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André Antoine s'oppose au péage à Bruxelles: "Un racket qui pourrait coûter 2.500 euros par an aux navetteurs"

Le député wallon André Antoine (CDH) craint ce qu’il appelle un "racket" du gouvernement bruxellois.

©dr

À Bruxelles, le gouvernement régional dirigé par Rudi Vervoort (PS) a, dans ses cartons, un projet de péage pour permettre l’accès à la capitale. Une expérience pilote pourrait d’ailleurs être menée dès l’année 2021. Pour le député wallon et ancien ministre André Antoine (CDH) ce projet est un véritable problème. "Le gouvernement bruxellois a commandé une étude pour identifier les impacts d’une telle mesure. Et ce que l’on constate, c’est que ce péage pourrait coûter plus de 2 500 euros par an à un navetteur. Cela ne va pas, tant qu’il n’existe pas d’alternatives crédibles et suffisantes à la voiture pour se rendre à Bruxelles", explique le député, qui n’hésite pas à qualifier de "racket" la mesure des autorités bruxelloises.

Le bureau d’études Stratec sollicité par l’exécutif bruxellois a livré quelques chiffres. "Dans l’hypothèse d’un contrôle fort - 246 postes fixes, 20 postes amovibles, 18 véhicules de contrôle - et d’un tarif à 3 euros entre 6 h et 10 h, la recette annuelle est estimée à 323,7 millions d’euros par an. Dans la même configuration, mais avec un tarif à 12 euros, la recette estimée atteindrait 1,12 milliard d’euros.’’, explique l’élu CDH, qui se base sur l’étude de Stratec.

En vieux briscard de la politique belge, André Antoine conteste encore ce projet parce que, selon lui, les Wallons qui se rendent à Bruxelles paieront deux fois. Pourquoi ? "Parce que Bruxelles a déjà reçu deux compensations financières pour régler ce problème de navetteurs. La première, c’était la création de Beliris (NdlR, née d’un accord de coopération entre Bruxelles et le fédéral pour faire rayonner la capitale). La seconde, c’est un montant de 40 millions répartis entre les Régions wallonne et flamande, selon une décision prise dans le cadre de la sixième réforme de l’État", explique encore notre interlocuteur. Pour lui, "Bruxelles est en train de devenir un îlot qui se fout des Wallons et des Flamands. Je précise quand même que les travailleurs wallons et flamands qui viennent travailler à Bruxelles font aussi vivre le commerce bruxellois".

"Henry est coincé"

Afin de forcer le gouvernement wallon à bouger sur ce dossier, André Antoine vient de déposer une proposition de résolution enjoignant à l’exécutif Di Rupo de s’opposer à cette mesure tant que "des infrastructures crédibles, comme les infrastructures RER, ne seront pas mises en place". André Antoine dépose ce texte parce que le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Écolo), qu’il a questionné sur ce sujet, ne lui a pas donné satisfaction. "Il est Écolo, et ce projet est celui d’une ministre Groen (NdlR, Elke Van den Brande). Il est coincé et ne veut pas aller contre une politique menée par son camp."

Au Parlement bruxellois, le MR, dans l’opposition, s’oppose fortement, aux côtés du CDH, à ce projet. Le hic, c’est que les libéraux sont, par contre, dans la majorité côté wallon. Dans le camp bleu, au sud du pays, le dossier embarrasse.

Pour André Antoine, si le gouvernement bruxellois s’entête dans cette idée, il y a un risque de voir de nombreuses entreprises déménager en Brabant flamand et en Brabant wallon.