mieux s’il y a des moyens”
Le bourgmestre de Saint-Gilles, Jean Spinette (PS), estime que le fédéral doit davantage intervenir avec des propositions concrètes. Il souhaite que la gare soit gérée comme l’aéroport de Zaventem, qu’un commissariat y soit installé et que des policiers supplémentaires y soient affectés.
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- Publié le 25-08-2023 à 19h17
Si la problématique liée à l’insécurité autour de la gare du Midi à Bruxelles est loin d’être neuve, elle fait indéniablement partie des dossiers chauds de la rentrée. Les autorités locales autour de la gare (située à cheval sur les communes d’Anderlecht et Saint-Gilles) tirent la sonnette d’alarme depuis de longs mois. Ils réclament davantage de moyens et un soutien du fédéral pour ne pas laisser les communes et la Région, seules, face à une recrudescence des faits de violence dans un climat où vente et trafic de stupéfiants explosent.
Suite à la lettre adressée par la patronne de la SNCB, Sophie Dutordoir, dénonçant une “situation dramatique” autour de la gare, le gouvernement fédéral s’est saisi du dossier. Il a présenté vendredi, par l’intermédiaire de la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), un plan d’action en trois axes pour s’attaquer aux phénomènes criminels qui défigurent la gare du Midi et ses alentours.
Coordination du centre de crise
Le premier axe, qui sera conduit par les services de police et l’Office des Étrangers, portera sur la lutte contre les phénomènes criminels et l’illégalité dans et autour de la gare. Le deuxième axe visera le phénomène de sans-abrisme, les problèmes de dépendances, de toxicomanie et de propreté dans le quartier de la gare. Les services de la Région, les communes concernées et les services fédéraux de santé et d’immigration collaboreront pour ce volet, appuyé par le commissariat national aux drogues. Enfin, le troisième axe prévoit des travaux d’adaptation de l’infrastructure qui devront avoir un “impact significatif sur l’amélioration de la sécurité autour du bâtiment de la gare”, selon le communiqué.
“Le centre de crise jouera le rôle de coordinateur, sans se substituer aux services et autorités compétents. La mission est limitée dans le temps et sera transférée à la Région de Bruxelles-Capitale une fois que le plan d’habitabilité et de sécurité aura été élaboré”, poursuit le communiqué.
Une autre structure de coordination devrait voir le jour dans un deuxième temps, avec Sophie Lavaux, directrice générale de l’agence Safe.Brussels, à sa tête. Mais la forme précise de cette structure n’était, en début de semaine, pas encore très claire. À noter qu’il avait été décidé il y a quelques mois de nommer un coordinateur pour le quartier de la gare du Nord, en proie à des problématiques similaires, mais le poste n’est toujours pas pourvu.
Le chef de corps de la zone de police Bruxelles Midi est disposé à prendre en charge la coordination des lieux au niveau local à condition que 150 policiers soient envoyés et qu’un commissariat soit réinstallé dans la gare, comme ce fut le cas il y a des années. Voilà ce que nous voulons et ce que nous demandons.
Une sortie qui a surpris
La présentation de ce plan par voie de communiqué a surpris plusieurs des acteurs impliqués. Pour le bourgmestre de Saint-Gilles, Jean Spinette (PS), cette sortie du fédéral ne répond pas véritablement aux demandes du terrain.
“Que ce soit le bourgmestre d’Anderlecht, celui de Bruxelles, moi à Saint-Gilles ou le ministre-président à la Région, nous nous attaquons déjà aux multiples problèmes qui touchent le quartier de la gare du Midi depuis de nombreuses années, rappelle le socialiste. La proposition qui est faite ici, c’est d’envoyer un coordinateur pour dire ce que nous, communes et Région, devrions faire. Ce n’est pas nécessaire, nous agissons déjà sur la base de nos prérogatives. Ce que nous voulons, c’est que le fédéral intervienne dans ses compétences. La Justice, l’Intérieur, les chemins de fer, Fedasil… Sauf à considérer que ces matières ont été régionalisées, c’est le fédéral qui doit intervenir”, clame le bourgmestre.
Un commissariat dans la gare et 150 policiers en renfort
Selon Jean Spinette, il est fondamental de reconnaître à la gare du Midi un statut particulier et lui octroyer les moyens budgétaires et humains nécessaires à son bon fonctionnement tant sur les aspects sécuritaires que sanitaires. Et de prendre comme exemple le cas de l’aéroport national de Bruxelles, basé à Zaventem, mais sous la houlette des autorités fédérales.
“Brussels Airport est l’une des portes d’entrée en Belgique, c’est aussi le cas de la gare du Midi. À l’aéroport, ce ne sont pas des policiers de Zaventem qui y sont mobilisés, mais la police fédérale. Pourquoi ne pas faire pareil à la gare du Midi ?”, interroge le bourgmestre.
Et de conclure : “Dans les colonnes de La Libre, en avril, Jürgen de Landsheer, le chef de corps de la zone de police Bruxelles Midi, évoquait déjà les pistes concrètes que nous pouvons mettre en place pour apporter de réelles solutions. Le chef de corps est disposé à prendre en charge la coordination des lieux au niveau local à condition que150 policiers soient envoyés et qu’un commissariat soit réinstallé dans la gare, comme ce fut le cas il y a des années. Voilà ce que nous voulons et ce que nous demandons. Si le fédéral doit intervenir avec un coordinateur, qu’on le fasse pour des actions supplémentaires à mener par le fédéral. Cette sortie du fédéral n’apporte pas grand-chose. C’est bien de la part de la ministre de nous faire une tape dans le dos, c’est mieux s’il y a des moyens qui vont avec.”