Fusillade à Anderlecht : “C’est évident que ça ne va pas en rester là, ce gars sera vengé, puis la vengeance provoquera d’autres tirs, d’autres morts”
Un homme de 31 ans a été tué par balles. Des faits liés aux milieux de la drogue. La police judiciaire fédérale enquête.
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- Publié le 14-09-2023 à 20h16
- Mis à jour le 14-09-2023 à 20h18
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Cela fait plus d’un an que la recrudescence des faits de violence dans le milieu des narcotrafiquants inquiète les autorités belges, singulièrement à Anvers. Mais Bruxelles est loin d’être épargnée par le phénomène, comme en témoigne ce nouvel épisode d’une violence inédite qui s’est produit ce 14 septembre.
Il était 1h10 lorsqu’un jeune homme de 31 ans qui circulait en voiture dans la rue Wayez, à Anderlecht, a été pris pour cible par quatre personnes qui se trouvaient dans un autre véhicule. Le quatuor a usé d’une arme de guerre, vraisemblablement une kalachnikov. La cible sera touchée, et pas légèrement : son corps est criblé de 17 balles, alors que 19 douilles seront retrouvées par les enquêteurs.
”Avisé des faits, le substitut du procureur du Roi a ordonné les premiers devoirs d’enquête, à savoir l’enquête caméra et l’intervention du laboratoire de la police judiciaire fédérale, a communiqué le parquet. Un juge d’instruction a été requis du chef d’assassinat et est descendu sur les lieux en présence du parquet, du médecin légiste et de l’expert balistique. L’enquête se poursuit afin d’identifier les auteurs des faits et dans l’intérêt de celle-ci, le parquet ne fera pas d’autres commentaires sur ce dossier.”
Une voiture incendiée a été retrouvée rue de la Semence, toujours à Anderlecht et, selon le parquet de Bruxelles, le véhicule serait bien lié à la fusillade. Le dossier est désormais entre les mains de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles.
Guerre de territoires
De sources sûres, La Libre apprend qu’au départ de cette fusillade, il y aurait une intimidation mal vécue, suivie d’une occupation de territoire davantage mal perçue. Les protagonistes seraient, d’une part, des individus liés au quartier Aumale (à Anderlecht) et, d’autre part, des personnes liées au quartier du Peterbos (également à Anderlecht).
Un risque d’escalade est-il à craindre ? “Oui, nous confie-t-on. C’est évident que ça ne va pas en rester là, ce gars sera vengé, puis la vengeance provoquera d’autres tirs, d’autres morts”.
Depuis quelques semaines, de nombreuses légendes urbaines évoquent l’implication d’individus venus de France dans les affaires de stupéfiants belges. “Ce n’est pas une légende. Il y a vraiment des mecs de Marseille chez nous, et ils sont sans doute impliqués dans cette histoire, déplorent des riverains bien informés. Mais ces gars ne s’en prendront pas à n’importe qui en rue, on n’en est pas là”.
Plus de 500 arrestations en trois mois
Le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS) et le chef de corps de la zone de police Bruxelles-Midi, Jurgen de Landsheer, refusent de confirmer ces informations. Les deux hommes ont par ailleurs convié la presse, jeudi après-midi, pour faire un point sur cette actualité, et, surtout, livrer quelques chiffres sur la “guerre contre la drogue” menée dans la zone.
Ainsi, depuis mi-juin de cette année, 455 actions policières spécifiquement dans les milieux de la drogue ont été menées dans la zone, donnant lieu à plus de 1000 arrestations, dont 551 arrestations judiciaires. Près de 117 000 euros et 175 kilos de stupéfiants ont été saisis. Des chiffres édifiants, puisqu’il s’agit de résultats d’actions policières menées lors des trois derniers mois.
”Oui, ce sont des chiffres importants, mais ils démontrent que nous n’avons pas abandonné la rue aux trafiquants, que la sécurité des citoyens est notre ultime priorité”, explique Jurgen de Landsheer. Il indique par ailleurs que de très nombreux tirs à l’arme de guerre ont été signalés ces derniers jours, probablement liés au trafic de stupéfiants. Le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps, ajoute : “Nos actions menées sur le terrain servent à faire en sorte que la situation ne s’aggrave pas, mais la lutte contre le crime organisé, c’est une compétence de la police judiciaire fédérale, dont on connaît l’état d’extrême pauvreté”. Fabrice Cumps insiste d’ailleurs pour que la PJF soit renforcée d’urgence. Et d’ajouter : “Bien sûr, nous ne sommes pas naïfs. On sait bien que quand on arrête les dealers sur le terrain, on ne touche pas les gros bonnets, autrement dit le crime organisé”.
Depuis le début de l’année, huit personnes sont mortes à Bruxelles – dont deux dans la zone de police Bruxelles-Midi – dans des règlements de compte liés aux stupéfiants.