Qui sont ces gangs marseillais de la drogue qui seraient présents en Belgique ?
Après la fusillade survenue à Anderlecht et dans laquelle un homme de 31 ans est mort, criblé de 17 balles, de nombreuses personnes ont évoqué des méthodes issues de narcotrafiquants venant du sud de la France.
- Publié le 16-09-2023 à 09h01
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Découpage de doigts, jets de grenade sur les façades, tirs à la kalachnikov à bout portant : les techniques ne manquent pas lorsqu’on veut régler ses comptes entre trafiquants de stupéfiants. Si la Belgique a longtemps pensé que ces faits de violence avaient lieu loin de notre territoire, ils ont tendance à se multiplier chez nous, notamment à Anvers, dont le port est la première porte d’entrée de la cocaïne en Europe.
D’autres grandes villes du pays ne sont pas en reste : Charleroi, Liège, mais aussi Bruxelles, comme le démontre la fusillade survenue ce 14 septembre à Anderlecht, où un homme de 31 ans a été ciblé par un tir de kalachnikov en pleine rue. La victime n’a eu aucune chance : elle a été criblée de 17 balles.
De telles exécutions sont rares en Belgique. Mais elles sont plus courantes en France, singulièrement à Marseille où, selon le parquet de Marseille, au moins 42 personnes sont mortes depuis le début de l’année, victimes directes ou collatérales de règlements de compte dans le milieu de la drogue.
Plusieurs sources affirment d’ailleurs que les violences à Bruxelles seraient en fait des méthodes importées par des figures venant directement de la cité phocéenne. Légende urbaine ou triste réalité ? Du côté des autorités belges, on refuse d’officiellement affirmer quoi que ce soit, précisant que la Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Bruxelles – seule à même d’investiguer lorsqu’il s’agit de crime organisé – est sur le coup.
En France, en tout cas, police et justice ont deux noms de gangs marseillais dans le collimateur : Yoda et DZ Mafia.
Jusqu’à 90 000 euros par jour
Le nom Yoda fait référence au célèbre personnage de Star Wars et dont un dessin orne un important point de deal à Marseille. Quant à l’appellation DZ Mafia, l’origine est multiple : les lettres “DZ” sont utilisées pour qualifier ce qui vient d’Algérie (qui se dit “Dzair” en arabe). DZ Mafia rappelle la Mocro Maffia, réseaux d’origine marocaine implantée surtout à Anvers et aux Pays-Bas.
Interrogées sur ces deux gangs marseillais dans la presse française, Dominique Laurens, procureure de la République de Marseille, et Frédérique Camilleri, préfète de la police des Bouches-du-Rhône, ont évoqué un “nouveau monde” où l’usage de la violence n’a plus de limite et conduit à de véritables “bains de sang”. Selon la magistrate et la policière, 80 % à 90 % des règlements de compte dans le milieu de la drogue à Marseille concerneraient des membres de ces deux organisations narco-criminelles.
Si les violences se sont récemment intensifiées, c’est parce que Yoda et DZ Mafia qui se partageaient les territoires sont, depuis quelques mois, en lutte pour s’approprier des zones de vente situées dans le nord de la ville et proches des autoroutes. Et pour cause : il s’agit des zones les plus rentables de Marseille qui peuvent rapporter, selon la police marseillaise, entre 30 000 et 90 000 euros par jour et par point de vente.
D’après les investigations menées par les autorités françaises, il existe près de 127 points de vente à Marseille. Pour veiller sur leurs territoires, les organisations criminelles enrôlent des jeunes guetteurs (surnommés des “chouffe”, qui signifie en arabe “regarde”) et dont la mission principale est de signaler la présence de curieux, de rivaux ou de policiers.
Huit morts depuis début 2023 à Bruxelles
Que la présence de gangs de Marseille à Bruxelles soit avérée ou pas, les méthodes criminelles de nos voisins existent bel et bien en Belgique où il est aussi et surtout question de la Mocro Maffia gravitant autour du port d’Anvers. Les réseaux albanais et bulgares sont aussi actifs et dans le viseur des enquêteurs à Bruxelles.
Depuis le début de l’année, huit personnes sont mortes dans notre capitale dans des violences liées aux trafics de stupéfiants. La PJF de Bruxelles a déjà identifié cinq dossiers d’enlèvement entre bandes rivales, soit autant que pour toute l’année 2022.
”On fait face à des enlèvements, des séquestrations, des tortures, des tirs à l’arme de guerre, des jets de grenades, des attaques au cocktail Molotov et des homicides, expliquait d’ailleurs Eric Jacobs, le patron de la PJF de Bruxelles dans les colonnes du Soir. À Anvers, il y a de la violence, mais il n’y a pas beaucoup de morts. Ici, il y a des meurtres.”